70 Voyage - décembre 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 30 décembre 2010

Envol


Remise du compteur à zéro programmée pour les jours qui viennent en espérant revenir dans un mois tout neufs, reposés, pleins d'élan pour les nouveaux projets et l'année qui va commencer. Trois ans sans vraies vacances, c'est beaucoup trop long ! Nous laissons derrière nous l'hiver, notre panthère des neiges et les amis qui gardent la maison. Ne pas me connecter à Internet pendant un mois va me faire le plus grand bien. La perfusion est trop contraignante. La cuisine, style la noix de coco et basilic, pourvoira très bien à mon alimentation. C'est la troisième fois seulement en cinq ans que je fais une pause du blog, mais au retour je ne compte pas continuer 7 jours sur 7. Je reprendrai le 31 janvier en sautant les week-ends qui montrent une légère baisse d'audience, me permettant ainsi de souffler un peu. J'ai pensé un moment tout arrêter, car publier chaque jour un nouveau billet m'empêche forcément de faire autre chose. Je n'écris, par exemple, plus de paroles de chanson qui prennent plus d'une journée. J'espérais avoir rédigé les sept derniers chapitres de ma fiction, mais la numérisation des archives du site drame.org m'a accaparé tout décembre.
Au retour je jouerai le 12 février au Triton, Les Lilas, avec le violoncelliste Vincent Segal. Est également programmée une séance de studio avec la chanteuse Birgitte Lyregaard et le polyinstrumentiste Sacha Gattino. De son côté, Françoise pourra enfin boucler le DVD de son film Thème Je. Le reste est ouvert, mais dans quelques heures je commencerai à faire le vide dans ma boîte crânienne. Nous nous envolons donc ce matin pour Bangkok et continuerons demain vers Kho Phayam où nous resterons une semaine avant de filer au Cambodge. Rien n'est organisé. Nous partons à l'aventure.
Nous vous souhaitons une meilleure année en espérant qu'elle vous apporte de bonnes nouvelles. Cela ne se fera pas non plus tout seul. Toutes les énergies vont être nécessaires si nous voulons améliorer les choses et transformer le monde selon nos espérances... À bientôt !

Merci à Aldo Sperber (trois sites 1 2 3) pour la superbe série de photographies réalisées juste avant notre départ.

samedi 18 décembre 2010

Paris-Lille-Paris sous la neige


J'ai laissé un message à Françoise à La Ciotat pour la rassurer que je suis bien rentré. Nous sommes partis chercher nos 100 lapins à Lille où ils viennent de se produire deux semaines à EuraTechnologies. À l'aller le ciel est bleu, nous filons comme des météores, des draps propres bordent notre route, les terrils impriment leur image en négatif. Au retour nous nous retrouvons dans une poisseuse tempête de neige. Soudain on n'y voit plus à dix mètres. Comme mes yeux sont collés au pare-brise pour distinguer ce qui reste des traces de pneus de la voiture qui est passée avant nous je tends l'appareil à Antoine. Il n'y a plus personne sur la voie de gauche. Il suffit de rouler en cinquième sans freiner ni tourner les roues et de se laisser glisser jusqu'à Paris.
La plupart des automobilistes perdent leurs moyens face à des conditions climatiques inhabituelles. Ça patine au lieu de démarrer en seconde. Ça prend des risques inconsidérés en faisant du pare-choc contre pare-choc, encordés pour ne pas céder au vertige. Les impulsifs déboîtent sans prévenir. Lorsque je conduis je ne fais confiance à personne, particulièrement aux poids lourds qui abusent souvent de leur masse, exténués par les cadences infernales qu'ils subissent.
Les informations autoroutières prennent la main sur le lecteur CD, mais n'évoquent que des accidents en Normandie. Tant qu'il faisait beau, Steve Reich accompagnait le mouvement, mais quand le blanc obscurcit le ciel je préfère Natacha Atlas pour réchauffer le paysage. Les champs ressemblent à des lacs gelés. Mounqaliba, son dernier album a beau être "in a state of reversal" (en état de renversement ?) il ressemble trop à n'importe quelle station de radio maghrébine. Quitte à voyager vers l'Afrique du Nord, j'aurais préféré Le triomphe de l'amour d'Areski Belkacem, l'ombre lumineuse de Brigitte Fontaine, son tuteur comme on dit d'une fleur. Arrivés à la maison j'ai posé sur la platine son rayon de miel doré pour faire fondre le verglas autour de la maison...

jeudi 9 décembre 2010

Changement de programme


Les images nourriront nos rêves, mais le son étouffé de la ville est hélas impossible à rendre. Mat en deux coups. Aldo voulait mettre en scène une photo de Françoise et moi sous la neige devant le trompe-l'œil, mais les arbres ont plié sous le poids et caché la fresque. Échec. Scotch s'est décidé à sortir après avoir évalué le parcours le moins humide pour finir sous la table du jardin transformé en tonnelle. Retour vite fait au bercail devant la cheminée. Rock.
Je me suis éreinté à pelleter et balayer le trottoir pour éviter les vols planés, surtout le bateau pavé devant le garage qui est en pente douce. Les arbres ont construit un couloir sur la rue. Les rares passants n'en croient pas leurs yeux. On se calfeutre en attendant le prochain spectacle, quand les bambous relèveront la tête.


Il y a onze ans je me suis décidé à quitter Paris intra muros pour des raisons d'espace, d'insonorisation et parce que regarder pousser les plantes était devenu vital. J'y suis allé à reculons, mais je ne regrette pas mon choix, d'autant que la capitale s'est toujours agrandie en phagocytant systématiquement sa couronne. Et chaque fois que je descends vers Paris depuis la colline des Lilas je partage l'émerveillement des touristes. Surtout si je traverse un pont à pied... À la maison les jours de climats extrêmes sont les plus envoûtants. Qu'il vente ou qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il grêle, qu'on y bronze ou qu'on s'y casse le dos, le petit jardin donne aux éléments une vraie consistance qui disparaît aussitôt que l'on pénètre dans la ville chauffée par ses machines...
Ce matin, j'apprends que mon océan de glace a débordé sur les côtés. Une copine a mis 5h30 pour rentrer hier soir d'Argenteuil. Je reviens d'aider son compagnon à garer sa voiture près du trottoir, après pelletage. La boulangère a vendu des kilos de croissants à toutes celles et ceux qui sont restés dormir au bureau. J'ai secoué les arbres pour qu'ils redressent la tête et hop, rebalayage. Pour la journée, changement de programme, "on ne part plus" (Louis Jouvet à Arletty dans Hôtel du Nord)...
Raymonde. Quoi ?
Edmond. Tiens, voilà les billets...Tu iras te faire rembourser, on ne part plus.