Comment et pourquoi écrire sur Angkor lorqu'il existe tant de guides et d'ouvrages spécialisés pour vanter la magie de ses 287 temples ? Je n'imaginais pas le site si étendu et la variété des édifices dégage un tel émerveillement.


En trois jours nous avons accumulé le petit et le grand circuit, plus quelques excursions plus éloignées de Siem Raep, soit à peu près tous les temples les plus recommandés, du majestueux Angkor Wat dont le nombre des visiteurs est à la mesure de son gigantisme au Ta Prohm envahi par les racines des fromagers en passant par les tours aux quatre visages du Bayon, les fresques ciselées du Banteay Srei (là où le jeune pilleur Malraux se fit prendre la main dans le sac) et le Beng Mealea laissé en l'état où il fut découvert.


Passé les trois lieux les plus courus nous découvrons chaque temple dans le calme et la sérénité de la végétation environnante, parfois envahissante.


Lors de nos visites nous sommes plus sensibles à la géographie qu'à l'histoire. Je ne suis pas si touché par le style alambiqué de l'art khmer que je trouve un peu chichiteux, trop chargé, anticipant les vêtements asiatiques avec nœuds-nœuds, volants, dentelles qui surchargent inutilement. Les étoffes sont belles, mais les coupes abominables. Comme j'apprécie mieux la modernité de l'art roman aux pompes du gothique flamboyant ! Les fresques d'Angkor n'ont pas la puissance et la folie de l'Inde qui les ont alimentées, mais l'ambiance des sites est fantastique.


Pour 15$ la journée (le Riel n'est utilisé que pour la petite monnaie, le dollar s'est imposé avec les contingents de l'ONU après la période des Khmers Rouges où l'argent avait été aboli), un tuk-tuk nous emmène et nous attend à chaque station. Sur le chemin tandis qu'il s'approvisionne en essence je photographie une station-service !


À l'arrivée à l'aéroport le chauffeur du taxi se propose de nous conduire les trois jours suivants, mais il nous fera faux bond le matin du second bien que nous n'ayons pas encore payé sa journée effectuée. Un autre chauffeur de tuk-tuk qui baragouine quelques mots de français offre évidemment de prendre le relais. Deux jours plus tard le premier réussit à nous retrouver, mais il ne viendra pas non plus au rendez-vous où nous devions lui régler sa journée...


Au Cambodge il est crucial d'identifier le sourire commercial du sourire désintéressé ; le pôle touristique d'Angkor fausse la donne et bat les cartes de la logique. La générosité sur certains points est contrariée sur d'autres, et ce de manière pour nous absurde et inexplicable. Nous apprendrons plus tard les ressorts de la psychologie khmère.