Façon de parler, parce que les vaches ont déserté les estives du versant sud pour rejoindre le flanc nord de la montagne et parce que nous en redescendons pour rejoindre la civilisation !
Je suis un animal social. J’ai beau avoir emporté de quoi lire, écrire, composer, écouter, regarder, manger et boire, il me manque quantité d’outils et d’ingrédients pour développer et mettre en forme les idées que j’ai élaborées pendant un mois loin d’Internet et du téléphone. Au bout d’un moment je commence à tourner en rond, reproduisant les mêmes gestes, les mêmes recettes d’une semaine sur l’autre. J’ai tout ce qu’il me faut, mais version de campagne. L’impression inconfortable de faire du camping. Mes amis me manquent aussi. J’ai besoin de confronter mes divagations aux leurs. De construire ensemble, même si la compagnie de Françoise est idyllique.
En rentrant à Paris je perds néanmoins la vue. Le panorama sur les cimes, et, plus que tout, les étoiles. Nous nous allongeons la nuit sur des chaises longues pour admirer le ciel, attendant qu’une filante vienne lacérer le drap noir en se faufilant parmi les milliards d’astres flambant vieilles. Si les montagnes me renvoient parfois des millénaires en arrière, le cosmos m’entraîne tellement plus loin, dans des abîmes de réflexions métaphysiques.
Par contre je retrouve l’odorat. Je m’étais habitué au parfum des fleurs et des herbes, je redécouvre la pollution asphyxiante de la capitale.
Nous avons ainsi choisi de partir juste avant que la brume vienne recouvrir la vallée. J’étouffe au milieu du coton opaque du nuage, préférant les ciels bleus immaculés lorsque le soleil tape si fort que je dois me réfugier à l’intérieur ! Cette année, les jours gris ont été rares, mais la bruine ou la pluie m’empêcheraient de descendre la voiture jusqu’à la grange pour charger notre barda. Nous voilà donc revenus, après un petit saut en Espagne, histoire de faire des provisions de bouche, puisque nous rapportons quelques souvenirs gourmands…