J'ignorais le vertige
Lorsqu'arriva l'enfant.
La terreur me fige...
Un jeune adolescent
Me rendra le courage
De rentrer à la nage
Pour jouer sur tous les temps
Comme si j'avais dix ans.

Mesures.
Lake Powell, an 2000. Le saut fait dix mètres. Si j'avais eu 15 ans, j'aurais plongé sans trop hésiter. Une fille de cet âge-là saute dans le vide. Un gamin de 11 ans, ni une ni deux, hop là ! Je me renseigne. On me répond qu'il faut surtout garder les bras bien serrés le long du corps. J'attends 20 minutes. Les mômes passent et repassent. Elsa commence à avoir faim. J'ai peur. Ce n'est que de l'appréhension. Je me jette à l'eau, ramassant mes bras avant de toucher la surface. 300 mètres de profondeur. Aucun risque. Je me détends lorsque mes pieds s'enfoncent. Les abysses me rassurent. Je veux recommencer pour être certain de n'avoir pas rêvé. Avec le temps, on ne sait plus ce que l'on sait encore faire. Le savoir s'accumule en désordre. Je sauterai une 3ème fois pour ouvrir les yeux que j'ai gardés fermés. Mais rien n'y fait. La peur me renvoie à ma nuit intérieure, aux rêves de saut, lorsque je croyais savoir voler.

Article du 17 juillet 2008