lundi 21 avril 2025
Nous ne sommes que des marionnettes
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 21 avril 2025 à 07:36 :: Perso

Version initiale sérieuse tout de noir vêtu ou fleurie après rectifications, il n'empêche qu'on fait mumuse avec les Starter Packs en faisant chauffer les centraux qui polluent toujours un peu plus la planète. Dans un premier temps j'ai souri aux choix du robot qui est allé glaner sur le Net la Série limitée "Pluriartiste polymorphe" incluant dans la boîte :
🎧 Casque audio vintage AKG pour écouter des sons impossibles à classer entre jazz, électro, théâtre radiophonique et bruitages absurdes
🎹 Synthétiseur comme l’un des premiers que j'ai utilisés, permettant de créer des sons électroniques analogiques avec un soupçon de chaos
📚 Micro-livre "Somnambules", œuvre onirique à lire en écoutant la bande-son intégrée (bouton audio au dos du livre)
🎙️ Mini-micro Radio France parce qu’on ne compterait plus mes créations radiophoniques et documentaires sonores pour France Culture et consorts (!)
🎭 Marionnette de théâtre en référence à mes collaborations avec des metteurs en scène, compagnies de théâtre et performances immersives
🖥️ Tablette avec appli de réalité augmentée pour explorer mes œuvres interactives en AR (comme "Alphabet", "USA 1968", etc.)
🐠 Petit poisson rouge "Zorn le Silencieux", clin d’œil à mon univers absurde, poétique et souvent un brin surréaliste
👕 T-shirt noir avec logo GRRR, le label mythique que j'ai fondé, signe de ralliement des amateurs de créations hors format.
Ce sont les termes employés par ChatGPT. Pour parfaire l'ego-trip, j'ai corrigé ici les approximations du texte fourni par le logiciel d'intelligence artificielle et lui ai demandé plus de couleurs (orange et bleu), une chemise à fleurs, de supprimer la montre au poignet et d'ajouter une référence cinématographique, ce dont il s'est acquitté de bonne grâce. Alors évidemment je me suis trouvé plus vieux que je ne m'imaginais. Trop de barbe me fait ressembler à Sigmund Freud. Cela ne me déplaît pas vraiment. Je me suis souvenu que j'avais commencé à faire de la musique dans ma chambre d'adolescent avec un casque sur les oreilles pour ne pas embêter mes parents et parce que je n'avais pas de meilleur système d'écoute ; j'ai continué ainsi à m'isoler du monde en en créant un qui me convenait mieux, un monde de rêve où régnait l'amour et la paix, et je trouve toujours qu'il est confortable de n'entendre rien d'autre que ce qui est dans ma tête, j'enregistre donc souvent en partageant les sons de l'orchestre au travers de cet écheveau de câbles. La référence à l'œuvre Somnambules, créée avec Nicolas Clauss et disparue du Net, m'a rappelé qu'enfant j'étais somnambule et qu'il m'arrivait de courir la nuit autour de la table de la salle à manger les yeux fermés sans me cogner, et puis là aussi j'ai continué à vivre en somnambule mes activités artistiques qui m'échappent totalement dans le feu de l'action, même si elles ont été soigneusement préparées et que je m'y retrouve lorsqu'elles sont terminées. J'ignore comment le poisson rouge est sorti de l'eau ; une carpe c'est muet en effet, et je suis un terrible bavard (sic mes articles quotidiens !) ; est-ce plutôt le cousinage avec le compositeur américain dont je me suis senti proche à ses débuts, mais avec qui je suis brouillé depuis que je lui ai confié que j'étais anti-sioniste ? Ou bien est-ce à cause du nouveau décor de la cave après l'inondation de cet automne ? En tout cas, nous sommes bien devenus des marionnettes entre les mains du réseau, déshumanisés, formatés, standardisés, américanisés, et les particularités dont nous sommes affublés ne sont que poudre aux yeux. Alors pourquoi m'y plie-je ? Parce que je suis toujours le gamin somnambule qui adore s'amuser, un casque sur les oreilles, des jouets tout autour de lui dont naissent des objets inattendus.