70 Musique - avril 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 29 avril 2009

La une de la revue Impro Jazz


Le numéro 155 d'Impro Jazz vient de sortir avec 8 pages d'un long entretien avec le journaliste Gary May en février 2009. La revue offre également des rencontres avec le contrebassiste anglais Barry Guy, le trio Peeping Tom composé de Pierre-Antoine Badaroux, Joel Grip ("Heido Joel !") et Antoine Gerbal, l'écrivain amateur de jazz Sébastien Ortiz, des chroniques de disques rédigées par des musiciens comme Claude Parle ou Marc Sarrazy, des annonces de concerts, etc.
Je me rends compte que je ne parle pas toujours de la même manière selon mes interlocuteurs et les magazines dans lesquelles ils écrivent. Cette fois je suis surpris par mon langage fleuri ! Le style décontracté de l'entretien à bâtons rompus me laisse jouer à saute-mouton avec les nuages. Les photos sont sympas, du trio du Drame au Jardin du Luxembourg lorsque je portais barbe pointue et cheveux longs à celui formé avec les filles de Donkey Monkey, des images où je joue avec le film muet L'argent à celle des lapins. Sur l'une d'elles je dirige derrière un pupitre avec exactement les mêmes gestes que sur la une où je joue du Theremin sur la scène du Festival d'Assier. Après Sextant c'est seulement la seconde fois que je suis en couverture d'un magazine. Comme cela me fait très plaisir, je les laisse négligemment traîner tous les deux sur la table du salon !

lundi 27 avril 2009

Tchagadada Tchakadadidadikounda


Bravo à Mika, Blaise, Martine et Sonia ! Le danseur interactif est en ligne sur le site des Ptits Repères. Entrez, sélectionnez "Les glucides", encore une fois, choisissez quelques aliments, appuyez sur le bouton jaune au dessus du mixeur, vous voilà face à face avec un danseur fou. À vous de jouer ! J'ai déjà tout expliqué ici ! Vous n'avez plus qu'à suivre le professeur de danse pour apprendre les pas...


Lorsque j'étais adolescent, le samedi soir dans les surprises-parties, j'étais trop timide pour inviter les filles à danser. Je crois être devenu musicien pour les faire danser sans avoir à les inviter...

dimanche 12 avril 2009

Le petit chaperon rouge renaît de ses flammes


Après le terrible incendie qui avait ravagé leur stock, les archives et les machines, Æncrages & Co réédite l'Anthologie du projet MW, soit cinq volumes, fruits d'une collaboration de plus de dix ans entre Robert Wyatt, sa compagne Alfreda Benge et le peintre Jean-Michel Marchetti. Les 240 pages sont accompagnées d'un CD original 8 titres composé de six reprises par Pascal Comelade dont une avec Wyatt, de Heaps of Sleep par Ryk Van Den Bosch & Co auquel participe la famille Marchetti et d'un entretien en français avec Wyatt. Contrairement aux ouvrages originaux, seule la couverture est ici imprimée en typographie, mais le prix du livre (21,90€ avec le port) n'est pas non plus le même, d'autant que l'incendie les a rendus introuvables.
La traduction française des 80 chansons par Marchetti qui a réalisé toutes les illustrations excepté trois autoportraits de chacun des trois protagonistes permet de pénétrer dans le monde verbal du musicien anglais dès lors que l'on ne maîtrise pas parfaitement la langue de Shakespeare et ses déclinaisons pataphysicennes. Les images troubles et griffonnées du peintre réfléchissent les textes ivres d'un auteur fragile, écorché vif. Les mots se cognent les uns contre les autres. On ne s'attend pas à tant de chaos sur les mélodies angéliques qui planent comme des évidences. Je regrette parfois que la traduction n'adopte pas la scansion initiale pour que je puisse chanter en karaoké simili peub. Histoire que paroles et musique fassent la paix et révèlent leur secret accord. Mais l'énigme reste entière. Comme une étoile mystérieuse.

jeudi 9 avril 2009

Expériences sonores de l'avant-garde russe (1908-1942)


En 1922, Arseny Avraamov compose et dirige une symphonie extraordinaire : autour du port de Baku, il rassemble les sirènes des usines et des navires de la mer caspienne, deux batteries d'artillerie, sept régiments d'infanterie, des camions, des hydravions, vingt-cinq locomotives à vapeur, des sifflets et des chœurs. Quatre-vingt ans plus tard, Leopoldo Amigo et Miguel Molina Alarcón, directeur artistique de ce double CD, recréent artificiellement l'événement comme ils font renaître maintes créations sonores époustouflantes de l'avant-garde russe des années 20, orchestre de bruiteurs de Nikolai Foregger, opéra cubo-futuriste de Mikhail Matiushin, Alexei Kruchenykh et Kasimir Malevitch, laboratoire de l'ouïe de Dziga Vertov, projet radiophonique de Velimir Khlebnikov, extraits de ballet de Sergei Prokofiev et Georgi Yakoulov, Cercle futuriste de Vladimir Kasyanov, manifeste nihiliste, sound painting de Varvara Stepanova, poèmes sonores de Vasily Kandinsky, Igor Severyanin, Vasilisk Gnedov, David Burliuk, Elena Guro, El Lissitzky, Olga Rozanova, du groupe H2SO4, de Simon Chikovani, Daniil Harms, Igor Terent'ev, Mikhail Larionov, Roman Jakobson "Aliagrov"...
Si le premier CD donne le tournis avec ces évocations renversantes d'une époque révolutionnaire pour les arts soviétiques, le second réunit des archives encore plus troublantes à commencer par la Symphonie du Dombass de Vertov extraite d'Enthousiasme. Suivent Zavod, symphonie des machines, fonderie d'Alexander Mossolov, Dnieprostroi, la station hydro-électrique de Julius Meytuss par l'Orchestre de Paris en 1931, mais aussi les voix de Lénine, Trotski (en anglais !), Vladimir Maïakovsky, Boris Pasternak, Malevitch (en anglais), Dmitri Chostakovitch, Lili Brik, Sergei Esenin, Vasily Kamensky, Anatoli Lunacharsky, Alexandra Kollontay, Anna Akhmatova, Osip Mandelshtam, Naum Gabo & Noton Pevsner...
Voix ou bruits, ici tout est musique. La fascination pour les machines qui ne libèreront pourtant jamais les hommes de leurs chaînes est une promesse pour le futur. Les formes explosent dans une géométrie impossible. Beaucoup de ces artistes sont des peintres. Les poèmes sonores sont autant de chants de résistance, aux conventions mesquines de l'ancien régime, hymnes à une révolution rêvée qui n'existe véritablement que dans le cœur et la tête de ces artistes provocateurs. La déconstruction du langage renvoie au discours des hommes politiques. On croit comprendre la langue russe dans la symphonie des machines et les syllabes des poèmes sonores. Où l'on entend la révolution en marche, quand les artistes s'en emparent !
Ces soixante-douze œuvres publiées par ReR sont accompagnées d'un épais livret illustré de 72 pages bourrées d'informations.