70 Musique - novembre 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 30 novembre 2012

Crowdfunding pour le 1er disque d'Odeia


"Papa, tes copains, ils assurent !" m'annonce fièrement Elsa, touchée par la participation financière de mes potes à l'enregistrement du premier album d'ODEIA. Si je lui donne de temps en temps un coup de main, comme pour l'enregistrement en studio de leur single auto-produit, je ne suis pas le quatuor en groupie béat ni ne rebats les oreilles à mes proches des prouesses de ma fille et de ses camarades de jeu. Je suis heureux qu'Elsa s'épanouisse dans son art, la chanson maintenant, après la contorsion sur trapèze. A priori c'est moins risqué. Les trois archetiers sont aussi épatants aux violon, violoncelle et contrebasse. Ce n'est pourtant pas le genre de musique que j'écoute habituellement et Elsa a souvent eu du mal avec mes élucubrations musicales. Il n'existe aucun style que je boycotte et les émotions que produit le groupe ODEIA me font chavirer comme tous ceux et toutes celles qui les ont entendus sur scène, du moins grand nombre d'entre eux. J'avais mis en ligne Gorizia, La belle est au jardin d'amour et Levatillu stu cappeddu filmés en appartement. Voici Thalassaki mou lors de leur passage au Triton le 11 mai dernier lors du festival Unis-sons 93...


ODEIA s'est donc lancé dans le crowdfunding sur KissKissBankBank pour financer leur premier album. Il s'agit d'un appel à participation pour laquelle les comptes des donateurs ne seront débités que si le projet atteint sa cible de 2500 euros. Ils s'en approchent et ont encore une quinzaine de jours pour l'atteindre, espérant même dépasser cette somme pour pouvoir enregistrer et produire ce disque. En fonction de la contribution de chacun/e, ils offrent leurs remerciements les plus sincères (5€), auxquels s'ajoutent le disque au format numérique (15€), le disque physique envoyé à domicile (20€), signé avec en plus un badge et une affiche (35€), plus une invitation au concert de sortie (50€), etc.


Elsa Birgé chante Liouba avec Lucien Alfonso au violon, Karsten Hochapfel à la guitare et Pierre-Yves Le Jeune à la contrebasse. Alors si vous voulez soutenir les jeunes musiciens d'ODEIA en vous faisant plaisir, n'hésitez pas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela les réjouira et leur donnera du baume au cœur !
N.B.: prochain live en appartement à Paris 11e, dimanche 9 décembre à 18h (réservation).

jeudi 22 novembre 2012

Beefheart en boucle à l'écran


J'étais parti acheter un cadeau pour l'anniversaire d'un ami au Souffle Continu, mon magasin de disques parisien préféré. Un groupe de rock jouait live dans la boutique saturée de spectateurs. Je me suis faufilé jusqu'à la caisse en ajoutant pour moi le DVD des Lost Broadcasts de Captain Beefheart and His Magic Band. Depuis quelques jours je le joue sur l'écran du salon que je n'allume presque jamais. Click Clack, Golden Birdies, Steal Softly Thru The Snow et surtout trois versions de I'm Gonna Booglerize You Baby, enregistrés le 12 avril 1972 par la télévision allemande qui n'en avait diffusé qu'un titre. Trois jours plus tard j'assistais médusé au concert du Bataclan, sans que soient révélés les noms réels des musiciens qui portent tous des pseudonymes.


Captain Beefheart (Don Van Vliet) chante, souffle dans l'harmonica et le soprano, Rockette Morton (Mark Boston) alterne guitare et basse, Zoot Horn Rollo (Bill Harkleroad) et Winged Eel Fingerling (Elliot Ingber) jouent de la guitare, Orejon (Roy Estrada) est à la basse et Ed Marimba (Art Tripp) à la batterie. Je connaissais pourtant bien les trois derniers pour avoir fait partie des Mothers of Invention de son vieil ami Frank Zappa. Lorsqu'il m'arrive d'arpenter le territoire du rock, c'est exactement l'ambiance dont je cherche à m'approcher, particulièrement la rythmique, sorte de contretemps bègue comme si on retenait les bras qui tiennent les baguettes. J'imite d'ailleurs Morton en grattant ma cythare inanga comme un malade, c'est la seule fois où j'ai vu un bassiste jouer ainsi, en méchants accords. Un peu court (moins d'une demi-heure), ce DVD est une perle rare car il existe peu de films avec Beefheart.

vendredi 16 novembre 2012

Birgé Hoang Segal dimanche sur un film de Jacques Perconte traité en temps réel


Dépaysages est le titre d'un spectacle qui sera joué pour la première fois dimanche 18 novembre 2012 à 17h au Théâtre Berthelot dans le cadre des Rencontres Inouïes de Montreuil, et ce sur entrée libre et gratuite avec réservation (resa.berthelot(at)montreuil.fr / 01 41 72 10 35).
En première partie, à 16h, Ravi Shardja jouera mandoline électrique, electronique, low tech, sanza et mixing table sur les images en direct de Philippe Cuxac.

Dépaysages
Jean-Jacques entendit Antonin psalmodier d'étranges incantations lorsqu'il était bébé. Vincent assista à un concert de Jean-Jacques avec Un Drame Musical Instantané lorsqu'il était adolescent. Le trio s'est rencontré l'an dernier pour composer la musique d'un documentaire et se produit sur scène depuis juste un mois.
Jean-Jacques, initiateur du retour au ciné-concert dès 1976 (26 muets au répertoire), préfère jouer aujourd'hui avec des films contemporains. Jacques réalise les siens en faisant exploser les couleurs. Les uns et les autres aiment tordre le réel et proposent au public de se faire son propre cinéma.
Jean-Jacques Birgé (Un d.m.i.), Vincent Segal (Bumcello), Antonin-Tri Hoang (ONJ) et Jacques Perconte (qui a réalisé la séquence onirique de Holy Motors de Leos Carax) lancent une invitation au voyage, de ceux qui forment la jeunesse. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

Jean-Jacques Birgé - clavier, instruments électroniques et acoustiques
Antonin-Tri Hoang - sax alto, clarinette basse
Vincent Segal - violoncelle
Jacques Perconte - film traité en temps réel



Le Théâtre Berthelot est pour moi une salle mythique. Il fut le cadre de la création du grand orchestre d'Un Drame Musical Instantané en 1981. Notre trio de chefs d'orchestre y présenta plusieurs ciné-concerts les années suivantes, et deux albums y furent enregistrés, À travail égal salaire égal et Les bons contes font les bons amis. Au début du XXe siècle, Georges Méliès y faisait déjà des projections publiques dans le préau.
L'évènement est à ne pas manquer, car nous jouons très rarement à Paris ou en région parisienne.

mardi 13 novembre 2012

Birgé-Hoang-Segal sur CitizenJazz



Sur CitizenJazz, en date d'hier, Matthieu Jouan relate le passage (Pommeraye) du trio Birgé-Hoang-Segal au Pannonica le mois dernier :

(...) Une semaine plus tard était présentée la création du trio constitué de Vincent Segal au violoncelle, d’Antonin-Tri Hoang au sax alto et clarinette basse et de l’instigateur du projet, Jean-Jacques Birgé, aux machines électroniques.
Totalement basée sur l’improvisation, la soirée est inattendue. La machinerie installée par Birgé est principalement constituée d’un ordinateur et d’un clavier, plus toutes sortes de petits appareils d’où sortent des sons improbables qui, parfois accompagnés de lumières, créent une palette très large : samples, bips, nappes, rythmes et percussions électroniques, flux de radio mixé et trituré en direct, bruits divers et autres surprises déroutantes. Tel un savant préoccupé derrière sa paillasse, Birgé se livre à des expériences face à ses deux complices qui, tout ouïe, se tiennent sur le qui-vive afin de réagir et interagir face à ses propositions. Segal, au violoncelle, passe habilement de l’archet au pizzicato et invente avec un plaisir non dissimulé des contrechants ou des mélodies qui collent aux schémas musicaux inventés. Hoang passe de la clarinette au saxophone, usant de stratagèmes pour varier les effets : slaps, harmoniques, chuintements, couinements, jeu sans anches ou sans bec... Parfois, les deux musiciens acoustiques se liguent, prennent le pouvoir et attirent la machinerie sur leur terrain ; la musique prend alors un tour plus mélodique et les interventions électroniques servent de ponctuations. Mais souvent ces dernières tissent une trame aux improvisations. Antonin-Tri est étonnant de maturité et de fantaisie à ce jeu, et démontre une fois de plus sa maîtrise totale de ses instruments et sa faculté d’en tirer de belles choses. Très belle découverte que cette expérience totale, tant par son aspect poétique et humoristique que par son étonnante instrumentation.

Cela tombe bien, nous jouons dimanche prochain 18 novembre à 17h au Théâtre Berthelot à Montreuil (métro Croix de Chavaux) lors des Rencontres Inouïes, mais cette fois augmenté du vidéaste Jacques Perconte qui traitera son film en temps réel (image ci-dessus) ! Cela s'appelle Dépaysages. C'est gratuit (sur réservation : resa.berthelot@montreuil.fr / 01 41 72 10 35). Antonin-Tri Hoang sera au sax alto et à la clarinette basse, Vincent Segal au violoncelle, je tiendrai mon nouveau clavier plus divers instruments acoustiques ou électroniques.
Juste avant à 16h, Ravi Shardja jouera mandoline électrique, électronique, low tech, sanza et mixing table sur les images en direct de Philippe Cuxac.
Évènement FaceBook ici !

mardi 6 novembre 2012

Les cloches d'Atlantis


Les cloches d'Atlantis, sous-titré Musique électroacoustique et cinéma et Archéologie et histoire d’un art sonore, fait partie de ces ouvrages rares et indispensables pour quiconque s'intéresse au son et plus encore à son rapport à l'image. Le livre de Philippe Langlois comble un vide que ceux de Michel Chion n'ont fait qu'effleurer d'une mainmise exagérée sur le sujet. L'écriture est claire, les exemples concrets, la quantité généreuse et les pistes multiples, même si j'ai noté ici et là quelques erreurs, approximations ou omissions malheureuses, mais quelle encyclopédie y échappe ? Ajoutez un site Internet avec plus d'une soixantaine d'extraits de films relatés dans ces 480 pages, quelques extraits sonores et vous pouvez compter sur cette somme comme sur Le traité des objets musicaux de Pierre Schaeffer, Acoustique et musique de Émile Leipp, Praxis du cinéma de Noël Burch, les écrits d'Edgard Varèse, Arnold Schönberg ou Jean Epstein, sans oublier le CD-Rom d'Olivier Koechlin sur La musique électroacoustique et quelques autres incontournables vers lesquels vous reviendrez tout au long de votre vie !
Un autre ouvrage reste néanmoins à écrire, car Philippe Langlois privilégie ici les faits plutôt que la recherche du sens, les réflexions théoriques se retrouvant atomisées au fil des pages. Les propriétés intrinsèques du son dans l'audiovisuel sont seulement esquissées dans le chapitre sur le cinéma d'auteur, en particulier avec les films de Tarkovski, Kobayashi ou Lynch, et dans son commentaire sur les travaux de Michel Fano sur la partition sonore. L'archéologie s'arrête où commence la pratique. Les cloches d'Atlantis sont une bonne base pour imaginer l'avenir en connaissance de cause, des fondations qu'il serait dommage de passer sous silence. Dans une première partie où il évoque d'abord longuement les futuristes italiens et russes l'auteur inventorie la nouvelle lutherie du XXe siècle quand déjà celle du nôtre la range au musée. La seconde s'intéresse aux dispositifs sonores au cinéma jusqu'en 1950 quand les suivantes abordent les musiques électroacoustiques au cinéma. Le court épilogue sur notre actualité ne peut que laisser sur sa fin, écrivez ce mot comme vous l'entendez, tant l'évolution des nouvelles technologies des vingt dernières années a bouleversé la pratique sans hélas faire progresser l'intelligence, à savoir l'utilisation du son dans sa complémentarité avec l'image, son pouvoir d'évocation et l'immense champ inexploré que sa syntaxe pourrait offrir aux amateurs de sens.