70 Musique - février 2011 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 13 février 2011

After


Merci à toutes celles et tous ceux qui sont venus nous écouter. Votre chaleur fut communicative. Jouer sans filet produit le lendemain un vertige confondant l'apesanteur et la chute en posant mille questions. Nous savons ce que nous avons commis, mais seuls les films tournés hier soir ou l'enregistrement réalisé par l'équipe du Triton pourront me permettre d'imaginer ce qui fut entendu. Vincent dit qu'il voulait être concentré comme si la musique était écrite. Il proposa une forme sonate (allegro, presto, adagio, finale) en demandant à ce que le public n'applaudisse pas entre les mouvements. Dégagés des contraintes de la composition dont l'instrumentation structurait l'heure exacte que nous avions pressentie, les rappels eurent la légèreté de la détente, le sourire nous dictant ces miniatures complices.
Jusque tard dans la nuit nombreux amis participèrent à un after d'une grande délicatesse où ma fille Elsa chanta en grec, en russe et en italien avec Vincent Segal au violoncelle, Lucien Alfonso au violon, Pascale Labbé à la guitare, Antonin-Tri Hoang au xaphoon, myself à la guimbarde. La soirée s'acheva librement dans un délire vocal de Pascale rejointe par mes facéties électroniques portables et les infatigables archetiers.
La maison résonne maintenant d'un silence que je ne peux apprécier qu'après avoir rangé mes instruments. Le concert ne se termine qu'avec cette remise à zéro quasi maniaque, me permettant de tourner la page en y apportant toujours un paquet de ratures, mise au poing musclée justifiant qu'on se frotte à l'avenir.
Mais déjà le passé nous rattrape. Peter Gabor, aussi rapide que l'éclair, met en ligne un montage d'extraits du concert sur Vimeo dans un beau noir et blanc qui colle bien avec la musique (enregistrement audio), plus une série de photographies où l'on retrouve son goût pour les fondus, le tout rassemblé sur son blog.

samedi 12 février 2011

Duo Birgé Segal au Triton ce soir à 21h


Cherchant un titre à notre duo, j'ai tout de suite pensé à Duchamp. Comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie semble avoir été créé pour nous. On reconnaîtra facilement l'analogie avec le violoncelle de Vincent Segal et mes détournements. Notre art serait-il une savante entreprise de déconstruction qui transite par des années d'analyse pour sauter directement au passage à l'acte ? Une histoire de fous, en somme.
Le programme détaille :
Si le violoncelliste Vincent Segal ne craint pas la pluie, le compositeur Jean-Jacques Birgé possède une collection d'aiguilles. Sur scène tout est possible. Sérieux comme des bouffons, ils nous convient à partager leur nouveau chant de Maldoror, parodiant tout ce qui tombe entre leurs mains sans renier leur amour pour les lieux communs, le romantisme et le naturalisme, l'improvisation et les musiques contemporaines quelle que soit leur époque. Les machines célibataires de Birgé se laissent séduire par le lyrisme et l'élégance du violoncelle de Segal pour construire ensemble la plus humaine des Ève futures. Les deux joyeux adulescents attaquent la musique à l'acide comme une paraphrase critique du monde où ils ont grandi et qui n'est plus qu'une caricature de lui-même. Leur distanciation crée le vertige en incarnant la victoire de l'imaginaire sur le réel.
avec
Vincent Segal - violoncelle, frein et arbalète
Jean-Jacques Birgé - MascaradeMachine, Tenori-on, trompette à anche, flûtes, etc.
L'arbalète, le frein, la trompette à anche et les flûtes ont été construits par Bernard Vitet dans les années 70. MascaradeMachine est un instrument virtuel conçu par Antoine Schmitt et J-J Birgé en 2010.
J'ai fourni une photo que Françoise avait faite l'an passé au moment de notre visite-concert de l'exposition Vinyl à la Maison Rouge. J'ai relu ce que nous avions imaginé pour cette rencontre rare.
Ce soir, samedi 12 février à 21h au Triton

, nous improviserons librement en nous laissant aller au plaisir de jouer ensemble et de partager ces instants avec le public. En relisant cette dernière phrase ou si j'écoute ce que nous avons déjà enregistré ensemble il me semble avoir bien changé depuis les spectacles d'Un Drame Musical Instantané...

mardi 8 février 2011

Un album en une journée, du rêve à la réalité


Mettre en ligne un album le jour même où il est imaginé et enregistré ! Une heure de musique inédite, en direct ou téléchargeable gratuitement sur le site drame.org. Le nouveau trio réunit la chanteuse danoise Birgitte Lyregaard, le polyinstrumentiste Sacha Gattino et moi-même.
Hier lundi nous avons donc composé, enregistré, produit et publié un album entier de notre nouveau trio.
Improvisateurs chevronnés, entendre des compositeurs ayant suffisamment travaillé dans le passé pour avoir rassemblé des caisses de biscuits et pouvoir les digérer le temps d'une session de trois heures, technophiles ayant suffisamment roulé leur bosse pour détenir leurs moyens de production et être capables de maîtriser ces nouveaux outils, zébulons assez fous pour mettre en ligne le soir le travail de la matinée, nous nous sommes bien trouvés tous les trois, d'autant que l'entente est parfaite, tant au niveau des humeurs que de la musique.
Alors que j'ai la chance inouïe de jouer au Triton (Les Lilas) samedi prochain avec le violoncelliste Vincent Segal, et nous nous entendons comme larrons en foire, une histoire de pur plaisir et de complicité absolue, je fais coup double en montant un trio avec Birgitte Lyregaard (qui vient de sortir un très bel album de jazz intitulé Blue Anemone avec le pianiste Alain Jean-Marie sur Challenge et qui a plus d'une corde à son arc vocal, sic) et Sacha Gattino (alter ego du nouveau siècle avec qui j'ai déjà enregistré, entre autres la musique du dernier film de Françoise Romand, Gais Gay Games). Avec Vincent comme avec mes deux nouveaux acolytes, l'ambiance est la même. Détente et concentration maximales. Les deux conjuguées nous laissent croire que tout est écrit alors que nous inventons à chaque pas sans ne rien savoir à l'avance de notre voyage. Ensuite, chaque auditeur/auditrice y trouvera ou non son bonheur, mais l'essentiel est que nous soyons aux anges, avec l'irrésistible désir de nous retrouver et de continuer.
Au delà de cette excitation de la découverte, le principe de cette journée productive pose de sacrées questions sur l'industrie du disque. Nous aurions probablement pu améliorer le montage en coupant quelques longueurs, enregistrer en multipistes pour parfaire le mixage, compresser l'ensemble pour offrir un master exemplaire, recommencer quelques prises, faire des morceaux plus courts, mais le fait est là, la musique est accessible dans le monde entier quelques heures seulement après en avoir rêvé !