Henri avait vingt ans. Son autoportrait de dos ressemble plutôt à un Norman Rockwell qui naîtra trente ans plus tard. Un instantané sur la toile, le temps de le peindre est plus long. Les impertinences de Toulouse-Lautrec sont légion, mais le peintre réussit tout de même à rendre son tableau olfactif. Il me rappelle aussi les deux cartes à gratter en Odorama de John Waters pour son film Polyester. J'ai dans ma bibliothèque un ouvrage complet sur Joseph Pujol, dit Le pétomane ! L'humour potache me fait rire parfois. C'est particulièrement savoureux lorsqu'il émane d'une célébrité. L'œuvre est l'un des clous de la collection Cligman au Musée d'Art Moderne de Fontevraud.


Et le jeune Henri d'enfoncer le clou du nuage en inscrivant une petite phrase sur la toile blanche. Comment assumer d'être le rejeton du comte Alphonse Charles de Toulouse-Lautrec-Monfa et d'Adèle Zoë Tapié de Céleyran, cousins au second degré ?! Cette consanguinité serait à l'origine de sa pycnodysostose, une maladie génétique des os qui l'empêche de grandir (à moins que ce soit une ostéogenèse imparfaite, allez savoir). Le fiston aime provoquer son monde. Il zézaye dans les salons, se fait photographier nu sur la plage de Trouville-sur-Mer, en enfant de chœur barbu, avec le boa de Jane Avril ou louchant en habit japonais. Il sombrera dans l'alcoolisme, ce qui n'arrange pas sa condition de syphilitique. Tout cela n'empêche pas son génie artistique de se développer, bien au contraire. Il meurt hélas à 36 ans.