mercredi 15 octobre 2008
L'iceberg de Sarti
Par Jean-Jacques Birgé,
mercredi 15 octobre 2008 à 00:11 :: Théâtre
Le scénographe Raymond Sarti a enfin terminé son site. La phrase correcte devrait être "Raymond Sarti a enfin commencé son site" tant ses œuvres se succèdent au rythme infernal d'une machine à coudre et que son activité est toujours tournée vers le futur, puisqu'elle se pratique en amont des projets. Le site divisé en quatre sections, Arts de la scène, Cinéma, Expositions, Architecture et paysage, recèle pas moins de 1600 documents, chaque image en cachant des dizaines d'autres, esquisses, dessins, plans, photographies, textes, presse... Un iceberg aux intonations chantantes de ses origines méditerranéennes !
J'ai évoqué ici notre rencontre sur J'accuse de Zola que nous montâmes avec Bohringer, Fonfrède, une harmonie de 70 musiciens dans une mise en scène d'Ahmed Madani, je reviendrai un de ces jours sur l'année passée ensemble à réaliser l'exposition-spectacle Il était une fois la fête foraine à la Grande Halle de La Villette (CD épuisé chez Auvidis) ou plus tard The Extraordinary Museum au Japon et Jours de cirque à Monaco, au Grimaldi Forum. Pour nous, Raymond dessina les décors gigantesques du K que le Drame monta aussi avec Richard Bohringer et Daniel Laloux (CD), les costumes de Crasse-Tignasse (CD pour enfants également épuisé, ce qui explique que j'ai produit la majorité de mes disques, ceux-ci toujours disponibles contrairement à ceux sortis sur d'autres labels plus importants !), il fit les dessins de Kind Lieder (CD... Avec ici en photo la vitrine de la Fnac, entièrement constituée de vinyles du Drame, entre Sonia Delaunay et Arman), les pochettes d'Urgent Meeting (CD) et Opération Blow Up (CD)... J'ai choisi d'évoquer ces contributions, car, activités minoritaires, elles ne figurent pas dans le site de Raymond, comme la veste magnifique qu'il peignit à la main en imitant des bas-reliefs romains et que j'enfile de temps en temps pour remplacer un smoking. Plus elle s'élime, plus elle embellit !
Raymond Sarti sait gérer des projets pharaoniques, mais aussi produire un effet bœuf avec trois francs six sous. Et puis c'est un ami, un petit frère. Il possède une tendresse, une fragilité qui font transpirer d'humanité les murs, sols et plafonds, donnant à ses jeux de construction des allures d'éternité alors qu'il a tout imaginé et construit dans l'éphémère. Si le temps semble s'être écoulé, c'est seulement celui du spectateur ou du promeneur...