70 avril 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 30 avril 2013

L'étrangleur de Boston


Inventer des formes qui collent au sujet n'est pas chose si courante dans le cinéma d'aujourd'hui. Quelques cinéastes continuent à mettre systématiquement leur titre en jeu en renouvelant chaque fois leur manière de filmer au risque de décevoir leurs fans. C'est rarement la compromission ou l'usure qui figent un auteur, mais sa générosité envers ceux qui ont aimé ses œuvres précédentes. Le succès peut devenir ainsi un frein à l'invention. Quoi qu'il en soit, si le style est souvent dicté par ses maladresses, il n'y a pas meilleur choix pour les contourner que d'imaginer un angle d'approche qui colle au sujet.
En 1968, le split-screen (écran divisé) utilisé par Richard Fleischer dans L'étrangleur de Boston (The Boston Strangler) est le miroir brisé du schizophrène que l'enquêteur joué par Henry Fonda cherche à identifier. Le procédé sera utilisé la même année par Norman Jewison pour L'affaire Thomas Crown dans un propos très différent : un tueur en série qui terrorisa Boston au début des années 60 pour le premier, un hold-up chronométré pour le second.


L'étrangleur de Boston est un thriller captivant par ses aspects documentaires autant que par l'interprétation magistrale de Tony Curtis dans un rôle dramatique à contre-emploi. Le personnage d'Albert DeSalvo a existé, même si le scénario diverge sur quelques détails. Fleischer tourne probablement là son meilleur film. L'intrigue est traitée comme un fait-divers en marge des évènements historiques qui marquent l'époque tels la marche sur la Lune ou l'assassinat de J.F. Kennedy. Fleischer cherche à comprendre comment le criminel a pu tuer une douzaine de femmes, sans ne jamais tomber dans le psychologisme qu'Hitchcock aurait servi sur un plateau. Si l'énigme reste entière, le rôle de la société est remarquablement disséqué : responsabilité des médias, opinion publique, état d'esprit des victimes, méfiance envers la population homosexuelle, etc. Lorsqu'un fou criminel est arrêté, les témoignages des voisins évoquent presque toujours un garçon charmant et serviable ou un bon père de famille. La force de nombreux malfaisants est justement qu'ils n'en ont pas l'air ! L'étrangleur de Boston, que Carlotta édite en DVD et Blu-Ray remasterisé en même temps qu'un autre excellent polar de Richard Fleischer, Les inconnus dans la ville (Violent Saturday, 1955), possède une modernité que peu de films actuels assument, trop enclins à vouloir en mettre plein la vue et étouffant la réflexion sous des effets artificiels de plus en plus formatés.

lundi 29 avril 2013

Winshluss décape au Musée des Arts Décos


Donner le sous-titre d'Un monde merveilleux à l'exposition consacrée au dessinateur de bande dessinée Winshluss par le Musée des Arts Décoratifs à Paris est évidemment un euphémisme. En interprétant les contes pour enfants de la manière la plus critique l'artiste revisite ses classiques comme Spike Jones le faisait en musique. Rien de pervers dans cette cruauté sarcastique, car ces histoires terribles n'ont jamais eu d'autre objectif que de préparer les gosses au monde qui les attend, autrement plus violent que les élucubrations hilarantes de Winshluss. Celui-ci remet simplement les pendules à l'heure, déréglées par l'angélisme puritain américain dont Walt Disney est le dieu. Qu'il aime le monde dans lequel il a grandi ne l'empêche pas d'en souligner ses horreurs et son absurdité suicidaire. Winshluss le réalise avec un talent exceptionnel, variant ses interventions selon les projets, de la bédé Pinocchio (Fauve d'Or du meilleur album au Festival d'Angoulême 2008), déjà chroniqué dans cette colonne, à ses remarquables films d'animation, sculptures, installations, sans oublier les films Persepolis (Prix du Jury du Festival de Cannes, Césars du meilleur premier film et de la meilleure adaptation) et Poulet aux Prunes, tous deux réalisés avec Marjane Satrapi sous son véritable nom, Vincent Paronnaud !


Pour l'exposition Winshluss, un monde merveilleux, présentée dans la Galerie des Jouets du Musée des Arts Décoratifs jusqu'au 10 novembre 2013 par son audacieuse commissaire Dorothée Charles, l'artiste a imaginé quatre grandes vitrines dont les grands magasins feraient bien de s'inspirer pour le prochain Noël afin de rompre avec l'ennui qu'ils déversent désormais. Dans la première, Barbapatomique, une pieuvre rose proche de The Host s'attaque aux petits soldats de son enfance. Et de citer Umberto Eco : « Tu te libéreras de tes rages, de tout ce que tu réprimes en toi, et tu seras prêt à accueillir d’autres messages, qui n’ont pour objet ni mort, ni destruction. » Le jeu guerrier pourrait donc n’être que simulacre et exutoire nécessaires. La seconde passe à la moulinette sept contes de Perrault, Andersen et des frères Grimm, dioramas aux plans superposés et joliment éclairés révélant la cruauté à conjurer de ces histoires monstrueuses que l'on raconte aux enfants pour qu'ils s'endorment ! Après la salle des petits écrans où sont montrés de formidables films d'animation, Il y a 5000 ans disparaissaient les dinosaures est une allégorie amusante mettant en scène les exclus de toute société avec son Arche de Noé affichant complet. La dernière vitrine est la plus méchante avec ses poisons de consommation courante exposés en rayonnages, raviolis au cyanure (spécial crise), foie gras de chômeur (élevé en HLM, nourri à la bière et aux pâtes), Minou Minou (aliment pour chat difficile contenant une famille entière de souris), Subutex Mex, saucisse de hamster, etc.
Malgré cette vision éminemment corrosive et "politiquement incorrecte" le rêve ne perd pas une once de son pouvoir. Pour une fois, retomber en enfance ne trahit pas sa réalité complexe. Quiconque a joué un jour avec des allumettes reconnaîtra dans la propre effigie de Winshluss transpirant dans les flammes que jouer n'est pas souffler, mais brûler, brûler le carcan que la société impose pour être capable de grandir et penser par soi-même. Quel soulagement de découvrir une œuvre humoristique qui fait la part belle à l'intelligence et explose de couleurs et de formes. En sortant de l'expo, Françoise suggère que c'est à des gens comme Winshluss que le Front de Gauche devrait s'adresser pour renouveler les images de la résistance !

samedi 27 avril 2013

Demoiselles des bords de Seine (Courbet)


Comme annoncé précédemment, j'illustre aujourd'hui l'exposition Un été au bord de l'eau, loisirs et impressionnisme au Musée des Beaux-Arts de Caen, d'aujourd'hui au 29 septembre, par les Demoiselles des bords de Seine de Gustave Courbet.


J'avais choisi le calme d'une ambiance quasi réaliste, langoureux moment de détente tranchant avec des traitements plus prenants d'autres tableaux de la série Révélations, une odyssée numérique dans la peinture. Les rires ont pourtant quelque chose de factice, vague souvenir d'une évocation radiophonique de Claude Ollier pour l'ACR intitulée Régression et que je garde à l'oreille plus de quarante ans après l'avoir écoutée. La musique intervient brièvement, apparition lointaine, autre référence, cette fois Central Park in the Dark de Charles Ives. Pierre Oscar Lévy réclama les silences dans les fondus au noir là où j'aurais probablement préféré que l'ambiance continue lorsque l'on ferme les yeux. Mais ces pauses montrent bien la distance entre le tableau et son modèle. En définitive tous ces effets de distanciation quasi brechtienne collent bien à l'ambiguïté de Courbet, à la fois réaliste et provocateur.

Scénario et réalisation - Pierre Oscar Lévy
Direction artistique et partition sonore - Jean-Jacques Birgé
Musique - Jean-Jacques Birgé et Bernard Vitet
Assistante - Sonia Cruchon
Conseil historique - Luis Belhaouari
Post-production - Snarx-Fx
Production déléguée - Dominique Playoust, Pixo Facto
Droits photo © RMN / Agence Bulloz
À l'origine, le film produit par Samsung Electronics France fut conçu pour être joué en boucle dans le cadre de "Révélations, une odyssée numérique dans la peinture".
Exposé au Petit Palais en septembre-octobre 2010.

Illustration en haut de page : John Singer Sargent, Femme et enfant endormis dans une barque sous un saule, 1887. Lisbonne, Gulbenkian Museum. @ 2013, The Calouste Gulbenkian.

vendredi 26 avril 2013

15 inédits pour piano des plus grands compositeurs classiques de Bach à Bartók


En exclusivité, les disques GRRR mettent gratuitement en ligne 15 inédits pour piano des plus grands compositeurs, de Bach à Bartók. Agréable façon de fêter avec vous la 100ème heure de notre radio aléatoire, Radio Drame ! L'incroyable coffre au trésor recèle des partitions attribuées à Scarlatti, Schubert, Chopin, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Fauré, Debussy, Satie, Ravel, Roussel, Scriabine. En 1996, Bernard Vitet et moi-même passons plusieurs mois à travailler sur ce projet digne d'Orson Welles. Plusieurs majors sont intéressées, mais leurs services juridiques bloquent chaque fois et le disque interprété par la mythique Brigitte Vée, un prodige d'à peine douze ans, ne sortira jamais.
Se succèdent la Sonate anglaise attribuée à Domenico Scarlatti, Praeambulum en mi bémol majeur de Bach, Le saule de Schubert, Romance en mi bémol mineur de Chopin, Les adieux de Liszt, Minuetto en la mineur de Brahms, Prélude en la bémol mineur de Rachmaninov, Nénuphars de Fauré, Kite Ribbons de Debussy, Un chat andalou de Debussy, Crevette haltérophile de Satie, À l’école de Ravel, Impressions flamandes de Roussel, Lettre à Marina Scriabine, Pour les enfants de Bartók.

Pour écouter en ligne, préférez Safari, Explorer ou Chrome à FireFox...

Ci-dessous le livret original de 1996 rédigé par Pierre Ménart :

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jeudi 25 avril 2013

Prisonnier des rêves


Le décalage est le sixième volume de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, saga drôlement philosophique et sérieusement absurde du dessinateur Marc-Antoine Mathieu (Ed. Delcourt). Cette fois, le brochage a pris un coup dans l'aile : on commence par la page 7 qui fait zapper la couverture en page 60. Comme si les personnages avaient besoin de ça en plus, trois pages ont été déchirées en plein milieu, ce qui n'arrange pas leur histoire. Déjà L'origine abritait une non-case, La qu... prenait des couleurs, Le processus déployait un pop-up, Le début de la fin renvoyait à La fin du début et La 2,333e dimension passait par la vision en relief ! Hors cette collection, son 3" est l'un des chefs d'œuvre de ces dernières années, tous genres confondus. En page 55, puisqu'on est aujourd'hui dans Le décalage, l'auteur remercie ses muses, Windsor McKay, Fred, Moebius, Francis Masse, l'Oubapo... Ils peuvent être fiers de leur rejeton ! Pour évoquer ce nouvel album de bande dessinée, je vous renvoie à la remarquable chronique de Jean-Claude Loiseau dans Télérama, car je suis incapable de me répandre aussi bien en louanges. C'est chouette quand le travail est déjà fait !

mercredi 24 avril 2013

Trois expositions sur l'impressionnisme en Normandie


La Normandie se voit dotée de trois expositions autour de l'impressionnisme du 26 avril au 29 septembre : Éblouissants reflets, 100 chefs d'œuvre de l'impressionnisme au Musée des Beaux-Arts de Rouen, Un été au bord de l'eau, loisirs et impressionnisme au Musée des Beaux-Arts de Caen, Pissarro dans les ports, Rouen, Dieppe, Le Havre au MUMA, le Musée d'Art Moderne André Malraux au Havre. Belle occasion pour ajouter quelques épisodes au feuilleton publié sur Mediapart (miroir de ce Blog) dans l'édition de la galerie des Médiap'artistes, à commencer par Coucher de soleil à Lavacourt, effet d'hiver de Claude Monet, réalisé par Pierre Oscar Lévy comme 22 autres films de la série Révélations, une odyssée numérique dans la peinture.


C'est certainement le traitement le plus classique d'un de nos films sur l'art que de l'illustrer par une pièce pour piano dans un style attendu, ici résolument impressionniste. C'est évidemment celui qui remporta le plus de succès, même si je préfère les libertés prises sur d'autres tableaux de la série. Pierre Oscar Lévy a collé la musique que nous avions écrite en 1996 avec mon camarade Bernard Vitet et le miracle du synchronisme accidentel fit son petit effet (POL corrige cette version des faits en commentaire). Je me souviens qu'il m'avait demandé de rendre une certaine hésitation, comme si le tableau n'était pas totalement terminé. Kite Ribbons de Debussy fait partie de 15 Grands Inédits que nous avions réalisés alors dans l'esprit d'Orson Welles et de son F for Fake. Dans le livret de cet album inédit, mais accessible gratuitement sur drame.org, j'avais écrit : "Cette œuvre n’aurait-elle pu faire partie en son temps des Children’s Corner ? Le compositeur s’en serait ouvert à son ami André Caplet. Le continuo sur un si aigü évoquant le regard d’un enfant levé vers le ciel rythme avec légèreté l’ensemble de la pièce." Son interprète est la pianiste Brigitte Vée, complice de nos facéties de faussaires.

Scénario et réalisation - Pierre Oscar Lévy
Direction artistique - Jean-Jacques Birgé
Musique - Jean-Jacques Birgé et Bernard Vitet
Assistante - Sonia Cruchon
Conseil historique - Luis Belhaouari
Post-production - Snarx-Fx
Production déléguée - Dominique Playoust, Pixo Facto
Droits photo © Petit Palais / Roger Viollet
À l'origine, le film produit par Samsung Electronics France fut conçu pour être joué en boucle dans le cadre de "Révélations, une odyssée numérique dans la peinture".
Exposé au Petit Palais en septembre-octobre 2010.

Illustration en haut de page : Pierre-Auguste Renoir, La Yole, 1875, huile sur toile, Londres, National Gallery © The National Gallery, Londres, Dist. Rmn / National Gallery Photographic Department

mardi 23 avril 2013

Catherine Ribeiro, la transe retrouvée


Saut d'obstacles, toboggan, danse de Saint-Guy, la gymnastique qui consiste à vivre n'évite pas la marche arrière. Après l'apprentissage s'invite la rébellion. Mais plus on avance plus on recule. On passe sa vie à fuir le passé et y revenir. Le futur, lui, n'existe pas. Il ne se conjugue pas au présent quand le passé ne cesse de se rappeler à notre bon souvenir. Loin de toute nostalgie, la curiosité ou la nécessité poussent à déterrer les racines de l'être complexe que nous sommes devenu. Notre mémoire est saturée. Il faudrait une autre vie pour se souvenir de la sienne. On réécrit sans cesse l'histoire. On la réduit. On la fige. La vérité est une savante construction d'oublis et de dénis, de fausses pistes et de croisements, de retours en arrière et de projections, de rêves et de désillusions, de notes exhumées et de corbeille à papier. S'il leur arrive d'être révélés, les vestiges du passé découvrent parfois un bout du chemin que nous avions emprunté. Ce qui avait paru inné ou choisi s'avère dicté par la rencontre. Les plus déterminantes peuvent nous entraîner loin des avenues surpeuplées où le monde marche au pas, ou bien nous enrôler dans les armées conventionnées où le doute n'aura plus jamais voix au chapitre. On quitte le monde de l'enfance quand, vers six ans, la réponse anticipe toute question. L'école broie les poupées gigognes que l'on appelle pourquoi. La suite semble irréversible, sauf aux poètes, amateurs fidèles d'un monde auquel ils ne peuvent croire. Certains le paient de leur vie, prématurément ; d'autres s'en nourrissent, avidement. Subtil équilibre. Rien n'est immuable. Rien n'est éternel. Un jour, la marée rapporte ce que l'on croyait oublié. Cocteau témoigne : en bas, la mer ce matin recopie cent fois le verbe aimer.



Catherine Ribeiro était un vague souvenir, un nom écrit sur le sable. Une photo où l'ami Claude Thiébaut servait le vin à la tablée. Comment s'était-il retrouvé au percuphone, l'un des instruments incroyables construits par Patrice Moullet, le frère de Luc ? Catherine Ribeiro était ma troisième voix, avec Brigitte Fontaine et Colette Magny. Sérieuse rockeuse en transe quand la fragile Brigitte et la solide Colette incarnaient le jazz, le free et un certain contempo qui ne trouverait jamais son nom. Tout cela n'était qu'illusion. Ces trois prêtresses marchaient toutes sur la corde raide, vocale, politique, lyrique, révolutionnaire, parfois tombaient, se relevaient toujours. Ces muses me donnèrent le courage de gueuler dans notre désert encombré. D'avoir joué avec les deux autres, j'oubliai celle qui hurlait le plus fort, de sa voix chaude de pasionaria meurtrie, la plus psychédélique aussi. Il était logique qu'en abandonnant nos expériences lysergiques nous la délaissions pour de nouvelles aventures. La douleur s'apprivoise. N'est-ce pas, les filles ?
Un coffret rassemble les quatre premiers albums de Catherine Ribeiro et du groupe Alpes : n°2, Âme debout, Paix, Le rat débile et l'homme des champs (1970-74, Mercury). Avec 2bis qui les précède, ils me renvoient à mon adolescence, toujours présente. Comme Répression ou Comme à la radio. Colette est morte en 1997 ; il serait temps que la jeunesse la découvre. Catherine s'est fait discrète, ne retrouvant jamais la fougue de la sienne, avec ses rythmes envoûtants et les envolées électriques du cosmophone furieusement côte ouest. Seule Brigitte a survécu, renaissant de ses cendres il y a vingt ans. La persévérance garantit la persistance. Mais après ? Après, on ne sait rien. Voilà pourquoi on avance toujours en jetant un œil dans le rétro.

lundi 22 avril 2013

Michel Musseau contre les spéculateurs


Michel Musseau a plus d'un tour dans son sac. Compositeur et comédien, il nous régale depuis longtemps de ses satires sur le monde moderne avec un humour ravageur tenant du dessin animé et de l'évocation radiophonique. Si son théâtre musical ne ressemble qu'à lui, sorte de Buster Keaton à la Gotlib que l'on imaginerait porter béret et baguette sous le bras, ses chœurs revendicatifs rappellent Luigi Nono, ses radiophonies hilarantes Pierre Dac et Frank Zappa, ses canons Francis Poulenc, ses arrangements Jean-Claude Vannier et son engagement Jean-Luc Mélenchon ! Je ne peux pas m'empêcher de réécouter régulièrement son album Sapiens Sapiens où officiait déjà l'inénarrable Élise Caron, rencontrée chez Luc Ferrari où tous deux ont fourbi leurs truculentes armes pendant une dizaine d'années.
Comme tous les comiques il est difficile d'imaginer plus sérieux, plus à cheval sur le moindre détail. Commande de la MPAA (Maison des Pratiques Artistiques Amateurs) créée en 2007, Bienvenue aux Paradis est une pièce vocale, instrumentale et radiophonique, méditation absurde sur la délinquance "phynancière", un rêve musical pour échapper à la fascination des grandes fortunes et du pillage planétaire. C'est dire si elle est d'actualité plus que jamais. Avec trois chœurs, hommes, femmes et enfants, un narrateur, un piano, un orgue et la percussion, plus trois radios, Musseau met la dialectique au service de sa cantate "phynancière". Au lyrisme rafraîchissant de la soixantaine d'acteurs amateurs réunis sur la scène de l'Auditorium Saint-Germain répondent les enregistrements cartoonesques des chenapans Musseau, Caron et leurs amis.
Nous avions le même âge lorsque nous vîmes le clown Albert Fratellini et tous deux sommes des fans du célèbre piano-jouet Michelsonne, sauf que Michel se fit dédicacer le livre Nous les Fratellini et qu'il possède 17 Michelsonne quand les deux miens sont un peu fatigués. De plus, j'envie son humour pince-sans-rire ; j'aimerais savoir aborder comme lui les sujets graves avec sa distance de clown triste. En 1993, il tenait le piano sur notre album Crasse-Tignasse. Alors, en attendant de trouver une nouvelle occasion de collaborer, nous nous contenterons d'aller manifester ensemble le 5 mai prochain !

vendredi 19 avril 2013

Composition métaphysique de Chirico‬


C'est probablement mon préféré des 23 films de la série Révélations, une odyssée numérique dans la peinture, réalisés par Pierre Oscar Lévy, grâce à sa boucle qui reprend deux fois le même mouvement à l'image en changeant son accompagnement musical. Si Vincent Segal est toujours au violoncelle, la première fois je joue de la guimbarde, du violon, du piano-jouet, alors que la seconde fois je me sers de chimes, du violon, d'un ballon de baudruche et à nouveau du piano-jouet. Les effets, et donc le sens, changent en fonction du synchronisme. Et puis j'aime bien cette instrumentation ludique pour évoquer cette Composition métaphysique de Chirico dont il existe d'ailleurs quantité de versions peintes à différentes époques.

Scénario et réalisation - Pierre Oscar Lévy
Direction artistique - Jean-Jacques Birgé
Musique - Jean-Jacques Birgé et Vincent Segal
Assistante - Sonia Cruchon
Conseil historique - Luis Belhaouari
Post-production - Snarx-Fx
Production déléguée - Dominique Playoust, Pixo Facto
Droits photo © ADAGT Localisation : Italie, Florence, Palazzo Pitti, Galleria d'Arte Moderna © Archives Alinari, Florence, dist. RMN / Georges Tatge CAL-Alinari Archives Florence © ADAGT, Paris 2010
Produit par Samsung Electronics France.
Exposé au Petit Palais en septembre-octobre 2010.

jeudi 18 avril 2013

Fantôme dans le MCD sur la création sonore


Très belle couverture du Magazine des Cultures Digitales qui marque son dixième anniversaire. Le Formidable Studio fabrique des objets qu'il photographie ensuite, ici une sculpture en vinyle fondu. Ce numéro 70 intitulé Echo / System est consacré à la création sonore et j'ai l'honneur d'y apparaître au moins deux fois.
Jean-Yves Leloup rappelle que "à partir de 1977 Un Drame Musical Instantané fut l'un des premiers groupes modernes à s'être emparé de la forme du ciné-concert, revisitant une grande partie des classiques du muet qui, aujourd'hui encore, constituent le répertoire des musiciens et DJs actuels : Le cuirassé Potemkine (S.M. Eisenstein), La chute de la Maison Usher (Jean Epstein), Le cabinet du Dr Caligari (Robert Wiene), Nosferatu (F.W. Murnau), L'homme à la caméra (Dziga Vertov), La Passion de Jeanne d'Arc (Carl T. Dreyer), Häxan (Benjamin Christensen) ou encore les films de Louis Feuillade, Marcel L'Herbier ou du Fonds Albert Kahn." La pochette de Trop d'adrénaline nuit illustre l'article.
Plus loin, Cécile Becker évoque son coup de cœur pour La machine à rêves de Leonardo da Vinci, œuvre récente cosignée avec Nicolas Clauss, réalisée pour iPad (et gratuite !), avec de belles images à l'appui.
En feuilletant les 132 pages de la revue bilingue, je me reconnais entre les lignes dans presque chaque sujet abordé par l'équipe que dirige Anne-Cécile Worms et dont Laurent Diouf est le rédacteur en chef. Évidemment pas pour les labels Optical Sound et monoKrak ou la Radio 2067 de David Guez, mais dès que sont évoqués la confusion technique, l'importance du visuel, la copie illégale ou les concerts live, je crois reconnaître mon discours ! Cela s'amplifie avec la mise en ligne de la musique sur les radios Web (notre Radio Drame offre 99 heures de musique inédite !) ou sa vente sur de multiples plateformes. La faillite de la presse spécialisée à la traîne justifie l'importance prise par les blogs (sic). Les installations me rappellent Les portes avec Nicolas Clauss et surtout Nabaz'mob avec Antoine Schmitt, les expériences audiovisuelles notre bon vieux light-show des années 60, les collaborations chorégraphiques les aventures du Drame, le field recording l'intégration de tous les sons possibles à nos créations, le montage électro-acoustique mes centaines de milliers de coupes exécutées du temps de la bande magnétique et mes plunderphonics avant la lettre, le synthé analogique mon ARP 2600, les nouveaux instruments mon Tenori-on et la Mascarade Machine conçue avec Antoine Schmitt, la science-fiction les articles de mon père dans la revue Satellite et l'album éponyme réalisé avec Francis Gorgé sous pseudos, etc. C'est dire si je vibre en sympathie avec ce passionnant numéro 70 !

mercredi 17 avril 2013

Métamorphose d'Inger Christensen en papillon


J'avais été emballé par le passage de Birgitte Lyregaard et Linda Edsjö sur scène à la Maison du Danemark il y a deux ans. L'album CD de Inger qui vient de sortir est à la hauteur de mon souvenir. On n'a beau ne pas parler un mot de danois, les vers de la grande poétesse Inger Christensen (1935-2009) nous emportent dans un étrange pays où tout est musique. Le vibraphone de Linda Edsjö fait scintiller la glace. Le chant de Birgitte Lyregaard se démultiplie à l'infini en faisant résonner le cristal de la langue. On imagine les petites scènes d'un théâtre de marionnettes où les deux filles incarnent tous les rôles, parfois comiques, toujours lyriques. Tout à l'écoute, on garde les yeux grand ouverts, émerveillés par la magie de ces voix, cousines de Björk ou Camille, qui nous font voyager loin, très loin. Si Birgitte chante en transformant sa voix et Linda joue des percussions en chantant, l'atmosphère reste pure, brise légère où des lutins expérimentent d'étranges potions et où les papillons ignorent les saisons. Lorsque le silence envahit définitivement l'espace, on rêve de retourner au plus vite dans cette vallée où le mot merveilleux n'a jamais sonné aussi juste (Gateway Music).

mardi 16 avril 2013

Scandales sur la santé et vérité sur les maladies émergentes


Certains praticiens se battent aujourd'hui en France contre l'aveuglement des politiques sur les causes des maladies émergentes au risque d'être radiés par l'Ordre des Médecins. Idem pour le scandale de l'industrie pharmaceutique qui n'a d'autre ambition que de traire les malades en mettant sur le marché des médicaments inutiles, dangereux, voire mortels. On l'a vu récemment avec le Mediator, mais il en existe bien d'autres. Et la Sécurité Sociale de rembourser cette cuisine chimique dont la notification des effets secondaires devrait pourtant mettre la puce à l'oreille des utilisateurs.
Le livre de Françoise Cambayrac, Vérités sur les maladies émergentes (Ed. Mosaïque-Santé), rassemble témoignages, études documentées et solutions possibles sur les catastrophes causées par le mercure, l'aluminium, le cadmium et autres métaux lourds à l'origine ou participant aux fatigues chroniques, allergies, maladies auto-immunes, spasmophilie, fibromyalgie, sclérose en plaques, Alzheimer, etc. On nous assène que l'on ne sait pas comment naissent ces maladies qui se propagent de plus en plus et sur des victimes de plus en plus jeunes. Nombreux pays sont plus en avance que nous quant aux ravages du plomb des amalgames dentaires qui diffuse du mercure à haute dose dans notre organisme. Les dentistes et leurs assistantes devraient absolument lire ce livre s'ils veulent rehausser leur espérance de vie ! Le pire, c'est qu'extraire nos plombages peut être plus dramatique que les conserver. Il existe pourtant des méthodes efficaces pour dépolluer l'organisme, mais elles sont souvent interdites dans notre pays. L'étude ne se limite hélas pas aux métaux, on se demande même ce qui nous reste comme latitude de consommation en refermant ce livre extraordinairement passionnant.
Menace sur nos neurones de Marie Grosman et Roger Lenglet (Actes Sud, Questions de société) aborde le même sujet, mais de manière plus politique que médical. Les causes de Alzheimer, Parkinson, de la sclérose en plaques ou de l'autisme y sont parfaitement identifiées et documentées par des scientifiques. Les auteurs révèlent pourquoi les autorités ne font rien. L'industrie se moque que l'on avale de l'aluminium dans l'eau, des pesticides ou du PCB, que le mercure qui a causé la catastrophe de Minamata explose dans notre bouche, que les solvants et les particules extrafines polluent l'air que nous respirons. Leur profit absurde est criminel et suicidaire.
Les médicamenteurs, film de Brigitte Rossigneux, Stéphane Horel et Annick Redolfi (Ed. Montparnasse), explore les coulisses des labos et des pouvoirs publics, révélant quelques autres secrets scandaleux. Le marketing et les parts de marché l'emportent sur la santé des patients. À l'heure où un ministre est sur la sellette pour conflit d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique, ce DVD tombe vraiment à pic.
Comme il est coutume de taxer d'adeptes du complot quiconque souligne quelque aberration du système rappelons que toutes les grandes découvertes ont vécu le même tollé général ou les railleries, avant d'être admises. Entre temps les ravages du tabac, du plomb, du sang contaminé, de l'amiante, etc. continuèrent alors que l'on aurait pu éviter tant de souffrances ou de morts inutiles.

lundi 15 avril 2013

Merveilleux hommage à Moondog


Il aura fallu six mois de travail à Sylvain Rifflet pour réaliser l'un de ses rêves, un hommage au compositeur américain Louis Thomas Hardin dit Moondog, figure mythique new-yorkaise des années 50, minimaliste influencé autant par Stravinski que Charlie Parker, musicien de rue aveugle déguisé en Viking, compositeur prolixe, amateur de canons, de contrepoints et de mesures impaires, fan de jazz, de traditions amérindiennes et de musique répétitive. La première de ce spectacle unique fut un enchantement, Rifflet réussissant à s'approprier les compositions de Moondog sans ne jamais jouer les décalcomanies.
Tout commence dans le noir. Les musiciens traversent le public en diffusant une petite musique désuète sur leurs smartphones. Un écran s'éclaire projetant le chef d'orchestre et son invité Jon Irabagon dans les rues de New York. Un délicat fondu s'opère entre l'enregistrement et la scène. L'orchestre enchaîne.


Le quartet Alphabet, composé de Rifflet au sax et à la clarinette, Joce Mienniel aux flûtes et au synthétiseur, Phil Gordiani à la guitare et Benjamin Flament à la batterie métallique, est augmenté du saxophoniste Irabagon et de la pianiste Ève Risser. La grande surprise interviendra après deux pièces sous un arbre où pendent des sacs en plastique, un duo pour boîte à musique et guitare sèche suivi d'un trio pour piccolo, clavecin et guitare. Tout le concert respire cette délicatesse. Lentement des enfants descendent des gradins formant une chaîne qui trace des lignes graphiques sur la scène. Ils se regroupent enfin pour former le chœur de Perpetual Motion, titre du spectacle qu'a mis en place Anne-Marion Gallois.


Il ne manque aucun enfant à l'appel. Leur implication est totale. Rifflet a passé quatre mois à raison d'un jour par semaine aux collèges Jean Vilar de La Courneuve, République, Pierre Semard et au Conservatoire Jean Wiener de Bobigny pour les faire chanter en anglais cette musique a priori pas si facile à interpréter. Nous sommes transportés par leurs sourires radieux et leur énergie communicative. Une tendresse généreuse se dégage de l'ensemble. Ces enfants du 93, réfléchissant ce qu'il y a de plus prometteur dans la France d'aujourd'hui, sont à l'image de la rencontre du musicien new-yorkais et de la tradition européenne, melting pot culturel accouchant de joyeuses et originales démarches artistiques.


La scénographie transforme le concert en spectacle multimédia. Les vidéos de Maxence Rifflet simulent gros plans et toiles de fond en faisant descendre un écran derrière l'orchestre. Des pièces de chambre, comme ce duo pour clarinette et piano, alternent avec des ensembles électriques.


Les nouvelles générations de musiciens français s'affranchissent du jazz en y puisant maintes aspirations, mais sans tenter de le copier bêtement comme le firent trop nombreux de leurs aînés. Leur culture et leurs goûts sont plus variés. Selon les uns ou les autres, ils s'inspirent de la pop, du rock, du folk, de l'électro, mais aussi de la chanson française, de la musique classique ou contemporaine, des bruits ambiants, etc. Ils mêlent leur art à d'autres formes d'expression et, un comble dans une profession si souvent individualiste, on les rencontre aux concerts des uns les autres !


Ici le trio de souffleurs répond au trio de percussion. Flûte, sax, clarinette contre piano, guitare, percussion. La musique de Moondog pétille. Rifflet a gagné son pari.


J'apprécie d'autant ce merveilleux hommage que j'avais moi-même composé il y a sept ans Young Dynamite pour la compilation CD de TraceLabel. Déjà en 1969 j'avais été conquis par le vinyle paru chez CBS où figure le célèbre Bird's Lament que l'orchestre de Perpetual Motion, a Celebration to Moondog reprendra généreusement en rappel.

dimanche 14 avril 2013

L'île des morts d'Arnold Böcklin


L'exposition L'ange du bizarre au Musée d'Orsay (jusqu'au 9 juin 2013) me fournit un prétexte pour diffuser L'île des morts d'Arnold Böcklin. Ce n'est pas le plus évident de nos 23 films à montrer en petit format et surtout sans la 3D, car ce film a été conçu par Pierre Oscar Lévy spécialement pour des écrans en relief, à regarder avec des lunettes actives qui nous transforment en touristes balnéaires alors que nous sommes dans la semi-obscurité de notre salon ! L'intervention est ici minimaliste, même si cela a donné beaucoup de travail au truquiste sur Flame. La barque s'avance lentement et disparaît. C'est tout.

J'en ai composé la musique en jouant du frein, un instrument inventé et construit par mon camarade Bernard Vitet dans les années 70. C'est une contrebasse à tension variable. Ses micros sont des écouteurs de téléphone en bakélite que nous avions volés dans des cabines téléphoniques publiques. C'était il y a si longtemps qu'il y a prescription et nous laissions toujours le combiné principal intact pour ne récupérer que l'écouteur supplémentaire ! J'ai enregistré en une prise en faisant passer le son du frein dans un processeur d'effets, l'Eventide H3000, que j'ai programmé pour entretenir le son en produisant des harmoniques particulières.

À l'origine, le film produit en 3D par Samsung Electronics France fut conçu pour être joué en boucle dans le cadre de "Révélations, une odyssée numérique dans la peinture".

Scénario et réalisation - Pierre Oscar Lévy
Direction artistique et musique - Jean-Jacques Birgé
Lutherie - Bernard Vitet
Conseil historique - Luis Belhaouari
Assistante - Sonia Cruchon
Post-production - Snarx-Fx
Production déléguée - Dominique Playoust, Pixo Facto
Droits photo © BPK, Berlin, dist. RMN / Photographe inconnu
Exposé au Petit Palais en septembre-octobre 2010.

vendredi 12 avril 2013

Anatomy avec Edward Perraud


Après notre concert au Triton avec Antonin-Tri Hoang, Edward Perraud m'avait proposé de nous voir en studio le mois suivant. Nos Rêves et cauchemars nous avaient donné furieusement envie d'enregistrer une séance laboratoire comme celles que je mène depuis deux ans avec de jeunes musiciens et musiciennes aussi divers que Alexandra Grimal, Antonin-Tri Hoang, Fanny Lasfargues, Birgitte Lyregaard, Sacha Gattino, Ravi Shardja, Vincent Segal... Chaque fois marquées par la publication d'un album en édition numérique, écoute et téléchargement gratuits sur le site drame.org.

D'une certaine manière ces sessions figurent la suite du projet Urgent Meeting mené par le Drame il y a vingt ans. Nous avions proposé à des musiciens d'horizons extrêmement divers de venir chez nous enregistrer une pièce sur un thème proposé au choix. D'habitude, on se rencontre pour jouer. Il s'agissait de jouer pour se rencontrer. On s'installait le matin, nous les invitions à déjeuner dans un bon restaurant et nous enregistrions ensemble l'après-midi. Trente-trois répondirent à notre invitation et non des moindres : Colette Magny, Raymond Boni, Geneviève Cabannes, Didier Malherbe, Michèle Buirette, Pablo Cueco, Youenn Le Berre, Michael Riessler, Laura Seaton, Mary Wooten, Jean Quarlier, François Tusques, Dominique Fonfrède, Michel Godard, Gérard Siracusa, Yves Robert, Denis Colin, Louis Sclavis, Vinko Globokar pour un premier CD, Brigitte Fontaine, Frank Royon Le Mée, Henri Texier, Valentin Clastrier, Joëlle Léandre, Michel Musseau, Stéphane Bonnet, Jean-Louis Chautemps, György Kurtag, Didier Petit, Luc Ferrari, Hélène Sage, Carlos Zingaro, René Lussier pour le second volume intitulé Opération Blow Up. La musique avait été un prétexte pour tenter de comprendre ce que signifie d'être musicien, de composer dans l'instant et d'appréhender sous des angles différents le monde où nous évoluons.


La journée et la soirée du 4 avril passées avec Edward Perraud furent une extraordinaire partie de plaisir. Seule notre autodiscipline nous permit de mettre dans la boîte 76 minutes d'un duo échevelé. Nous avions tant de choses à nous raconter ! Nous le fîmes donc en paroles pendant les pauses et en musique pour dix pièces portant chacune le titre d'une partie du corps, sujet convenu quelques minutes avant d'entamer notre marathon. Nous oubliâmes ainsi étonnamment les mains et les bras qui nous permettent pourtant ces surprenantes acrobaties ou les oreilles par quoi commence toute musique. Se succèdent Cou, Tête, Poitrine, Nombril, Poils, Sexe, Jambes, Chevilles, Nez Bouche et Cerveau. J'aurai déjà écrit ces lignes sans qu'il n'en sache rien lorsqu'Edward m'enverra la pochette de l'album qu'il viendra de réaliser. Bras et jambes réintègrent ainsi physiquement Anatomy. Pour les oreilles nous nous fions aux vôtres ! De son côté Françoise Romand nous tira le portrait. Il est maintenant évident que nous n'en resterons pas là !

Dernière chose : Anatomy est en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org (utiliser Safari, Chrome ou Explorer plutôt que FireFox).

jeudi 11 avril 2013

Hommage à Zao Wou Ki : il ne fait jamais nuit


Hommage à Zao Wou Ki décédé mardi à 93 ans... C'était le seul de la série à être encore en vie lorsque nous avons réalisé Révélations...

Film de Pierre Oscar Lévy pour l'exposition Révélations, une odyssée numérique dans la peinture au Petit Palais. Pour la musique j'ai fait tomber des grains de riz sur toutes sortes d'instruments et cassé un rhombe en heurtant le mur du studio ! Vincent Segal est au violoncelle...

Scénario et réalisation - Pierre Oscar Lévy
Direction artistique - Jean-Jacques Birgé
Musique - Jean-Jacques Birgé, avec la participation de Vincent Segal
Assistante - Sonia Cruchon
Conseil historique - Luis Belhaouari
Post-production - Snarx-Fx
Production déléguée - Dominique Playoust, Pixo Facto
Droits photo © Archives Zao Wou Ki, Paris / Photo Dennis Bouchard
À l'origine, le film produit par Samsung Electronics France fut conçu pour être joué en boucle dans le cadre de "Révélations, une odyssée numérique dans la peinture".
Exposé au Petit Palais en septembre-octobre 2010.

Le monde enchanté de Jacques Demy + une question


En sortant de l'exposition Le monde enchanté de Jacques Demy je me suis posé une flopée de questions. Inconditionnel des Parapluies de Cherbourg, des Demoiselles de Rochefort, Peau d'âne, Une chambre en ville et de quelques autres de ses films qui m'accompagnent depuis si longtemps, je me demande à qui s'adresse ce genre de présentation. À connaître son œuvre par cœur on ne peut qu'être touché par les documents exposés, mais ce fétichisme laisse toujours sur sa faim. Si l'on est étranger à son univers mieux vaut voir les films que suivre les explications des guides ou lire les cartels sur les cimaises. Les extraits projetés et les casques audio ne remplacent pas l'immersion hypnotique du spectacle cinématographique, d'autant qu'il manque fondamentalement à cet hommage la musique, beaucoup trop discrète pour recréer le rêve auquel nous pourrions aspirer. Le coffret de l'intégrale DVD devient alors une acquisition indispensable. Idem avec le somptueux catalogue édité pour l'occasion par la Cinémathèque Française et Skira Flammarion, recelant, semble-t-il, plus de trésors qu'il n'en est donné à voir dans la scénographie, somme toute, modeste de ce monde en-chanté. Mais le catalogue vaut cinq fois l'entrée à l'expo (jusqu'au 4 août).

Avant de soulever les questions qui me tarabustent sur la nouvelle muséophilie, je souhaite dévoiler quelques pistes qui m'ont particulièrement ému : Jacques Demy restera physiquement le même jusqu'à sa mort, éternel rêveur adolescent ; comme Jean Cocteau il ne cessera de s'intéresser à la jeunesse, toujours attentif aux nouvelles formes de vie et de création ; le vague à l'âme de ses photographies et de ses tableaux rappellent Hopper ou Hockney ; Agnès Varda est évidemment très présente, mais les deux œuvres semblent indépendantes ; le rêve est plus sûr que la réalité...

Et puis j'ai rapproché cette visite de celle de Dynamo la veille. Aujourd'hui les expositions attirent le grand public, mais l'art a disparu. C'est devenu un phénomène culturel. Jean-Luc Godard rappelait : "La culture est la règle, l'art est l'exception." Dynamo est ludique, c'est chouette, pouvait-on attendre de sa thématique autre chose qu'un terrain de jeu ? Le monde enchanté de Jacques Demy respire une nostalgie mélancolique, c'est sympa, mais l'art a disparu avec son mystère. N'est-ce plus affaire que de marketing ? Le nombre d'entrées est devenu plus important que les conditions de monstration ! L'arsenal pédagogique se déploie aussi sûrement que le commerce des objets dérivés. Pourquoi faut-il que le plus grand nombre rime avec l'éradication des ombres ? À vouloir faire du chiffre, la démocratisation de l'art signe sa mort là où on aurait pu imaginer jouer des perspectives de la magie de l'invisible. Cela se réalisera ailleurs, là où le concept de rentabilité fait sourire, dans de nouveaux espaces à inventer, griffonné dans les marges des cahiers de compte, sur les murs, sur les ondes... La proximité des œuvres permettra néanmoins à certains de traverser le miroir, mais les rencontres ne se commandent pas, elles se travaillent, naissant de l'amour ou de son manque... À vouloir tout expliquer on en perd la raison. La question du pourquoi doit rester infinie.

mercredi 10 avril 2013

Dynamo, un siècle de lumière et de mouvement au Grand Palais


Dès l'entrée de l'exposition Dynamo sous titrée Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013 nous sommes pris en charge par un cadre d'Orange qui nous explique comment utiliser l'application pour smartphone iOS et Androïd développée avec la Réunion des Musées Nationaux et le Grand Palais. Il suffit de se connecter au réseau wi-fi, de télécharger l'appli pour photographier ce qui nous fait envie ou laisser des commentaires par ci par là, remportant avec nous une trace de notre visite ou déposant nos impressions pour les partager. À la sortie je vois ainsi nos photos s'afficher sur le mur d'images que l'on pourra également retrouver sur le site grandpalais.fr. Un tag NFC ou un code chiffré à rentrer pendant la visite et le tour est joué ! L'initiative a déjà le mérite de laisser photographier les œuvres des 150 artistes exposés sans que les gardiens s'en mêlent. Françoise pousse la fantaisie jusqu'à enregistrer discrètement leurs commentaires tandis que nous admirons un James Turrell, même si c'est loin d'être l'un de mes préférés de son auteur !


Si le thème de Dynamo me fascine je suis un peu déçu par la partie cinétique style Vasarely un peu ringarde. Les pièces de Nicolas Schöffer, Carlos Cruz-Diez, Dan Flavin, Jesùs-Rafael Soto, Anish Kapoor correspondent mieux à mon attente. L'une des pièces maîtresses est la réplique du Labyrinthe du GRAV (groupe de recherche d’art visuel) créé en 1963 pour la Biennale de Paris, œuvre collective de Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein, Jean-Pierre Yvaral. Y pénétrer fait partie du jeu, terme qui colle immanquablement au thème de l'exposition. Le ludisme est l'un des moteurs de l'art optique, manière facétieuse de marier la lumière et le mouvement. Terminer avec les pionniers Duchamp, Calder, Delaunay, Eggeling, Richter, Kupka, Ruttmann, Moholy-Nagy, etc. est une excellente idée. Il vaut souvent mieux jouer sur le plaisir de la découverte pour sortir plus tard la carte pédagogique !
Dehors la sculpture de brume de Fujiko Nakaya qui a envahi le bassin est bien dans le bain de cette exposition qui devrait ravir petits et grands (jusqu'au 22 juillet).

Ann Veronica Janssens Bluette, 2006 / Nicolas Schöffer Le Prisme, 1965
Photos JJB © Adagp, Paris 2013

mardi 9 avril 2013

Musik das Kapital


Fondé en 2002, Das Kapital est dans la lignée d'Albert Ayler et du Liberation Music Orchestra. En bon Nordique le guitariste danois Hasse Poulsen joue la ligne claire tandis que le saxophoniste allemand Daniel Erdmann rappelle que les Anglo-saxons produisent un son chaud en restant sur la réserve. Le batteur nantais Edward Perraud est l'artificier de ce trio virtuose qui interprète nombre de chansons sans paroles. Leurs deux premiers albums, Ballads & Barricades en 2009 et Conflicts & Conclusions en 2011, sont consacrés au compositeur Hanns Eisler, élève de Schönberg passé à Hollywood avant de revenir en Allemagne de l'Est, chaque fois en bisbille avec la politique locale. Le troisième, Das Kapital Loves Christmas en 2012, est une compilation de chants de Noël où Karl Marx porte le bonnet rouge de Coca Cola. La variété et la fantaisie des compositions leur permettent de s'échapper plus facilement de la partition, en particulier rythmiquement, et Erdmann ajoute cette fois le soprano quand la gravité épique d'Eisler ne réclamait que le ténor. Quelle que soit leur inspiration la musique de Das Kapital est aussi lyrique qu'énergique. On se prête à imaginer une extension du trio à un ensemble plus important, voire un grand orchestre qui renouvellerait les timbres, même si l'équilibre actuel est tout à fait remarquable. Aussitôt dit, aussitôt fait, je lis qu'un orchestre d'harmonie de 100 musiciens les seconde à Gand sur Eisler ! Ils sont déjà ailleurs, préparant pour le printemps un nouveau spectacle d'après les compositions de Wayne Shorter... (dist. L'autre Distribution)

lundi 8 avril 2013

Comment ça va sur la Terre ?


Les animaux en ont marre. Plus de pluie, plus de mares. Plus d'arbres, plus d'ombre... Se rebellant contre l'absurdité en maniant l'absurde, ils ont confié à trois filles drôles et émouvantes le soin de nous faire rire de leurs aventures. Michèle Buirette, Elsa Birgé et Linda Edsjö ont composé un spectacle musical exquis pour les enfants à partir de 5 ans. Que signifie cette formule imposée ? Trop jeune pour comprendre ou trop vieux pour apprécier ? Les mélodies sont si belles qu'il n'est pas de limite inférieure pour se laisser porter, et la magie du spectacle plaira à quiconque a gardé le goût de vivre. L'âge est un mille-feuilles quantique où l'on ajoute chaque fois un anniversaire à tous les précédents. Les parents choisissent les spectacles pour leurs petits et ce dimanche nombreux gamins venus avec leur classe pendant la semaine avaient entraîné toute leur famille au Théâtre Dunois où se joue jusqu'à dimanche prochain Comment ça va sur la Terre ?
Dans la salle petits et grands jubilent en écoutant les chansons à trois voix et en admirant les acrobaties d'Elsa. L'accordéon de Michèle et le vibraphone de Linda donnent une touche céleste à cette évocation terre à terre. Ce récital est aussi un spectacle humoristique s'appuyant sur une réflexion sérieuse. Comment pourrait-il en être autrement ? Cessons donc de nous morfondre, ne boudons pas notre plaisir et rebellons-nous avec le ver de terre, le pélican, le zèbre, l'hippocampe et la baleine. Comme le trio féminin, Robert Desnos a signé la pétition des deux mains, avec les pieds et de tout son cœur.
Si vous hésitiez vous pourrez la relire sur votre lecteur CD puisque l'album est sorti en temps et en heure. Petite merveille de sensibilité critique et d'humour impertinent, il rassemble les chansons dont les jeux de mots riment avec l'évidence des mélodies. Enregistré et mixé à Spézet par Jacky Molard qui fait une apparition au violon et à la mandoline, comme Hélène Labarrière contrebasse sur cinq morceaux, le disque est l'un de ces objets rares qui nous accompagnent tandis que nous grandissons (dist. Victor mélodie).

vendredi 5 avril 2013

Ça y est, je suis passé à la planche à clous


Comme si ma collection de tapis de réflexologie pour les pieds ou le massage chinois Tuina Anmo de Madame Ji ne suffisaient pas, je suis passé à la planche à clous, ou plus exactement à sa forme moderne et occidentale, le tapis Shakti dont il existe de nombreuses imitations que je n'ai hélas pas testées. Première impression, ce n'est pas pour les douillets. Le moment où l'on s'allonge dessus ou, pire, celui où l'on se relève n'est pas piqué des vers. On me les tirera donc facilement du nez, j'avoue, j'avoue tout. Après quelques minutes une sensation de chaleur vous envahit et on pourrait même s'endormir dessus, nulle contre-indication. La séance fut redoutablement efficace. Impression de détente et soulagement immédiat des douleurs dorsales. Il me semble plus approprié en fin de journée qu'en matinée. Livré dans un sac en coton, le petit tapis peut s'emporter partout avec soi en voyage. Le site de Shakti est plein d'informations en anglais, mais le mode d'emploi basique est en français. La technique est vieille de 7000 ans et l'exercice ravira les adeptes du yoga de plus en plus nombreux. Lancé en 2007, il a obtenu un succès phénoménal en Suède il y a quelques années tel que plus de 10% de ses habitants en possèdent. Il se pourrait bien que la France en plein stress et déconfiture s'y mette bientôt.

jeudi 4 avril 2013

Alexander Kluge, un Godard allemand ?


On a parfois appelé le cinéaste Harun Farocki le Godard allemand, mais, à la revoyure, Alexander Kluge lui est plus comparable, par la variété inventive de son œuvre, son engagement politique et un traitement documentaire de la fiction, ou son contraire ! En effet, le cinéma est incompatible avec la vérité et, dans le même temps, s'en approche parfois au plus près, telle la poésie.
La Cinémathèque Française, concentrée sur l'évènement Jacques Demy que l'on ne manquera pas, risque de passer à l'as la rétrospective qu'elle consacrera à Alexander Kluge du 24 avril au 3 juin, en sa présence.
Le cinéaste et écrivain allemand est un des chefs de file de la Nouvelle Vague allemande des années 60-80. En 1962, il fit partie des initiateurs du manifeste d’Oberhausen qui revendiqua un cinéma d'auteur, indépendant et critique. Il avait été l'élève d'Adorno, l'assistant de Fritz Lang et réalisa dix longs métrages et de très nombreux courts, sans compter ses romans et installations.
L'éditeur Filmmuseum, distribué en France par Choses Vues, a publié quinze double-DVD soit 200 films dont les titres français m'ont paru éloquents : Anita G, Travaux occasionnels d'une esclave, Les artistes sous les chapiteaux : perplexes, Ferdinand le radical, L'indomptable Leni Peickert, Reformikus, L'Allemagne en automne, La patriote, La force des sentiments, L'attaque du présent sur le temps qui reste, La puissance poétique de la théorie, La magie de l'âme obscure, Liberté pour les consonnes, La guerre est la fin de tous les plans, Dans le danger et la plus grande détresse le juste milieu apporte la mort, L’amour est clairvoyant, La Tour Eiffel, King Kong et la femme blanche, L’homme sans tête, Dans la frénésie du travail, Adieu au bon côté de la vie... Comment voulez-vous résumer cela en quelques lignes ? Alexander Kluge dresse un portrait social et politique, historique et intime, philosophique et poétique de l'Allemagne, et de l'humanité. Aucun film ne se ressemble et ses films ne ressemblent à aucun autre.

mercredi 3 avril 2013

Soulager son iPad / iPhone


J'avais beau effacer des applications récupérées gratuitement grâce à i-nfo.fr, la mémoire de stockage de mon iPad était curieusement toujours saturée. En cherchant sur le Net j'ai trouvé PhoneClean qui, depuis le Mac, supprime les fichiers inutiles de la tablette, temporaires non effacés, caches, cookies, scripts, etc. J'ai gagné ainsi plus d'un giga de mémoire, mais cela ne suffisait pas. J'ai cherché alors ce qui prenait tant de place dans Réglages/Général/Utilisation. Mes applis de musique sont parfois gourmandes, mais comme je m'en doutais ce sont mes abonnements aux journaux, comme par exemple Libération dont les numéros s'accumulent sans que l'on puisse les effacer au fur et à mesure, qui occupaient quantité de gigas. Pas d'autre moyen que d'effacer l'application fautive et de la réinstaller. Comme j'avais gagné ainsi une dizaine de gigas j'ai fait subir le même régime à tous les iPhone et iPad de la maisonnée. J'aimerais trouver une solution aussi simple pour perdre à mon tour quelques kilos !

mardi 2 avril 2013

La maison d'os, c'est Dubillard !


Croiser Jean-Pierre Mocky au bar du Théatre du Rond-Point juste avant de pénétrer dans la grande salle m'a rappelé le ton et la voix de Roland Dubillard tout au long de la pièce dont il est l'auteur et que Anne-Laure Liégeois a encore cette fois remarquablement mise en scène. La mémoire fait justement partie des thèmes de La maison d'os en représentation jusqu'au 11 mai à Paris. Comment oublierais-je le Flamand des compagnons de la marguerite ou le prof de gym de La grande lessive qui ont marqué mon enfance ? Mais il s'agit avant tout d'une pièce sur les rapports de classe d'un vieil homme à la porte de la mort et de ses serviteurs aussi dévoués que critiques. L'humour grinçant fait passer leur relation sordide composée d'un savant cocktail de déférence et d'insolence que seule la promiscuité autorise. Sharif Andoura, Sébastien Bravard, Olivier Dutilloy, Agnès Pontier jouent avec brio les serviteurs de cette maison qui s'écroule comme son maître interprété par Pierre Richard qui échappe enfin au rôle du distrait pour jouer à cache-cache avec la mémoire et la mort.


La langue, extrêmement travaillée, oscille entre le cru et le cuit, châtiée ou vulgaire sans fondu ni préliminaires. Anne-Laure Liégeois construit sur le grand plateau un palais qui s'effrite, les marches de l'escalier profitant de la lumière de Dominique Borrini pour créer un effet cinétique brouillant délicatement la vue tandis que les sons de François Leymarie venus des cintres suggèrent sans équivoque la chute de la maison d'os. Le public du Théâtre du Rond-Point saura-t-il se reconnaître dans cette mascarade bourgeoise où la fin d'un monde et de chacun s'annonce inéluctable ?

Illustration de Stéphane Trapier
Photo d'Olivier Dutilloy et Pierre Richard par Christophe Raynaud De Lage

lundi 1 avril 2013

Un jour sans poisson


Pas moyen de trouver une photo de poisson digne de ce nom dans mes archives ! Du moins une que je n'ai pas déjà publiée... Nos lapins ne sont pas non plus sortis de leur hibernation, ce qui n'a rien de rassurant pour leur avenir. Si ce que l'on appelle la crise pour simplifier s'amplifie ils auront de la barbe à leur prochain réveil. Alors je n'ai trouvé que cet improbable cochon volant pour fêter le 1er avril. Cadeau de la pianiste Ève Risser qu'elle a rapporté de Londres lors de son dernier voyage, il vient de chez Hanley's, là où je me fournis en pâte à prout, puisque la dernière a séché et que j'ai fait don de la précédente aux Collections Nationales. Non, ce n'est pas une blague. Je l'ai raconté ici. Une pensée pour deux de mes amis qui fêtent leur anniversaire aujourd'hui et qui sont comme par hasard deux joyeux plaisantins, plaisantins c'est une évidence, mais joyeux, rien n'est certain. Pour manier l'humour avec tout ce que cela comporte de corrosivité il faut savoir analyser la situation et la retourner comme un gant. Par les temps qui courent, avec la lâcheté ou la compromission de ceux qui nous gouvernent, face à la misère qui s'accroit de jour en jour et l'individualisme forcené qui se développe à vitesse V, tous les ingrédients sont là pour créer une période pré-fasciste. Il va nous falloir une sacrée dose d'humour et relever nos manches pour éviter la catastrophe. Et non, ce n'est pas un poisson d'avril, c'est juste un cochon volant, une allégorie que l'on trouvera drôle ou sinistre selon comme on est luné...

P.S.: dans le cadre du Surnatural Festival, Ève Risser présentera demain mardi à au Studio de l'Ermitage à Paris son fameux concerto pour guitare Barbie et orchestre ainsi qu'une performance de natation synchronisée avec Sylvie Brücker et Thomas Niess. En seconde partie, on applaudira Marc Ducret Real Thing #3 avec Dominique Pifarély (violon), Matthias Mahler, Fidel Fourneyron et Alexis Persigan (trombones), 
Frédéric Gastard (saxophone basse), Antonin Rayon (piano), Sylvain Lemêtre (percussion), Peter Bruun (batterie) et Marc Ducret (guitare).