70 septembre 2005 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 29 septembre 2005

FluxTune

Après La Pâte à Son, nous préparons une nouvelle boîte à musique, cent fois plus poussée, avec un excellent son et des possibilités de programmation très généreuses. Fred y travaille sans répit, nous partageons l'excitation comme à notre première collaboration pour le CD-Rom Alphabet ou pour chaque module réalisé sur LeCielEstBleu.

Journées enthousiasmantes à régler la nouvelle boîte à musique réalisée avec Frédéric. Je commence chaque matinée, de très bonne heure, en découvrant la version que Fred a améliorée la veille. Nous en sommes à la v62 et il reste encore beaucoup de travail, mais ça a trouvé sa forme.
L'Xtra Fluid d'Antoine est une bénédiction pour les bien entendants. Macromedia Director n'a jamais été très concerné par ce qui passe par le conduit auditif, ne parlons pas de Flash qui nous fait revenir à une époque que je n'ai pas connue tant c'est rudimentaire et compliqué (pour pas grand chose !). La FluidXTra renferme à la fois un sampler et un séquencer. Elle nous permet de jouer sur un nombre de pistes illimité, d'assigner une réverbe générale ; il y a aussi un chorus, un oscillo basse fréquence, un filtre, un pitchbend, une horloge stable, etc., le tout programmable dans Director. Antoine a développé son Xtra en Open Source à partir du fluidsynth de Peter Hanappe. On ne pourra plus s'en passer.
La FluxTune, prononcer fleuxtioune, est une forme adulte et très poussée de La Pâte à Son. On dessine des circuits sur une trame simple mais dont les ramifications sont complexes, d'ailleurs tout ici est simple d'accès mais d'un potentiel énorme donc complexe. Sur le parcours, on place des émetteurs et des instruments (j'en ai samplé 32 sur une octave, certains courent sur plus comme le piano sur 5 octaves avec 2 banques différentes selon le volume, tous sont transposables au delà du raisonnable, vers le haut comme vers le bas). Les notes s'échappent des émetteurs et se dispersent au gré des aiguillages, se rassemblent ou s'évaporent à l'extérieur du dessin. D'une mélodie hyper basique, on peut construire une polyphonie extrêmement fournie. Fred n'arrête pas d'ajouter de nouveaux réglages à l'interface, nous tentons de ne conserver que ceux que nous jugeons adéquats avec la philosophie de notre machine à musique : tempo, pitch, réverbe pour le réglage général ; diviseur et multiplicateur de tempo, densité, ordre et élisions aléatoires, nombre de pas de la mélodie programmable, durée et arrêt des émissions pour chaque émetteur ; volume avec option aléatoire, octave, envoi vers réverbe pour chaque instrument ; deux autres outils programmables, un sens unique et un double réflecteur, complètent une liste qui n'est pas terminée, je pense que Fred va d'ailleurs bientôt rajouter un filtre par instrument ;-)
Suivre les particules sur le circuit est vertigineusement hypnotique. Le mode plein écran offre un très joli spectacle de feu d'artifices synchronisé avec la musique d'où l'interface a disparu. Jusqu'à hier, la musique était de type répétitif, variations quasi infinies, mais depuis ce matin nous avons implémenté la possibilité de démarrer ou arrêter cycliquement chaque émetteur. On aborde ainsi le couplet/refrain aussi bien que les tuilages progressifs. Presque tout ce qu'on tente avec FluxTune sonne bien, c'est très encourageant d'entendre des musiques aussi variées, nous sommes impatients d'entendre ce qu'en feront les futurs utilisateurs, mais avant cela, il faut terminer le moteur, le graphisme et décider ce qui sera offert avec la version gratuite et ce qui sera vendu, et puis comment et combien... Pour une fois qu'on tient un(e) machin(e) sur Internet qui peut rapporter des sous ! On pourrait même vendre la technologie développée pour FluxTune pour dessiner des signatures, des mots, des noms, en les rendant musicaux et animés... Je n'aurais qu'à fabriquer l'orchestre qui convient au propos. Pour FluxTune, j'ai programmé une large palette qui va de choses basiques comme le piano, l'orgue, la basse ou la percussion à des timbres plus riches et personnels. Nous avons ajouté la voix d'Elsa, c'est très joli...
Tout ça c'est du bla-bla, bientôt vous pourrez jouer comme nous avec cette machine toujours plus diabolique.
Et puis, Fred va peut-être bientôt mettre en ligne une version cool de Pixel by Pixel : là où la première version fonctionnait tout en tension et incisivité, la nouvelle est totalement méditative et envoûtante...
Parallèlement, j'ai commencé à enregistrer la musique de l'installation d'art contemporain Coexistences que Nicolas programme avec la même assiduité ! Ça va être somptueux, et même monumental, ce qui peut présenter un problème pour trouver des salles d'exposition assez grandes. Le mois prochain, j'enregistrerai les chanteurs, Baco, Pascale et Elsa. C'est un gros travail sur la voix. Pour l'instant, je peins les décors sonores, boucles sensuelles de différentes matières...

samedi 24 septembre 2005

Desperate Housewives ?

Réaction à chaud après les premiers épisodes. Depuis, j'ai un peu tempéré ma critique.

La nouvelle série américaine serait de la trempe de Six Feet Under, argh, on nous fait avaler n'importe quelle promo marketing ! C'est un soap tout ce qu'il y a de plus tiré par les cheveux, pire, un ramassis de pensées les plus réacs, une vraie busherie basée sur l'hypocrisie, la délation, le mensonge, le chantage, la jalousie, le racisme, le pouvoir du fric et la morale des gagnants... Et pas l'ombre d'une allusion critique... Le découpage est des plus systématiques, aucune surprise : un secret honteux confié à un tiers suivi d'un chantage ! Etonnant, ces femmes au foyer sont toutes des pin-ups de magazine. Seuls les dialogues relèvent un peu le niveau. Mieux vaut acquérir la série 4 de Six Feet Under qui vient de sortir en DVD, meilleure cuvée depuis la 1.

P.S. : deux ans plus tard, je ne reviens pas sur le fond de ma critique (l'utilisation systématique du chantage comme ressort de l'intrigue me fait toujours autant vomir), mais je dois reconnaître que la série s'est considérablement améliorée avec la saison 2. Les comédien(ne)s sont toujours aussi bons, le scénario est devenu beaucoup plus fin avec des rebondissements étonnants et une critique du machisme qui s'est bien développée. Il semblerait que la série plaise d'ailleurs beaucoup plus aux femmes qu'aux hommes. Je laisserais bien de côté la saison 1 pour attaquer directement la 2 qui m'a réellement épaté. C'est rare que la 2 soit meilleure que la 1...

lundi 19 septembre 2005

Radio Chronatoscaphe


Pas facile d'écrire régulièrement son blog. On est déjà un peu honteux d'être accolé à son Mac du matin au soir. Travailler chez soi pousse aux abus d'écran plat. On "check" ses mails en passant. Jamais de détente. En vacances parfois, à condition d'être très discipliné. Mais les vacances dans la discipline, sont-ce bien des vacances ? Pour oublier l'ordi, il faut que je sorte, que j'enfourche mon Brompton, que je prenne le volant ou le métro, que je joue le fils de l'air...
Jeudi soir, j'ai terminé le montage de Radio Chronatoscaphe avec Jean chez Digipro. Nous sommes très contents du résultat : 53 intermèdes au milieu des 4 heures de compilation-anniversaire du label nato. J'ai écrit le scénario et les dialogues qu'ont interprétés Nathalie Richard et Laurent Poitrenaux, a piece of cake. Jean joue le rôle d'un gardien de musée, je joue celui du réalisateur, j'ignore le nom du chat qui se faufile entre les jambes de Nathalie et Laurent, on entend quelques mots de Leo... Le moment le plus excitant fut le mixage lorsque nous avons entendu les voix fraîchement enregistrées recadrées dans les ambiances préparées depuis un mois. Ça fera un sacré beau cadeau pour Noël ! 3 CD insérés dans un bouquin de près de 120 pages avec les photos de Guy Le Querrec et la magnifique bande dessinée dûe à une quinzaine de stars de la BD sur un scénario de Jean Annestay. J'ai conçu les intermèdes comme des faire-valoir, des remises à zéro de l'écoute, essayant de traiter les 3 disques un peu différemment, que ça raconte une histoire, mais qu'on puisse éventuellement l'écouter dans le désordre. L'ensemble réfléchit bien 25 ans de productions nato, ça part dans tous les sens et ça se tient drôlement bien. Encore cette fois, on entend bien qu'une œuvre est une morale. Chapeau Mister Rochard !))

dimanche 11 septembre 2005

La fiancée du danger

Je termine aujourd'hui la musique du film de Michèle Larue et Noël Burch, La fiancée du danger (FR3, 52'). Tandis que je me plaignais des délais vendredi soir, Pierre Santini me faisait remarquer que j'aimais ce genre de challenge. J'ai rencontré Michèle et Noël ce jour-là à 15h, s'en est suivie une projection de l'ours, et hop, je livre 30 minutes et 20 séquences musicales deux jours plus tard. Éreintant, mais très excitant. Et puis, avec un titre pareil, et une femme aussi exceptionnelle que Marie Marvingt ;-) Ce genre de prouesse n'est réalisable que parce que je peux improviser avec un orchestre virtuel au bout des doigts. Après avoir posé plein de questions à Michèle, Noël et Damien, je suis reparti du studio de montage avec la liste des séquences et le sens de chacune d'elles, j'ai noté partout l'émotion qui devait s'en dégager. J'ai cherché ensuite les sons de synthé que j'avais déjà programmés en amont et qui corresponderaient le mieux aux effets désirés. Cette fois je fais tout au VFX, qui permet de produire des sonorités électroacoustiques très fines. Je me lance avec le chrono sous les yeux. J'enchaîne tous les morceaux pour conserver l'unité malgré la grande diversité de timbres et de jeu. Comme pour un concert... Je réécoute lorsque tout est dans la boîte, je choisis et je nettoie les fichiers. En plus des prises nécessaires, j'ai enregistré des sons isolés qui pourront servir de ponctuations. Il ne me reste plus qu'à graver.

dimanche 4 septembre 2005

Le blog d'Étienne Mineur

J'aime beaucoup le blog d'Étienne Mineur. Étienne reste curieux de tout, de ce qui tourne autour de son travail graphique, des images qui bougent, des sons dans l'espace, de la vie qui passe. Il donne souvent des pistes intéressantes, des liens vers des sites inventifs, il communique sa passion et son enthousiasme. Etienne, quand vas-tu enfin accoucher d'une œuvre perso ? Que faut-il te dire pour que tu te poses ? En attendant, c'est sur incandescence.com.

samedi 3 septembre 2005

Une drôle de semaine

Les bonnes nouvelles jouent à saute-moutons avec les épreuves. Soudain seul, je me sens un peu blogueur...

Pas si drôle que ça, la semaine. Dormi très peu. Le disque dur de mon PowerBook a crashé. Formatage obligatoire. En fin de journée j'aidai Stéphane à fomater le sien. Une précédente fois, Apple avait remplacé le disque de mon iBook. Les portables, c'est fragile. Tout réinstaller. Je ne cesse de répéter qu'il faut faire des copies de sauvegarde et ne laisser que des alias sur le bureau, n'est-ce pas Mathilde ?
Nicolas et moi sommes obligés de continuer Coexistences sans Jean-Noël. Titre de circonstance. L'absence est-elle compatible avec la coexistence ? On a fini par craquer. Travailler ensemble exige une morale à toute épreuve, une exigence individuelle, une responsabilité. Même pas suffisant de l'être. Se savoir responsable. De tout, de soi, de ce qui vous arrive, du regard de l'autre. Vivre ensemble, ce n'est pas facile. Il faut beaucoup de tendresse, avec soi déjà. De la confiance, en soi pour commencer, le minimum nécessaire, mais entière envers les amis. De la générosité, pour ne pas partir avec, pour que ça ne s'éteigne pas avec soi. La solidarité est une qualité qui se perd. Partout, chacun exige de jouir de ses droits, qu'en est-il de ses devoirs ? Cocteau dit qu'une ?uvre est une morale. L'installation a repris une direction cohérente avec le projet initial et retrouvé sa viabilité. Un travail colossal pour un nouveau rêve de somnambules.
Fredéric est réapparu. Il avait "fait un break". En deux jours, nous avons terminé un nouveau module entamé il y a six mois, une version cool de Pixel by Pixel. Je suis excité par la musique que je découvre en bougeant doucement la souris. Je me laisse porté, hypnotisé. Et déjà se profile une nouvelle machine du type de La Pâte à Son, cette fois avec des sons et un design "adulte". J'enregistre près de 250 sons dans la journée... L'excitation fait place à l'impatience, j'automatise mes gestes, j'explose mon catalogue imaginaire.
Noël et Michèle me proposent de composer la musique de leur prochain film qui est en montage. J'accepte sans n'en rien savoir. Je suis certain d'y faire "autre chose". Ça me plaît.
Antoine se demande que faire avec sonicobject.com. Les projets fabuleux ont la vie brève lorsque les moyens de les promouvoir font défaut. On a beau être habitués, on ne peut chaque fois que pester contre tant de gâchis. J'aimerais bien recommencer à travailler avec Antoine sur une suite à Machiavel.
On dit que Violet aurait vendu 12 000 lapins communicants à Wanadoo. Je souhaiterais beaucoup plus théâtraliser les messages, vraiment développer la fiction lagomorphique de Nabaztag.
Je suis un peu fatigué, mais je me rends compte que j'ai travaillé entre 12 et 16 heures presque tous les jours. Le soir, dîners délicieux avec des amis adorables. Ça rassure. Le travail et les amis. Exposition décevante à la Fondation Cartier. Dans la pièce blanche de Ham Jin, on n'entendait même pas une mouche voler. Elles étaient très occupées à prendre la pose. Elsa et moi les cherchons à la loupe. Bel effet d'échelle, réflexion très zen et rigolote. Elsa me parle de sa peur de vieillir, elle a vingt ans, j'espère l'avoir rassurée. C'est si bon de grandir. Tout est bon. Même avec son lot de misères, la vie est comme un bonbon, qu'on la suce ou qu'on la croque. On ne vieillit pas, on avance tous ensemble, même système de repère, Bernard ne devrait pas être si nostalgique, il finira par rater l'époque. La curiosité m'entraîne. Giraï a 95 ans et il ne pense quà l'avenir. Bel exemple.
Françoise est descendue dans le sud. Elle le verra. Je pense tout le temps à elle. Pourtant j'ai le temps, tout le temps... C'est si tentant.
Claire a bien arrangé la mise en page de la pochette de la chanson Ça ira que nous avions enregistrée en 2000 avec Bernard, Cédric et Philippe, et sur laquelle Baco a couché sa voix la semaine dernière. Peut-être à cause des paroles que j'ai écrites, je voulais l'illustrer avec une image tournée en 93 à Johannesburg : un black le poing levé au milieu d'une manif. Françoise trouve que ça date et me conseille de reprendre plutôt mon fond d'écran, un magnifique criquet vert posé sur une pierre. L'insecte donne un ton nouveau au morceau, dramatiquement actuel ou anticipatif !?
Je passe un temps fou à corriger et améliorer le prochain numéro du Journal des Allumés du Jazz, même chose avec le site... La nouvelle maquette est très chouette, elle fait respirer le Journal. Je suis fatigué de tout faire avec Valérie et Jean. Je crains de me retrouver vraiment tout seul avec le double-cd Les Actualités à réaliser pour la fin de l'année. Heureusement, les labels ont commencé à envoyer leurs morceaux et leurs images, ça se présente très bien. Etienne envoie deux articles et un arrangement du Kabaret de la dernière chance de Pierre Barouh. J'aime bien sa passion, même si elle le détruit, beaucoup trop souvent.
Nous avançons à pas de géant dans notre voyage dans le temps à bord du Chronatoscaphe. C'est un plaisir de travailler avec Jean. Ça va vite et ça fuse sans artifices. Il vient de m'envoyer les sons des loons, des canards du Minnesota qui portent les petits, si j'ai bien compris. Comme souvent chez les canards, leurs chants sont incroyables. La semaine prochaine, nous devons enregistrer les dialogues avec Nathalie et Laurent. Je les mixerai ensuite avec la soixantaine d'ambiances et d'événements que j'ai concoctés pour le triple cd. Jean m'a apporté le nouvel album de Jef Lee sur lequel je fais une apparition fantôme : il a spécifié "angel sounds", je me cherche, un ange passe.
Je croyais avoir vécu une semaine épouvantable, et puis à y penser pour écrire, je me rends compte que j'ai plutôt bien pris les choses et fait plein de trucs. J'ai même eu le temps de regarder House of Bamboo de Fuller, The Secret Agent d'Hitchcock, My Sister Eileen de Quine (grâce à Godard qui en parlait dans son disque 25cm sur Une femme est une femme : "Chorégraphie de Bob Fosse !"), Something Wild de Demme, La religieuse de Rivette... J'ai écouté le disque en DTS d'Olivier Sens et Guillaume Orti (la musique électroacoustique convient très bien à la spatialisation du son), le nouveau Kronos qui joue des chansons de Bollywood, les rééditions de nato (Trenet, The Melody Four, K.Okhi chante Bardot, Coxhill)... Evidemment, côté sommeil, c'est bref, trsè bref. Il faut absolument que je m'arrête. J'avais pourtant commencé par là.