70 novembre 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 30 novembre 2012

Crowdfunding pour le 1er disque d'Odeia


"Papa, tes copains, ils assurent !" m'annonce fièrement Elsa, touchée par la participation financière de mes potes à l'enregistrement du premier album d'ODEIA. Si je lui donne de temps en temps un coup de main, comme pour l'enregistrement en studio de leur single auto-produit, je ne suis pas le quatuor en groupie béat ni ne rebats les oreilles à mes proches des prouesses de ma fille et de ses camarades de jeu. Je suis heureux qu'Elsa s'épanouisse dans son art, la chanson maintenant, après la contorsion sur trapèze. A priori c'est moins risqué. Les trois archetiers sont aussi épatants aux violon, violoncelle et contrebasse. Ce n'est pourtant pas le genre de musique que j'écoute habituellement et Elsa a souvent eu du mal avec mes élucubrations musicales. Il n'existe aucun style que je boycotte et les émotions que produit le groupe ODEIA me font chavirer comme tous ceux et toutes celles qui les ont entendus sur scène, du moins grand nombre d'entre eux. J'avais mis en ligne Gorizia, La belle est au jardin d'amour et Levatillu stu cappeddu filmés en appartement. Voici Thalassaki mou lors de leur passage au Triton le 11 mai dernier lors du festival Unis-sons 93...


ODEIA s'est donc lancé dans le crowdfunding sur KissKissBankBank pour financer leur premier album. Il s'agit d'un appel à participation pour laquelle les comptes des donateurs ne seront débités que si le projet atteint sa cible de 2500 euros. Ils s'en approchent et ont encore une quinzaine de jours pour l'atteindre, espérant même dépasser cette somme pour pouvoir enregistrer et produire ce disque. En fonction de la contribution de chacun/e, ils offrent leurs remerciements les plus sincères (5€), auxquels s'ajoutent le disque au format numérique (15€), le disque physique envoyé à domicile (20€), signé avec en plus un badge et une affiche (35€), plus une invitation au concert de sortie (50€), etc.


Elsa Birgé chante Liouba avec Lucien Alfonso au violon, Karsten Hochapfel à la guitare et Pierre-Yves Le Jeune à la contrebasse. Alors si vous voulez soutenir les jeunes musiciens d'ODEIA en vous faisant plaisir, n'hésitez pas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela les réjouira et leur donnera du baume au cœur !
N.B.: prochain live en appartement à Paris 11e, dimanche 9 décembre à 18h (réservation).

jeudi 29 novembre 2012

Oui


Le mariage m'est toujours apparu comme la caution sociale d'une union entre deux personnes, sans évoquer la pression perverse qui verrouille la rébellion. L'amour n'a pas grand chose à y gagner. La confusion est courante et produit quantité de quiproquos, comme celle entre le sexe et l'amour. Les liens existent, mais les us et coutumes nous emprisonnent dans un fatras facilement inextricable pouvant se transformer en chaos. Le bonheur, ou plus exactement la randonnée vectorielle qui le cible, est une affaire très personnelle, souvent éphémère si l'on n'y prend quotidiennement garde, un leurre pour celles et ceux qui ont confondu les termes, une chance pour celles et ceux qui ont adopté le partage comme base de toutes les relations humaines. Mes sous-entendus sont évidemment lourds de sens, mais je ne vais pas rédiger ici une thèse sur le sujet.
Elsa avait trois ans lorsque sa mère et moi nous sommes mariés. La loi était différente et je n'avais jusque là aucune autorité parentale en cas d'accident, de sa maman ou de notre fille. Il eût fallu passer devant un juge, alors autant prendre rendez-vous avec le maire ! Plus le mariage est simple, moins le divorce est pénible. Dix ans plus tard, Michèle et moi nous sommes séparés à l'amiable avec la même avocate, et nous sommes restés amis.
Après quelques années de purgatoire, d'erreurs de casting, d'amours contrariés, j'ai rencontré l'amour de ma vie, entendre celui de la maturité. Nous fêterons bientôt notre dixième anniversaire et mes sentiments n'ont fait que se fortifier avec le temps. Nous nous sommes donc mariés hier, sans cérémonie puisque nous préférerons fêter notre amour aux contrats et autres testaments certifiés. Ma démarche n'est pas inspirée par le présent, mais par ce que l'avenir nous réserve, la garantie d'éternité pour celle ou celui qui survivra. Elle est aussi éminemment symbolique pour d'autres raisons plus intimes où les sentiments font cocktail avec la psyché. Une chose est certaine je suis extrêmement heureux de vivre avec Françoise et j'espère que notre mariage n'y changera rien, puisque j'essaie déjà chaque jour de m'améliorer un peu. Youpi !

P.S.: coïncidence (du sujet !), le soir, au Théâtre du Vieux-Colombier, nous assistons à la comédie de Corneille La place royale avec les acteurs de La Comédie Française remarquablement mis en scène par Anne-Laure Liégeois. Denis Podalydès et Elsa Lepoivre font passer les alexandrins avec une maestria époustouflante comme toute la troupe participe à rendre claires la complexité des sentiments et la perversité des enjeux.

mercredi 28 novembre 2012

Le grand saut


C'est pour aujourd'hui !

mardi 27 novembre 2012

Dépaysages, au bout de la route


Va et vient entre l'image et le son. À l'écoute de ce que nous jouons, Jacques Perconte traite son film en direct. Nous improvisons en fonction de ce que nous voyons, nageant dans les pixels qui explosent sur l'écran comme il se barbouille des notes qui le bombardent, là haut, perché au milieu du public. Au premier rang sous l'écran, Vincent Segal au violoncelle, Antonin-Tri Hoang au sax alto et à la clarinette basse, et moi accroupi sous mon clavier. On plane. Ne saisissant que des bribes au dessus de ma tête, une sorte de partition des sens regardée du coin de l'œil, j'espère découvrir tout le spectacle à la projection de ce qui fut filmé depuis la salle le 18 novembre au Théâtre Berthelot à Montreuil.


Le projet est excitant. Jacques a commencé à bricoler une page Internet pour vendre Dépaysages, pour le faire voyager. Les images ont toutes été tournées à Madère. La prochaine fois, nous n'irons pas si loin. Nous ne serons que tous les deux pour la performance I.R.L. au Centre Mercœur le 15 décembre (4 rue Mercœur, Paris 11e).


J'ai sélectionné quatre captures écran parmi les cent vingt photos que Jacques a postées sous Flickr. Une route. Un enfant au bord de la mer. La couleur. Et puis une fleur qu'on dirait séchée ou brûlée. J'ai choisi sans réfléchir. Mais c'est un portrait chinois que j'ai inconsciemment dessiné.


J'ai du mal à écrire. Ce matin à 10h30 au crématorium du Père Lachaise, un hommage est rendu à Jean-Patrick Lebel. J'aimais le timbre de sa voix, sa petite musique, son sourire laissant percer quelques savoureuses arrière-pensées... Un bon mot sortait toujours de ses lèvres comme s'il y tenait une fleur pincée.

lundi 26 novembre 2012

Pâte d'amande


Si j'ai du mal à déguster les exquises pâtes d'amande que Marie-Laure et Sun Sun m'ont rapportées de Venise ce n'est pas que je ne les apprécie pas, bien au contraire ! Comment trancher dans le vif de ce tendre animal sucré ? Nous avons dévoré l'aubergine et la grenade, mais là j'hésite. Peut-être de les avoir photographiées m'autoriserai-je à faire la peau au poulpe et au poisson dodus ?
J'ai moins de scrupules lorsque je prépare moi-même cette gourmandise. Elle ne ressemble pas à la pâte d'amande vendus dans les magasins. Tout aussi succulente, la recette est pourtant simple. Dans un mixeur je broie 500 grammes d'amandes décortiquées, autant de sucre glace et un blanc d'œuf. On peut aussi ajouter quelques gouttes d'extrait d'amande amère. Ça prend tout seul et ça se mange pareil.
J'avais déjà donné la recette des croquants aux amandes. Cette déclinaison est un jeu d'enfant. Régression assurée. Il n'y a qu'à regarder mes yeux de merlan frit devant les deux importations vénitiennes.

vendredi 23 novembre 2012

Pollution de la pub virale


Je souhaiterais que l'on m'explique. Absurdité des spammeurs qui tentent de polluer ce blog en envoyant 250 commentaires par jour alors que je ne les publie jamais puisque je filtre, ce qui a le mérite parfois de décourager les trolls.

Sur Mediapart, ou ce blog est publié en miroir, c'est le contraire. Nous semblons à l'abri des spammeurs, mais les trolls, conscients ou pas de leur pollution virale, noient le Club sous leurs digressions egomaniaques sans se soucier des articles de la rédaction qui sont tout de même l'intérêt majeur de Mediapart. J'ai parfois l'impression de deux mondes étrangers l'un à l'autre, encore que la mise en avant explicite des blogs montre l'intérêt de la rédaction pour ces paroles individuelles.

Hier les publicités concernaient exclusivement du viagra et un truc intitulé cialis, la semaine dernière c'était des fausses marques de montres et de sacs. C'est complètement idiot. D'abord leur pub virale me sort par les trous de nez si jamais j'avais été tenté par leurs produits frelatés, ensuite personne d'autre que moi n'y a accès puisque, en cochant d'une petite croix, j'efface fastidieusement à la main leur pollution, nocturne ou diurne selon la longitude des analphabètes qui s'y collent. Car même si ce sont des robots il y a toujours des humains derrière ce tir de barrage informatique. Les uns ou les autres semblent savoir contourner le captcha, question à remplir pour pouvoir commenter mes articles, mais ils sont incapables de déchiffrer l'avertissement "Aucune PUBLICITÉ ne sera publiée", traduit en anglais "ADVERTISING won't be published - SPAMMERS, STOP SENDING". Quelqu'un pourrait-il m'expliquer clairement comment ces machines contournent techniquement le captcha ? Ou sont-ce vraiment des débiles ?

Le soir, vers 20 heures, j'ai droit comme tout le monde au démarchage téléphonique. Je n'ai pas le courage de raccrocher au nez des pauvres hères robotisés dont c'est le travail, au loin, au delà de l'horizon, mais je les coupe aussitôt en précisant que je ne réponds à aucune sollicitation par téléphone. S'ils insistent je dis que c'est comme l'écriteau sur ma boîte aux lettres indiquant "aucune pub". Vous pouvez aussi vous inscrire sur pacitel.fr qui filtre légalement 80% des démarcheurs téléphoniques. Mais pour les spams virtuels je n'ai pas encore trouvé de parade efficace, ni sur les mails ni sur les commentaires.

jeudi 22 novembre 2012

Beefheart en boucle à l'écran


J'étais parti acheter un cadeau pour l'anniversaire d'un ami au Souffle Continu, mon magasin de disques parisien préféré. Un groupe de rock jouait live dans la boutique saturée de spectateurs. Je me suis faufilé jusqu'à la caisse en ajoutant pour moi le DVD des Lost Broadcasts de Captain Beefheart and His Magic Band. Depuis quelques jours je le joue sur l'écran du salon que je n'allume presque jamais. Click Clack, Golden Birdies, Steal Softly Thru The Snow et surtout trois versions de I'm Gonna Booglerize You Baby, enregistrés le 12 avril 1972 par la télévision allemande qui n'en avait diffusé qu'un titre. Trois jours plus tard j'assistais médusé au concert du Bataclan, sans que soient révélés les noms réels des musiciens qui portent tous des pseudonymes.


Captain Beefheart (Don Van Vliet) chante, souffle dans l'harmonica et le soprano, Rockette Morton (Mark Boston) alterne guitare et basse, Zoot Horn Rollo (Bill Harkleroad) et Winged Eel Fingerling (Elliot Ingber) jouent de la guitare, Orejon (Roy Estrada) est à la basse et Ed Marimba (Art Tripp) à la batterie. Je connaissais pourtant bien les trois derniers pour avoir fait partie des Mothers of Invention de son vieil ami Frank Zappa. Lorsqu'il m'arrive d'arpenter le territoire du rock, c'est exactement l'ambiance dont je cherche à m'approcher, particulièrement la rythmique, sorte de contretemps bègue comme si on retenait les bras qui tiennent les baguettes. J'imite d'ailleurs Morton en grattant ma cythare inanga comme un malade, c'est la seule fois où j'ai vu un bassiste jouer ainsi, en méchants accords. Un peu court (moins d'une demi-heure), ce DVD est une perle rare car il existe peu de films avec Beefheart.

mercredi 21 novembre 2012

Sonore Visuel


Sonore Visuel est un site pédagogique passionnant, réalisé par Benoît Montigné, enseignant à l'ENSAD et concepteur multimédia. Il est consacré à l'histoire et à l’actualité des arts audiovisuels dans leur acception la plus large : arts sonores, performance audiovisuelle, installation sonore, sculpture sonore, art vidéo, musique visuelle, cinéma expérimental, animation, art vidéo, nouveaux médias, transmédia. Le site explore le rapport image/son dans l'art à travers une sélection d'artistes et d'œuvres. Ses rubriques sont claires et bien documentées : Actualité, Agenda, Histoire, Artistes, Œuvres, Ressources. La présentation graphique est soignée, les illustrations intelligentes, ce qui ne gâte rien.


Au cours de ma visite j'ai pu ainsi découvrir un clip de Bish Bosch extrait du prochain album de Scott Walker, le nouveau site du magazine The Wire, la gentille et désuète application Melotweet pour iPad, l'application graphique et sonore Bliss Bomb pour les cubes Sifteo, l'épatante performance Deconstructing IKEA de Amund Sjølie Sveen... Mais aussi quantité de références historiques tant sur la recherche sonore et le cinéma expérimental que sur la rencontre des deux médias. Une mine à consulter régulièrement pour savoir ce qui se passe et comprendre ce qui l'a généré.

mardi 20 novembre 2012

Débugage


Les derniers jours d'un projet multimédia sont toujours un moment stressant pour le développeur qui en a assuré la programmation. Là où les auteurs commencent à jouir de leur rêve qui a pris forme, l'ingénieur passe un temps peu créatif à chercher la petite bête qui fait planter la machine. Cette période où nous testons et faisons tester peut être longue, car le bug va parfois se nicher dans des recoins bien cachés. L'algorithme vicieux lui donnera du tourment jusqu'à ce que l'œuvre soit stable, le matheux étant seul devant son code.
Je me souviens de l'un d'eux avec qui j'ai longtemps travaillé qui pendant les dernières semaines ne mangeait plus, ne dormait plus, ne se lavait plus tant qu'il n'avait pas trouvé la solution de l'énigme. La compagne d'un autre m'appela un soir pour me demander de faire quelque chose car mon camarade faisait des cauchemars où, parlant éveillé, il marmonnait voir partout des crocodiles. Nicolas Buquet semble plus serein, mais c'est sur lui que repose maintenant l'édifice terrible que nous avons imaginé, cette Machine à rêves de Leonardo da Vinci. Il faut dire que, en plus des images fixes qui se superposent en transparence et des pistes sonores que l'on mixe en direct, quatre vidéos tournent simultanément à l'écran !
De notre côté nous nous excitons sur l'iPad, nous le maltraitons en gestes tétaniques, repassons cent fois l'œuvre en revue, tentant de reproduire les bugs épisodiques, alors que le propos de l'œuvre est la contemplation dans une découverte méditative où le jeu est de prendre son temps pour jouir du spectacle auquel chacun participera par sa propre interprétation.

lundi 19 novembre 2012

Deux chefs d'œuvre de Brian de Palma en DVD


On répétait alors que Brian de Palma était une pâle copie d'Alfred Hitchcock. Comment avons-nous pu passer à côté de cet auteur dont les références ont le mérite d'être explicites, mais qui sut toujours se projeter corps et âme dans ses fictions palpitantes avec un style inimitable ? Les meilleurs artistes ont souvent forgé leur art en tentant de copier leurs aînés sans y arriver. Les bons élèves sont académiques. Les cancres accouchent de joyaux. Cette constatation ne se vérifie hélas qu'après coup. Combien de petits maîtres, d'artisans zélés, de ringards arrogants, de Kleenex à la mode passagère et de simplement mauvais pour un véritable auteur, avec un monde si personnel qu'il l'étoufferait s'il ne pouvait le partager ?

Carlotta publie deux DVD regorgeant de bonus passionnants autour des films Pulsions (Dressed To Kill) et Blow Out, deux bijoux cruels enchaînés coup sur coup en 1980 et 1981. Brian de Palma tourne avec la précision maniaque d'un assassin, suffisamment tordue pour canaliser créativement ses pulsions névrotiques. Prenant son temps il sait jouir du suspense, l'attente est palpitante, la virtuosité toujours au service de l'émotion. S'il est macabre et pervers l'humour offre une distance critique variant l'angle d'attaque. Les provocations sexuelles dynamitent le politiquement correct. Ces deux thrillers sont exemplaires. Ils flanquent la chair de poule en nous faisant tourner la tête. La quadrature du cercle n'a rien de factice, elle bétonne les indices, renvoie le crime chez le psychanalyste en interrogeant la société qui l'a généré.

Pulsions réfléchit celles d'un tueur en série en quête d'identité comme celles d'une desesperate housewife sexuellement insatisfaite (magnifiquement jouée par Angie Dickinson), mais c'est encore le désir qui pousse à agir la jeune prostituée ou l'adolescent lunetteux. Même s'il s'agit d'un complot d'état comme dans Blow Out, Freud est tapi dans un coin. Si la musique de Pulsions est insupportable, le travail du son de Blow Out est le sublime moteur du récit. On pourra toujours citer Blow Up d'Antonioni et The Conversation de Coppola, le micro canon de John Travolta désigne l'apport inestimable du son au cinéma. Le casque sur les oreilles, l'ingénieur du son connaît la magie de l'espace. Comme un voyant, il déchiffre, il interprète, il révèle.

Ces deux films, travail d'orfèvre d'une inventivité rare et à l'élégance brutale, m'ont donné envie de me plonger dans la filmographie de Brian de Palma, de revoir certains films, d'aller à la pêche pour découvrir ceux que j'ai manqués. J'avais apprécié les récents Le dahlia noir et Redacted. Snake Eyes est palpitant, Raising Cain bien délirant, Body Double et Femme fatale de bons polars manipulateurs, Hi, Mom m'a un peu barbé, presqu'autant que les récents Go Go Tales (2007, dvd Capricci) et 4:44 - Last Day on Earth (2012) d'Abel Ferrara dont l'intérêt m'échappe totalement. Peut-être me faudra-t-il aussi du temps, mais ils m'apparaissent aujourd'hui improvisations fatiguées et désabusées. Retour à de Palma : le poussif Obsession justifie les critiques de pâle copie hitchcockienne. Comme je n'ai jamais accroché au Phantom of the Paradise et que je me souviens bien de Scarface j'ai sous le coude Greetings, Home Movies, Carrie, The Fury, mais aucun n'égale jusqu'ici les deux DVD (également en Blu-ray) qui sortent mercredi prochain...

vendredi 16 novembre 2012

Birgé Hoang Segal dimanche sur un film de Jacques Perconte traité en temps réel


Dépaysages est le titre d'un spectacle qui sera joué pour la première fois dimanche 18 novembre 2012 à 17h au Théâtre Berthelot dans le cadre des Rencontres Inouïes de Montreuil, et ce sur entrée libre et gratuite avec réservation (resa.berthelot(at)montreuil.fr / 01 41 72 10 35).
En première partie, à 16h, Ravi Shardja jouera mandoline électrique, electronique, low tech, sanza et mixing table sur les images en direct de Philippe Cuxac.

Dépaysages
Jean-Jacques entendit Antonin psalmodier d'étranges incantations lorsqu'il était bébé. Vincent assista à un concert de Jean-Jacques avec Un Drame Musical Instantané lorsqu'il était adolescent. Le trio s'est rencontré l'an dernier pour composer la musique d'un documentaire et se produit sur scène depuis juste un mois.
Jean-Jacques, initiateur du retour au ciné-concert dès 1976 (26 muets au répertoire), préfère jouer aujourd'hui avec des films contemporains. Jacques réalise les siens en faisant exploser les couleurs. Les uns et les autres aiment tordre le réel et proposent au public de se faire son propre cinéma.
Jean-Jacques Birgé (Un d.m.i.), Vincent Segal (Bumcello), Antonin-Tri Hoang (ONJ) et Jacques Perconte (qui a réalisé la séquence onirique de Holy Motors de Leos Carax) lancent une invitation au voyage, de ceux qui forment la jeunesse. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

Jean-Jacques Birgé - clavier, instruments électroniques et acoustiques
Antonin-Tri Hoang - sax alto, clarinette basse
Vincent Segal - violoncelle
Jacques Perconte - film traité en temps réel



Le Théâtre Berthelot est pour moi une salle mythique. Il fut le cadre de la création du grand orchestre d'Un Drame Musical Instantané en 1981. Notre trio de chefs d'orchestre y présenta plusieurs ciné-concerts les années suivantes, et deux albums y furent enregistrés, À travail égal salaire égal et Les bons contes font les bons amis. Au début du XXe siècle, Georges Méliès y faisait déjà des projections publiques dans le préau.
L'évènement est à ne pas manquer, car nous jouons très rarement à Paris ou en région parisienne.

jeudi 15 novembre 2012

La confiance au Cube


Après l'empathie et l'utopie, le passionnant troisième numéro de La Revue du Cube est consacré à la confiance. La question était ainsi énoncée : La révolution numérique offre des possibilités de progrès et d’émancipation sans précédent, mais elle suscite également à l’échelle planétaire des bouleversements profonds dans toutes les sphères de la société. A l’heure où tout s’accélère, se recompose et se complexifie, et où l’homme n’a jamais eu autant de moyens d’interagir avec ses semblables, comment créer la confiance nécessaire à l’émergence d’une société en réseau, ouverte, solidaire et créative ?

Fidèle au poste, après mes contributions, Tout partager entre tous et ¡Vivan las utopías!, j'ai livré un petit texte intitulé Les yeux dans les yeux :

Comme pour les deux précédentes questions, la réponse est plus large qu’appliquée à la seule sphère numérique. La question de confiance est la base des relations humaines, qu’elle soit méritée ou serve de paravent aux pires malversations. Encore une fois, elle interroge la relation à soi-même autant qu’envers l’autre. Comment avoir confiance en qui que ce soit si l’on n’a pas confiance en soi ? Inversement, c’est le rapport entretenu avec l’extérieur qui forge notre équilibre. Or, la trahison est la pire des expériences, et le capitalisme régissant aussi le monde numérique y puise ses fondements. Comment alors lutter contre tout ce qui nous pousse à la rupture, au repli sur soi, à la ségrégation et à la peur ? Car c’est ce qu’engendre la méfiance. On aura beau tourner la question dans tous les sens, les dés sont pipés. Il s’agit donc de leur rendre leur dignité ou du moins l’image souriante d’une main tendue sans autre arrière-pensée que le partage ou la transmission.
Œuvrant dans un secteur où la concurrence fait rage sans aucune base scientifique ni objective, j’ai toujours pensé que seule la solidarité sauverait mon travail. L’amour lui-même n’est-il pas identifiable grâce à une confiance réciproque ? Il ne s’agit pas de tout dire, les secrets sont indispensables à la marche sur le fil, mais les intentions doivent être claires et leur mise en pratique exemplaire. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui tenaient toujours leurs promesses, qu’elles soient séduisantes ou menaçantes. Cette confiance qu’ils m’accordèrent très jeune fut rapidement réciproque. Le modèle me plut. Dans les entreprises que je menai je décidai de pratiquer la transparence, des comptes comme des désirs. Appliquée aux idées, je m’aperçus vite qu’elles appartiennent à tous ceux et toutes celles qui y participent, et rédigeai nos fondations sur les bases du collectif. L’affaire a ses limites et nous fûmes parfois contrariés. Il ne faut jamais donner trop sans laisser à l’autre le soin de renvoyer l’ascenseur. L’y aider si nécessaire en demandant son secours ou en décelant ses aptitudes jalousement ou maladroitement conservées.
Les échanges qu’offrent les nouvelles technologies devraient permettre le rapprochement, mais le support reste dangereusement mécanique. La proximité virtuelle produit des illusions réelles. La distance est trompeuse. La vérité ne se lit qu’au fond des yeux. Il faut être là.
Quant à la méfiance qu’inspire Internet, dont le manque de fiabilité est honteusement mis en avant par les médias (plus) traditionnels, on peut s’en moquer à la manière dont nombreux de ces professionnels traitent les informations envoyées par les grandes agences de presse, sans aucun recul, avalant les couleuvres que leur livrent en pâture les services de communication des gouvernements. On sait comment l’Histoire est écrite par les vainqueurs. La Toile a le mérite d’être ouverte à toutes les controverses et de solliciter les citoyens connectés du monde entier.

Le lancement de ce numéro 3 auquel ont également participé Étienne Armand-Amato, Michel Authier, Pierre Bongiovanni, Philippe Cayol, Fred Forest, Christian Globensky, Pierre Kosciusko-Morizet, Etienne Krieger, Éric Legale, Jacques Lombard, Marie-Anne Mariot, Antoine Schmitt, Dominique Sciamma, Serge Soudoplatoff, Hugo Verlinde, Gabriel Viry, et évidemment Nils Aziosmanoff qui signe l'édito, aura lieu le 22 novembre au Cube à Issy-les-Moulineaux.


Si certains éludent la question de confiance, et parmi eux un homme à la morale élastique qui nous escroqua de 50 000 F il y a déjà vingt ans, coïncidence savoureuse en regard de mon texte, nombreux la renvoient au risque encouru ou se replient sur la foi. Selon les domaines évoqués, la confiance est de mise avec le partage en nouvel étendard ou totalement détruite si l'on prend conscience de la manipulation dont sont victimes 99% des habitants de la planète, saignés explicitement par les dictatures ou hypocritement par la démocratie, les unes comme les autres à la botte du Capital. La confiance est affaire de solidarité et elle est intimement liée à l'appartenance de classe. Ne nous trompons pas d'ennemi, sachons reconnaître nos amis, les riches qui tiennent les manettes ont depuis toujours réglé cette question. Les hypnotiseurs démasqués, regardez-les dans les yeux !

mercredi 14 novembre 2012

La pilule de l'oubli


Mon anniversaire de soixante ans m'a valu une pluie de cadeaux plus merveilleux les uns que les autres, mais la disparition de celui d'Élise m'a particulièrement énervé. Je l'ai cherché partout, sous les meubles, derrière les livres, dans la poubelle... Combien de fois ai-je vérifié qu'aucun coin de la maison ne m'avait échappé ? Sur le paquet en cellophane contenant une gélule noire était simplement stipulé "Effacez instantanément votre passé !". Un de mes amis l'aurait-il subrepticement dissoute dans mon verre ? Si c'est le cas jusqu'à quelle date l'effet se fait-il sentir ou plutôt ne se fait plus sentir ? J'en perds mon latin et la boule. Bonne nouvelle tout de même, le médicament miracle ne semble pas être une remise à zéro totale, sinon trouverais-je encore mes mots pour vous parler ? La chose appartient à la première série des Pilules et Remèdes, œuvre de Dana Wyse intitulée Jesus Had A Sister Productions 1996-2003 (Set complet) et sous-titrée Helping you to create your own reality since 1789... Voilà, un coup de Tippex et je ne retrouve plus rien. Le goberez-vous ? Dix ans après cette fantaisie, le propranolol est devenu chose sérieuse, susceptible, paraît-il, de soulager les chocs post-traumatiques.

mardi 13 novembre 2012

Birgé-Hoang-Segal sur CitizenJazz



Sur CitizenJazz, en date d'hier, Matthieu Jouan relate le passage (Pommeraye) du trio Birgé-Hoang-Segal au Pannonica le mois dernier :

(...) Une semaine plus tard était présentée la création du trio constitué de Vincent Segal au violoncelle, d’Antonin-Tri Hoang au sax alto et clarinette basse et de l’instigateur du projet, Jean-Jacques Birgé, aux machines électroniques.
Totalement basée sur l’improvisation, la soirée est inattendue. La machinerie installée par Birgé est principalement constituée d’un ordinateur et d’un clavier, plus toutes sortes de petits appareils d’où sortent des sons improbables qui, parfois accompagnés de lumières, créent une palette très large : samples, bips, nappes, rythmes et percussions électroniques, flux de radio mixé et trituré en direct, bruits divers et autres surprises déroutantes. Tel un savant préoccupé derrière sa paillasse, Birgé se livre à des expériences face à ses deux complices qui, tout ouïe, se tiennent sur le qui-vive afin de réagir et interagir face à ses propositions. Segal, au violoncelle, passe habilement de l’archet au pizzicato et invente avec un plaisir non dissimulé des contrechants ou des mélodies qui collent aux schémas musicaux inventés. Hoang passe de la clarinette au saxophone, usant de stratagèmes pour varier les effets : slaps, harmoniques, chuintements, couinements, jeu sans anches ou sans bec... Parfois, les deux musiciens acoustiques se liguent, prennent le pouvoir et attirent la machinerie sur leur terrain ; la musique prend alors un tour plus mélodique et les interventions électroniques servent de ponctuations. Mais souvent ces dernières tissent une trame aux improvisations. Antonin-Tri est étonnant de maturité et de fantaisie à ce jeu, et démontre une fois de plus sa maîtrise totale de ses instruments et sa faculté d’en tirer de belles choses. Très belle découverte que cette expérience totale, tant par son aspect poétique et humoristique que par son étonnante instrumentation.

Cela tombe bien, nous jouons dimanche prochain 18 novembre à 17h au Théâtre Berthelot à Montreuil (métro Croix de Chavaux) lors des Rencontres Inouïes, mais cette fois augmenté du vidéaste Jacques Perconte qui traitera son film en temps réel (image ci-dessus) ! Cela s'appelle Dépaysages. C'est gratuit (sur réservation : resa.berthelot@montreuil.fr / 01 41 72 10 35). Antonin-Tri Hoang sera au sax alto et à la clarinette basse, Vincent Segal au violoncelle, je tiendrai mon nouveau clavier plus divers instruments acoustiques ou électroniques.
Juste avant à 16h, Ravi Shardja jouera mandoline électrique, électronique, low tech, sanza et mixing table sur les images en direct de Philippe Cuxac.
Évènement FaceBook ici !

lundi 12 novembre 2012

Le son dans les médias audiovisuels


Ce soir à 18h Tania Ruiz m'invite à parler à l'Université-Paris VIII de Saint-Denis des propriétés du son dans les médias audiovisuels. Pour une première approche je fais le tour habituel, même si j'improvise toutes mes interventions pour rester vivant et ne pas punaiser mon travail comme un papillon. J'insiste d'abord sur le rôle complémentaire du son, son pouvoir d'évocation et sa richesse sémiologique. Le hors-champ me fournit un exemple parfait. La partition sonore qui inclut voix, bruits, musique situe l'étendue de mon travail et une charte cerne le design sonore. Les choix ne sont jamais innocents. Chaque terme a son traitement de faveur, du timbre des voix à la question de l'originalité de la musique en passant par une nomenclature traçant une ligne invisible entre effets ponctuels (histoire) et ambiances (géographie). En une heure trente j'ai à peine le temps de faire entendre quelques exemples. J'imagine faire une démonstration succincte du CD-Rom Alphabet qui date de 1999 et projeter pour la première fois en public une version βéta de La machine à rêves de Leonardo da Vinci, manière d'intégrer l'interactivité à la palette des outils qui nous sont servis sur un plateau.

vendredi 9 novembre 2012

Ré-enchanter la lecture numérique


Sur son nouveau blog, Étienne Mineur publie un long et passionnant article intitulé ré-enchanter la lecture numérique sur les possibilités technologiques, narratives et graphiques qu'offrent les tablettes aux auteurs et, par conséquent, aux amateurs de livres. Dans un article précédent il soulignait l'incohérence des prix pratiqués par la plupart des éditeurs, dans le prochain il parlera des livres utilisant à la fois l’objet physique et l'application numérique.
Dans ce "kit de survie pour auteur de 'livre' numérique" Étienne Mineur commence par définir les termes auteur, tablette, téléphone, comparant les formats PDF, ePub et les applications autonomes. Il rappelle ce que furent les livres augmentés, citant notre Alphabet d'après Kvĕta Pacovská en exemple, et les livres pensés comme des œuvres audio-visuelles. Il dessine ensuite les degrés d'interactivité offerts :


L'autre schéma en tête d'article le pousse à imaginer les possibilités infinies que permettent les iPad. Ces exemples sont une source extraordinaire pour les auteurs inventifs, autant de pistes excitantes à creuser, que l'on vise un public enfant ou adulte. Étienne inventorie les progrès techniques, la typographie, la gestion du temps ou du son, les manipulations dans l'espace, et termine en donnant quelques liens dont celui de mon premier roman sur publie.net, La corde à linge, qui intégrait hyperliens, images fixes et surtout près d'une heure de son participant directement à la narration. Le second, à paraître prochainement chez le même éditeur intelligent, propose en plus une douzaine de courts métrages vidéo dans le cours de l'histoire. J'évoquais hier les possibilités de l'iPad pour La machine à rêves de Leonardo da Vinci qui sortira début décembre et qui représente un nouveau départ comme le furent mes premiers CD-Rom d'auteur ou les premiers modules interactifs que je réalisai avec Frédéric Durieu sur LeCielEstBleu ou avec Nicolas Clauss sur Flying Puppet.
L'article d'Étienne Mineur résume parfaitement l'immensité du champ qui s'offre au créateur. Encore faut-il trouver les subsides pour matérialiser nos rêves. On considère qu'une application iPad réclame un budget minimum de 30 000 euros si l'on veut développer quelque chose de cohérent sans passer trop de temps en laboratoire. Ensuite cela dépend de l'investissement de chacun. C'est dire que l'équipe de Leonardo a depuis longtemps explosé son temps de travail à défaut de pouvoir éclater le budget ! La recherche a un prix, le plaisir n'en a pas.

jeudi 8 novembre 2012

Leonardo ne tient pas en place


Oh la la, ça bouge tout le temps ! Pas seulement l'application iPad, œuvre interactive de Nicolas Clauss et de ma pomme, mais, arrivés à la première version βéta de La machine à rêves de Leonardo da Vinci, nous sommes tentés d'effectuer des modifications artistiques maintenant que tout fonctionne à peu près bien. Il reste évidemment quelques petits bugs que Nicolas Buquet corrige, et Sonia Cruchon se penche sur tout ce qui accompagnera la sortie de notre travail, générique, site Internet, tests, etc.
La quatrième et dernière étape de l'œuvre canalise l'un des rêves de Leonardo au travers du hublot dessiné par Mikaël Cixous, à la fois microscope et télescope selon le bout par lequel on l'attrape ou comme on l'entend. Le cercle s'échappant du rectangle de l'écran matérialise la machine en devenant la palette du peintre propulsé au XXIe siècle. À l'utilisateur de s'en saisir ! Cette fenêtre sur le monde intérieur est aussi une ouverture sur le cosmos, deux extrémités radicales et abstraites de notre imaginaire. Les instruments du peintre sont le pinch (zoom et dézoom), la rotation (également à deux doigts), les déplacements horizontaux et verticaux et le double-tap. Les effets vont du flou gaussien au pivot sur un axe, les éléments graphiques et vidéographiques se zappant au gré de chacun.


Côté son, si l'ensemble à cordes qui donne sa couleur à l'ensemble de l'œuvre occupe l'espace en volutes successives, la boîte à musique rappelle la vitrine que cachent les couvercles au début du jeu. D'autre part la variété des sons électroniques renvoie à l'étonnante diversité des domaines abordés par Leonardo da Vinci, en particulier aux machines. Hier j'ai jeté la banque de flûtes dont les mélodies étaient trop sucrées, peu fidèle à la vie du grand homme, la remplaçant par d'étranges cris animaliers. Leonardo, qui était végétarien, écrivit entre autres : "Qui n'attache pas de prix à la vie, ne la mérite pas." Le hublot pointait d'emblée les grands mammifères marins et les recherches sur le vol faisaient chanter les oiseaux. Si tous devaient sonner dans la tonalité de l'orchestration, j'ai encore choisi des bestioles dont le timbre est mystérieux, des vagissements du crocodile aux hurlements du gibbon. Mais c'est lorsque je me suis souvenu de l'analyse de Sigmund Freud d'Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, son rêve de vautour (ou de milan, traduction plus exacte de nibio), que tout a soudain pris sa place, y compris les ailes qui ressemblent à s'y méprendre au bruit d'un drap. Sans dévoiler ici son intimité partagée, le voilà donc qui donne symboliquement de la voix, les bruits de la nature redonnant un peu d'humanité à notre machine paradisiaque.

mercredi 7 novembre 2012

The Queen of Versailles


The Queen of Versailles, prix du meilleur documentaire cette année au Sundance Festival 2012, est une formidable parabole du rêve américain, une démonstration de son arrogance, une apothéose de sa ringardise, une illustration prophétique de sa décadence et de son déclin, avec le panache, la fantaisie et l'auto-dérision qui lui sont propres. La poupée Barbie épouse un milliardaire aux rêves de grandeur plus délirants que nature, mais la crise financière d'octobre 2008 les ruinera.


Lorsque Lauren Greenfield commence à tourner son film, l'ex Miss Floride a 43 ans et son mari, qui revendique la responsabilité de l'élection de George Bush par des méthodes peu légales, 74 ans. Jackie et David Siegel se font construire la plus grande maison des États-Unis, un palais de près de 90 000 m² inspiré du Château de Versailles que certains prononcent Ver-size ! Mais, deux ans plus tard, la crise spéculative pousse le milliardaire, qui est à la tête de Westgate Resorts mais a manqué de prévoyance, à la faillite. Versailles, mise en vente 75 millions de dollars encore à l'état de chantier, ne trouve pas d'acquéreur. L'orgueil ruine l'entrepreneur encore plus vite qu'il l'avait enrichi. Le couple et ses huit enfants n'en perdent pas pour autant leur sens de l'humour. La réalisatrice montre cette famille aussi sympathique et barjo que celle de tous les soaps américains, avec python en liberté dans les appartements et chiots qui chient sur les tapis anciens. Du botox au feu d'artifice, tout est bon pour la parade. Mais la façade se craquèle et l'Amérique révèle son vrai visage sous le fard. Le capitalisme est un ballon de baudruche qui finira par nous exploser à la figure. Au rayon des farces et attrapes certaines font très mal.

Photo © Lauren Greenfield

mardi 6 novembre 2012

Les cloches d'Atlantis


Les cloches d'Atlantis, sous-titré Musique électroacoustique et cinéma et Archéologie et histoire d’un art sonore, fait partie de ces ouvrages rares et indispensables pour quiconque s'intéresse au son et plus encore à son rapport à l'image. Le livre de Philippe Langlois comble un vide que ceux de Michel Chion n'ont fait qu'effleurer d'une mainmise exagérée sur le sujet. L'écriture est claire, les exemples concrets, la quantité généreuse et les pistes multiples, même si j'ai noté ici et là quelques erreurs, approximations ou omissions malheureuses, mais quelle encyclopédie y échappe ? Ajoutez un site Internet avec plus d'une soixantaine d'extraits de films relatés dans ces 480 pages, quelques extraits sonores et vous pouvez compter sur cette somme comme sur Le traité des objets musicaux de Pierre Schaeffer, Acoustique et musique de Émile Leipp, Praxis du cinéma de Noël Burch, les écrits d'Edgard Varèse, Arnold Schönberg ou Jean Epstein, sans oublier le CD-Rom d'Olivier Koechlin sur La musique électroacoustique et quelques autres incontournables vers lesquels vous reviendrez tout au long de votre vie !
Un autre ouvrage reste néanmoins à écrire, car Philippe Langlois privilégie ici les faits plutôt que la recherche du sens, les réflexions théoriques se retrouvant atomisées au fil des pages. Les propriétés intrinsèques du son dans l'audiovisuel sont seulement esquissées dans le chapitre sur le cinéma d'auteur, en particulier avec les films de Tarkovski, Kobayashi ou Lynch, et dans son commentaire sur les travaux de Michel Fano sur la partition sonore. L'archéologie s'arrête où commence la pratique. Les cloches d'Atlantis sont une bonne base pour imaginer l'avenir en connaissance de cause, des fondations qu'il serait dommage de passer sous silence. Dans une première partie où il évoque d'abord longuement les futuristes italiens et russes l'auteur inventorie la nouvelle lutherie du XXe siècle quand déjà celle du nôtre la range au musée. La seconde s'intéresse aux dispositifs sonores au cinéma jusqu'en 1950 quand les suivantes abordent les musiques électroacoustiques au cinéma. Le court épilogue sur notre actualité ne peut que laisser sur sa fin, écrivez ce mot comme vous l'entendez, tant l'évolution des nouvelles technologies des vingt dernières années a bouleversé la pratique sans hélas faire progresser l'intelligence, à savoir l'utilisation du son dans sa complémentarité avec l'image, son pouvoir d'évocation et l'immense champ inexploré que sa syntaxe pourrait offrir aux amateurs de sens.

lundi 5 novembre 2012

Sexagénaire


J'ai 60 ans aujourd'hui.
Faut le faire.

vendredi 2 novembre 2012

Les oracles de Sonia


Sonia avait déjà réalisé son oracle en scroll, mais descendre l'ascenseur en spirales était probablement trop vertigineux pour ses lectrices ou lecteurs. Histoire de les aider à mettre un pied dans le réel, elle a cherché de nouvelles portes vers l'imaginaire. Le nouvel oracle, qui cette fois ne propose que des médias "maison" n'empruntant rien à la Toile, s'appelle Oraclum. Vicieux, je lui ai posé une question en abîme, me concentrant sur sa signification en général : oracle ? Les réponses étant iconographiques, fixes ou mobiles, Oraclum a simplement réfléchi :


Si la réponse à votre question ne vous satisfait pas vous pouvez toujours recourir à Scrollum nostrum qui est toujours en ligne...

Photo © Florence Mourey

jeudi 1 novembre 2012

Fatih Akin, cinéaste de l'immigration


De l'autre côté (Auf der anderen Seite) fut une telle révélation que nous avons eu envie de voir les sept autres longs métrages de Fatih Akin. Et les entendre tant la musique qu'il y distille nous emporte, jusqu'au documentaire de 2005, Crossing the bridge - the sound of Istanbul, ou guidé par Alexander Hacke, le bassiste d'Einstürzende Neubauten, nous voyageons dans tous les styles qui se pratiquent à Istambul. De l'autre côté reste à mes yeux probablement le plus réussi de Fatih Akin qui filme chaque fois un drame de l'immigration, souvent avec beaucoup d'humour et de tendresse, comédies amères, tragédies pleines d'espoir, face au carcans que représentent les cultures des pays d'origine et d'accueil.
Cinéaste allemand d'origine turque, Fatih Akin met en scène ces aller et retours avec une aisance aussi grave que légère. Si l'intégration ne fait pas de doute, la manière d'y répondre, entre le moule et la déviance, y est représentée par les deux frères italiens de la romance Solino (2002), le couple improbable de l'éprouvant Head-On (Gegen die Wand) (2004), les amantes du plus politique De l'autre côté (Auf der anderen Seite) (2007), les frères grecs de la comédie Soul Kitchen (2009). Ses deux premiers films, L'engrenage (Kurz und schmerzlos) (1998) où sévit "l'amitié virile" de trois machos et la charmante comédie Julie en juillet (Im Juli) (2000), sont les moins intéressants. Il vaut mieux cela que le contraire ! Il est réconfortant de découvrir l'équipe d'excellents comédiens qui suit Akin depuis ses débuts et l'on appréciera la légèreté de sa direction dans un pays dont ce n'est pas la spécialité depuis l'extermination systématique de ses minorités ethniques. Preuve ici que les temps ont changé. Une nouvelle Allemagne se relève grâce à ses nouvelles hybridations quand la Turquie replonge dans la ségrégation.