mardi 20 avril 2010
Quand les déjantés de 69-71 se rêvaient commerciaux
Par Jean-Jacques Birgé,
mardi 20 avril 2010 à 06:39 :: Musique
Il est quasi impossible de revenir de la boutique du Souffle Continu sans un petit trésor dans sa musette. En vitrine un vinyle me fait de l'œil pour que je lui prête mon oreille. Théo Jarrier a la gentillesse de me sortir la compilation des 45 tours initialement produits par Byg dans sa version CD. Si vous voulez savoir quelles musiques "pop" se jouaient à Paris et dans les rares festivals de l'Hexagone entre 1969 et 1971, vous ne pourrez trouver mieux que les vingt-deux morceaux réunis dans The Byg Deal, une compilation "Art-Rock-Revolution" publiée par Finders Keepers. C'est le Nuggets français, avec son entrain, ses maladresses, ses rythmes carrés "à la française" annonçant le rock progressif, le son d'époque brut de décoffrage et un voyage dans le temps où l'avenir se construisait au jour le jour. Se succèdent deux fois Alice, François Wertheimer, Brigitte Fontaine et Areski (Ça va faire un hit), trois fois Gong, Alan Jack, deux fois Cœur Magique, Valérie Lagrange, Alpha Beta, Jacques Barsamian, deux fois Ame Son, l'Art Ensemble of Chicago (Rock Out), Freedom, Vangelis, Paul Semama, Inter-Groupie Psychotherapeutic Elastic Band, Banana Moon, Joachim and Rolf Kühn. Pour les vieux, l'effet madeleine est garanti, pour les jeunes une cure de jouvence ne fait jamais de mal quand l'invention est au bout du sillon.
Je n'avais jamais entendu parler de Simon Finn. Côté barré, ce folk singer psychédélique de 1970 est une sorte de Captain Beefheart de la gratte - moi où ça démange. Accompagné de David Toop (guitares, basse, flûte, piano, harmonium, accordéon, violon, etc.) et Paul Burwell (percussion, dulcimer), Simon Finn chante comme une patate avec une ferveur désarmante allant jusqu'au sublime. Ce n'est peut-être pas un souffrant comme Daniel Johnston ou Wild Man Fisher dont j'ai découvert le reste de la discographie il y a peu, je ne connaissais que l'album An Evening With... produit par Zappa, mais il fait partie des artistes bruts dont l'authenticité submerge bien des produits policés. L'album Pass The Distance devenu culte est réédité en CD par Captain Trip et en magasin au Souffle Continu où j'en ai profité pour acheter le beau livre de Philippe Thieyre sur Robert Wyatt richement illustré par les émouvantes photographies de Jean-François Dréan (ed. des Accords).