5 Pink films japonais
Par Jean-Jacques Birgé, mardi 27 octobre 2020 à 00:03 :: Cinéma & DVD :: #4585 :: rss
Ne vous attendez pas à ressentir de troublants émois érotiques à la projection des 5 Pink films japonais (pinku eiga) rassemblés en coffret par Carlotta et jusqu'ici totalement inédits en France. Ces films roses tranchent évidemment avec le porno gonzo (hamedori en japonais !) répandu sur Internet. Comme l'avait annoncé Jean-Luc Godard avec l'avènement du X en 1975 bouleversant leur schéma économique, il y aura désormais des films au-dessus et en dessous de la ceinture. Il signifiait la détérioration de la qualité des films érotiques à venir : plus de scénario soigné, mais de l'abattage de scènes à la répétitivité morbide et réductrice. Or lorsque des réalisateurs professionnels japonais s'emparèrent du genre, tournant en 35mm ces films plus évocateurs que démonstratifs avec de petits budgets, ils en profitèrent pour expérimenter ce qui leur tenait à cœur en dehors de la motivation commerciale.
Le plus expérimental du coffret est Une poupée gonflable dans le désert d’Atsushi Yamatoya (1967), rappelant fortement L'année dernière à Marienbad d'Alain Resnais sur fond de free jazz (composé par Yōsuke Yamashita) tandis que le plus cru, Une famille dévoyée de Masayuki Suo (1984), est un pastiche de Voyage à Tokyo de Yasujirō Ozu ! Prière d’extase de Masao Adachi (1971) se rapproche de certains films politiques de Jean-Luc Godard, le réalisateur ayant rejoint plus tard l'Armée rouge japonaise ; il y filme les interrogations de la jeunesse perdue dans un brouillard très symbolique après les évènements de mai 1968. Deux Femmes dans l’enfer du vice de Kan Mukai (1969) qui emprunte ses couleurs au psychédélisme est aussi glauque que Chanson pour l’enfer d’une femme de Mamoru Watanabe (1970), les femmes dans la société nippone n'ayant pas le meilleur rôle. Les scénarios intègrent évidemment bondage et tatouages.
Ces 5 classiques du genre sont absolument passionnants à découvrir, surtout si l'on sait que Atsushi Yamatoya est le scénariste de La marque du tueur (Branded To Kill) de Seijun Suzuki (et de Chanson pour l'enfer d'une femme) sur lequel a également travaillé Mamoru Watanabe, Masayuki Suo était avec Kiyoshi Kurosawa à ses débuts, Masao Adachi joue dans La Pendaison de Nagisa Ōshima, le chef op' de Prière d'extase est Hideo Ito à qui l'on doit la lumière de L'empire des sens, etc. Sur sa boutique, Carlotta offre un petit livre de Dimitri Ianni, Brève histoire du cinéma érotique japonais en cinq films qui relate 50 ans de cinéma pink et rappelle l'importance de la société de production Kokei et de la productrice Keiko Satô.
→ coffret 5 Pink Films, Carlotta 40€ en Blu-Ray ou DVD avec livret (attention, interdiction aux moins de 16 ans tout de même)
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