Premier article sur le vinyle La preuve de Poudingue qui paraîtra officiellement seulement le 17 novembre, rédigé par Rigobert Dittmann et traduit tant bien que mal par mes soins. À l'origine projet de Nicolas Chedmail et Frédéric Mainçon, j'en ai assuré la direction artistique, en récupérant les fichiers enregistrés depuis dix ans sur GarageBand et en enregistrant de nombreuses nouvelles prises avec Chedmail. Nous avons invité Benjamin Sanz à la batterie pour remplacer les pistes initiales de boîte à rythmes. Nicolas et moi jouons d'un nombre incroyable d'instruments pour ce rock expérimental dont le style nous échappe probablement autant qu'aux premiers auditeurs.

Friedrich Engels est à l'origine de “The proof of the pudding is in the eating”. On vérifie le pudding en le mangeant" (introduction au "Développement du socialisme de l'utopie à la science", 1892) a donné son nom à POUDINGUE et La Preuve (GRRR 1037, LP). Le projet, l'un des plus étranges dans lequel Jean-Jacques Birgé ait jamais été impliqué, le montre avec synthétiseur, sampler, effets, field recording, erhu, inanga, shahi baaja, rhombe & voix dans une rétrospective des espaces psychédéliques autrefois possibles de nos jeunes années romantiques, quand tant de choses semblaient encore réalisables. Eh bien. La plupart des personnes qui l'ont inspiré sont mortes ou à la retraite. Du "rock underground français" (Keith Moliné dans The Wire 466, 12/22) - ... Magma, Gong, Brigitte Fontaine, Catherine Ribeiro, Albert Marcœur, Art Zoyd, Etron Fou Leloublan, Un Drame Musical Instantané, Heldon, Jac Berrocal, la STPO, Look De Bouk, Shub Niggurath, Vidéo-Aventures... - , qui a secoué l'Europe de son esprit anarchiste et l'a régalée de son fromage surréaliste, il ne reste que des souvenirs et des miettes du purgatoire. Aux côtés de Birgé, on retrouve Nicolas Chedmail à la guitare, basse, clavier, trompette, cor français, trombone, hélicon, pipes, flûte, sirène, alto sax, harmonica, mélodica, violon, violoncelle, shahi baaja & sanza et Frédéric Mainçon à la guitare, tous deux également paroliers et chanteurs. Chedmail, un corniste classique, était déjà compagnon de jeu de Jean-Jacques Birgé sur son "Centenaire" (et Elsa Birgé la sienne sur "Des Madeleines dans la Galaxie", un des projets spectaculaires du Spat' Sonore). Mainçon, qui a récemment présenté en tant que documentariste "Pour votre confort et votre sécurité" (2020) et "Je reviens dans cinq minutes" (2023), fait de la musique instinctivement. Benjamin Sanz fut invité à jouer de la batterie. Le graphisme d'Étienne Mineur est un atout supplémentaire : 'Les gros poissons mangent les petits' est un collage à partir de Pieter van Heyden lui-même de Bruegel l’Ancien, lui-même inspiré de Jérôme Bosch. Ils chantent Oh Oh Oh 'What a funny law', ils chantent ‘J'ai mangé’, ‘L'Escargot’ ou ‘Les Cimes’, et bien sûr je ne comprends pas un mot. Mais qu'ils font du rock comme autrefois dans les années 80, quand on se levait du pied gauche du côté post-punk. Lo-fi et déjanté, multipistes et multi-instrumentistes, sans que cela n'enlève rien à la verve crapuleuse avec laquelle ils vous mettent le pistolet sur la tempe sur ‘Je vous prie d'agréer’. ‘Haru’ sonne, avec sa gorge rugueuse, comme l'heure de pointe lors d’un printemps révolutionnaire, ‘Lady Wallup’ défile en 4/4 de manière peu féminine sur une musique de fanfare avec une trompette retentissante. ‘So much’ se prend au mot et ‘Manège’ vous fait trembler avec ses murmures élégiaques et son blues affligé. Poudingue se comporte avec Birgé comme The Blizzard Sow avec Denis Frajerman. Oui, ce sont peut-être des miettes de ce qui a été bien mâché, mais pour hériter vraiment, ne faut-il pas devenir cannibale et, petit poisson, en avaler de temps en temps quelques gros ? Jouer et manger, comme Birgé le fait avec ses hôtes de « Pique-nique », cela va directement de pair, tel que "Dieu en France" a encore laissé des traces (Leben, wie Gott in Frankreich est un proverbe allemand). [BA 121 rbd]