La plupart des œuvres présentées dans ce triple DVD (voir le billet du 11 juin) sont des films de commande, des objets didactiques. Ils obéissent pourtant à la même logique que la série des Shadoks : un commentaire narratif illustré par des animations absurdes, drôles ou décalées, un dessin simplifié, mais très éloquent, des bruits rigolos. Formé par la publicité, Jacques Rouxel possède un style très personnel et efficace, et il est toujours formidable d'apprendre en s'amusant.
Ça se regarde à dose homéopathique, comme tout ce qui a été conçu en épisodes. 26 fois 5 minutes pour Voyage en électricité, 4 fois pour L'entropie, 26 fois 3 minutes pour Les Matics, 7 fois pour La douleur... Pour ces derniers dont j'ai composé la musique et conçu les bruitages, Rouxel souhaitait se démarquer des Shadoks et des références qui lui collaient à la peau, il me demanda des choses plus discrètes accompagnées d'effets récurrents. Il convoqua également Patrick Bouchitey plutôt que Piéplu. C'est une des premières séries qu'il réalisa en vidéo, peut-être la première. Jusque là, il avait tout filmé d'abord en 16mm puis la majorité en 35mm. Je ne me souvenais de rien. J'oublie tout ce que je fais une semaine après qu'un projet est terminé, c'est probablement le seul moyen qui me permette de repartir vierge sur un nouveau travail.
Bonus caché, Promesses de 1992, sur l'élection du Président de la République en 1965, réalisé avec Laurent Boutboul et Patrick Barberis, commenté en gromelot par les Shadoks, vaut son pesant de cacahuètes : De Gaulle, Mitterrand, Lecanuet, Tixier-Vignancourt, Marcilhacy, Barbu, singés et mis en boîte par une bande de volatiles farceurs, Ga Bu Zo Meu !

P.S. : j'avais choisi l'illustration d'aujourd'hui sans me souvenir que nous étions la veille de l'Appel du 18-joint (trente ans déjà !). J'aurais fait plus attention pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté entre drogues dures et douces, même si toute pénalisation des usagers est stupide et meurtrière. Tout cela n'est qu'affaire de gros sous, que ce soit ceux des gros trafiquants qui profitent de la prohibition ou l'État qui perçoit sa dime sur le tabac et l'alcool. La répression est avant tout une machine anti-jeunes, de la poudre aux yeux pour rassurer les parents qui préfèrent rester aveugles. Qu'est-ce que je risque à me faire prendre en train de fumer un pétard dans la rue ? Un de nos potes qui a la cinquantaine s'est fait attrapé sur la pelouse du Champ de Mars avec un stick aux lèvres et un gros morceau de hasch : les flics, après l'avoir sermonné, lui ont tout laissé !