Il suffit que je m'allonge pour que mon nez se bouche. Ma gorge s'assèche et la suffocation du carton-pâte me réveille en sursaut. Dans un premier temps boire un verre d'eau favorise le retour au sommeil, mais au fur et à mesure que la nuit avance, la fréquence s'amenuise, m'amenant doucement vers l'insomnie matinale, ou plus déstabilisant, un break de mi-nuit de une ou deux heures où je vais travailler pour ne pas jouer les crêpes improductives. Je n'ai plus d'autre choix que la station debout, souvent bien avant l'aube. Là, après quelques démangeaisons et deux éternuements, tout redevient fluide. Je respire. Jusqu'au soir, où l'idée d'aller me coucher devient cauchemardesque. Et ce depuis des semaines...
J'ai pris des médicaments divers et avariés, revu l'homéopathe qui m'avait sorti de l'asthme d'un coup de granules magiques, aucun traitement n'y fait. Les muqueuses s'assèchent dès que je bascule. Je ne dors plus, sans pour autant m'inquiéter pour mon nez. Cela finit par ressembler à une cuite. Je voudrais bien retrouver le goût du sommeil, la douce brise de l'air marin, le vent de la montagne, les volutes de la cuisine lorsque les parfums deviennent visibles à l'œil nu.

Illustration : Autoportrait matinal en forme de mouchoirs (2009)