Internet est devenu un cimetière de blogs et de sites que personne n'entretient plus et que par conséquent personne ne va plus voir. Les premiers jours, les premiers mois sont excitants, mais très vite la discipline exigée décourage les blogueurs amateurs. Pour suivre l'actualité de mes camarades j'utilise l'agrégateur de flux RSS Netvibes, mais les mises à jour des blogs auxquels j'étais abonné se raréfient. Qui est assez fou pour se plier comme moi à cette gymnastique quotidienne 7 jours sur 7 ? Il n'y a plus que Jean-No pour plancher, sans faiblir, sur de longs articles étayés, avec, il est vrai, une régularité irrégulière. Les billets qu'Étienne Mineur place de temps en temps sont devenus très informatifs alors qu'il nous avait habitués à un défrichage explorateur quasi systématique. C'est le rendez-vous des obsessionnels. Nous avons tous nos rabatteurs qui nous indiquent des sujets, mais là aussi la transmission qui s'est raréfiée passe plus souvent par les mailing lists et surtout Facebook. De plus, elle consiste essentiellement en redirections vers des sites à la YouTube, ce que je me suis toujours interdit, choisissant cette pratique essentiellement pour illustrer un propos plutôt que faire circuler pour la énième fois le petit clip marrant ou révoltant. Seul le parti-pris m'intéresse, le "point de vue documenté" comme l'aurait appelé Jean Vigo. Je suis ceux de P.O.L., Jean Rochard, Poptronics et quelques autres dont les liens figurent dans la colonne de droite. Après bientôt cinq ans, près de 1700 articles, je plafonne à 25000 visites par mois. Les statistiques sont incroyablement homogènes. Lorsque je n'ai rien de particulier à raconter, je me demande ce qui me retient de faire une pause, ne serait-ce qu'une journée, mais comme j'ai à peine pris un seul jour off depuis le début de l'année, pourquoi arriverais-je à lever le pied ici-même quand tout mon travail m'anime et me tient éveillé ? On dit que le temps des blogs est révolu. Ce n'est certes plus une pratique aussi courue, mais qu'avons-nous à faire de la mode ? On peut composer de la musique pour orchestre à l'ère informatique et aller respirer l'air pur quand la ville gagne sans cesse du terrain sur la nature. On peut aussi se passer de tout cela, s'éclairer à la bougie, apprendre quelles plantes sont comestibles ou toxiques, on peut vivre autrement, rien n'est figé à jamais. Je sais qu'un jour tout s'arrêtera. Le blog. La vie. La Terre. Et le reste, mais je n'ai pas assez d'imagination pour le nommer. La question fondatrice serait celle de la transmission...