Tant écrit sur le départ de mon ami Bernard, ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu. J'emprunte sa plume à Jean Rochard pour écrire un mot. Sur son Glob Jean écrit :

Henri Duparc souffrait lorsqu'il écrivit ses mélodies, il cherchait une façon d'unir les mots et les notes pour qu'ils ne fassent qu'un et puissent ensemble sauver le monde. On n'a sans doute pas assez entendu leur extrême grâce. L'invitation au voyage, mélodie pensée par Henri Duparc sur les mots de Charles Baudelaire, fut composée lors du siège de Paris, durant l'hiver 1870/71, pendant l'absurde guerre (euphémisme) avec la Prusse. L'invitation au voyage est de toute beauté. C'était l'une des chansons favorites de Bernard Vitet. Lors de ses obsèques hier au Père Lachaise, Hélène Sage et Francis Gorgé l'ont jouée et chantée, avant Nuages de Django Reinhardt, prélude à une improvisation libre avec Hélène Bass, Jean-Jacques Birgé, Dominique Meens, Itaru Oki, Elisa Trocmé, Gérard Siracusa (Jac Berrocal et François Tusques les rejoindront plus tard). Instant délié au temps parcouru, le franc et ultime voyage de Bernard Vitet, en belle compagnie, s'est paré de la plus belle traduction de l'expression d'un cœur vaste, une quête dictée par le rêve. Pour toujours.

Et Jean de citer Baudelaire...

"Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde."

Beaucoup d'autres amis étaient venus, la crainte d'en oublier un seul m'empêche d'en citer aucun/e. Des musiciens, des musiciennes, avec ou sans instrument, car la musique était partout présente, sur les tombes ensoleillées, dans l'ombre du studio de musique de la rue Pelleport, dans nos cœurs chavirés... Merci aussi à toutes et tous pour vos messages de sympathie que j'ai fait suivre...