On voudrait toujours inventer. J'ai photographié une route qui s'est écroulée, mais je me rends compte que la boucle d'un circuit automobile eut mieux rendu cette désagréable impression de faire du sur place. Pendant les vacances je me suis laissé aller à ne rien attendre, espérant que les idées se pointraient seules, sans qu'on les sollicite. Comme ça, dans la détente, subtil mouvement d'aïkido mental tendant à se servir de la force de l'adversité. Heureux ou malheureux, les accidents n'arrivent jamais d'où on les avait subodorés. L'absence laisse deviner un parfum tapi au plus profond de mon souvenir en formation. Les zones inexplorées de mon cerveau susurrent des promesses de plus en plus difficiles à tenir. Plus on avance, plus il devient acrobatique de ne pas se répéter. La falaise s'allonge aussi imperturbablement que l'on se tasse. Pour beaucoup, le style tôt posé, on le décline à toutes les sauces. Certains l'affinent, mais je l'entends comme un déclin. L'idée surgit comme un éclair. Puis, emboîtant le pas à la lumière, le tonnerre déchire le silence. En enregistrant mon improvisation, j'épingle ce papillon, fulgurance éphémère que mon filet méthodiquement capture. Mais combien de jours à chasser sans que ce gibier de potence ne sorte du bois ! Serais-je aveugle, serais-je sourd ? S'il faut bien lui passer la corde au cou, le nœud coulant montre que la boucle est de plus en plus courte.