Avant de chroniquer 1time, le nouveau CD d'André Minvielle, j'ai longtemps cherché mes mots. J'aurais aimé écrire une chanson en bouts rimés pour lui rendre hommage, mais c'est trop de travail. Or j'ai déjà les miennes sur le feu, préparées pour un gros projet perso commencé il y a déjà six ans et que j'aimerais terminer l'année prochaine. Alors voilà, je passe et repasse l'album de Dédé sur la platine en me demandant comment l'aborder.
Ça commence par un Intime One Time forcément extime lorsqu'on l'offre au public en invitant le vieux compagnon Bernard Lubat au piano Fender, un tube nougaresque qui n'annonce pas la couleur tant l'éventail des chansons donne de l'air et des paroles à la chaleur du sud-ouest. Abdel Sefsaf scatte Le facteur d'accent d'une belle originalité, un enfant samplé joue aussi avec les mots en prenant L'ascenseur, le saxophone d'Illyes Ferfera africanise Sacré Eole, le trio de cuivres Journal Intime fait swinguer Le verbier, quantité d'invités formidables donc, avec aussi Fernand Nino Ferrer à la basse, Sylvain Marc à la guitare, Juliette Minvielle au piano, Georges Baux au clavier... Mais surtout il y a le peps de l'auteur, noteur, botteur, dotteur, docteur, moteur, roteur, sauteur, qui jongle avec les vers à faire bouger les jambes d'un cul-de-jatte ! Il improvise parfois, écrit et compose souvent, quand ce ne sont pas les musiques de Lubat, Marc Perrone, Richard Hertel, ou les paroles de Jacques Prévert ou André Benedetto. Il s'est fait construire une mainvielle à roue par Jacques Grandchamp, il éructe et percute, échantillonne des voix du cru et du cuit, ravivant les mythologies de France et de Navarre ou expérimentant pour révéler de nouveaux paradigmes, autant de représentations du monde cachées derrière les mots et portées par la musique de la langue. Héritier de Bobby Lapointe et Claude Nougaro, mélangeant jazz musette et funk occitan, Minvielle a inventé un scat à la française, blues râpé qu'il nomme vocalchimie. À l'ère de l'anthropocène qui menace nos existences, son nouvel album ne s'en laisse pas conter, il jouit de chaque jour qui naît pour en faire une fête... St Cop, brillez pour nous !

→ André Minvielle, 1 time, Complexe articole de déterritorialisation, dist.L'autre distribution, sortie le 23 septembre