L'Unis Vers de Mathias Lévy
Par Jean-Jacques Birgé, lundi 2 septembre 2019 à 07:05 :: Musique :: #4228 :: rss
Mathias Lévy a plus d'une corde à son archet. La première est la sensibilité ou la finesse du jeu. Pas de notes en trop ni de bavardage comme chez tant de violonistes et musiciens de jazz. La seconde est la variété. Où qu'il soit il se transforme en caméléon sans perdre sa voix. Lorsque je l'ai entendu alors qu'il accompagnait la bandonéoniste Louise Jallu, mes oreilles n'ont fait qu'un tour. La troisième est son inventivité. Il suffit d'écouter le trio que nous avons formé en mai dernier avec la contrebassiste et chanteuse Élise Dabrowski pour l'album Questions. Mathias Lévy était venu me voir pour participer à l'un des laboratoires que j'ai inaugurés il y a déjà dix ans avec les improvisateurs les plus ouverts et les plus imaginatifs de la scène actuelle. Il m'a demandé de trafiquer électroniquement son jeu en direct aussi bien qu'il s'est saisi de mon saxophone alto ou de mon venova. Il doit sa soif d'apprendre sans cesse à son parfait placement dans le temps. L'équilibre entre le passé qu'il assume remarquablement, on l'aura apprécié avec ses deux superbes albums précédents Revisting Grappelli et Bartók Impressions, et un avenir façonné par son insatiable curiosité ne nous permet pas de savoir quel chemin il empruntera la prochaine fois...
Que dire alors de son nouvel album intitulé Unis Vers ? Qu'il porte bien son nom. D'abord, parce que son trio avec le contrebassiste Jean-Philippe Viret et le guitariste Sébastien Giniaux est un vrai groupe, ensemble solidaire qui interprétait déjà le surprenant Revisiting Grappelli. Les deux invités de marque, le violoncelliste Vincent Segal et l'accordéoniste Vincent Peirani s'y fondent excellemment pour cette traversée vers... Ensuite, cet univers est rempli de tendresse et de joie de vivre, de vivre la musique en oubliant tout le reste. Pas totalement non plus, puisque la Philharmonie de Paris lui a prêté le violon de Stéphane Grappelli pour cet enregistrement merveilleux. C'est le principe de la collection Stradivari, prêter des instruments historiques du Musée de la Musique, pour que le patrimoine se conjugue au futur. Mathias Lévy lui fait honneur tout en s'affranchissant des clichés, pétrissant cette pâte pour créer quelque chose d'inattendu, comme chaque fois.
→ Mathias Lévy, Unis Vers, Harmonia Mundi, dist. Pias, 17,99€
→ Concert le 17 décembre à la Cité de la Musique
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