S'il feint À tort et au travers, Jean-François Pauvros a raison, il colle à la plaque. Son disque tourne rond, même s'il est décentré. En s'associant au claviériste Antonin Rayon et au batteur Mark Kerr, il accroche le power trio aux Portes de la perception ! Quant à la basse, il a sa voix de mêlé-cass, cantor arrosé à l'eau de vie peut-être, en tout cas un truc fort qui file la pêche. Le rock n'est pas mort, il bouge encore. Comme dirait Carco dans Jésus-la Caille, beaucoup d’mêlée, pas beaucoup d’casse. Un caramel, c'est carré mou, mais ça colle aux dents. Le public saute sur place. Il marche sur l'eau. Il décolle. J'avais beau être tout petit, je me souviens du perroquet du poète chez lui d'où l'on voyait couler la scène. Sous les ponts de Rimbaud et d'Apollinaire. De la guerre. L'oiseau était en boucle. Ça tanguait dans le pays sage. Cette galette est pleine de surprises, comme si chacun avait la fève à tour de roll. Trois petits rois illuminés qui auraient attrapé la fièvre du samedi soir. Avec eux on ne s'ennuie pas. Grand échalas courbé sur sa guitare, Don Pauvros donne du manche à coups d'effets. À une époque, on aurait appelé free-rock cette ébriété, pour clamer la liberté et son fantôme, ou pour endiguer la transe sans en faire des tonnes. La mer du Nord à marée basse chausse les potes de ces lieux. Des chats, des chauds, c'est sûr. Pas une once de symbolisme, mais une vision abstraite de l'histoire du rock...

Jean-François Pauvros avec Antonin Rayon et Mark Kerr, À tort et au travers, CD nato, dist. L'autre distribution, sortie le 17 Juillet 2020