Mon nouveau synthé russe se joue à deux mains, mais je dois tenir mon smartphone pour prendre la photo. Si je veux profiter des glissés du gyroscope et phénomènes de gravité en l'inclinant et le secouant, il vaut même mieux que je m'en saisisse carrément, mais pour l'instant j'apprends à m'en servir. Comme les quatre autres instruments fabriqués par Soma que je possède déjà, mon nouveau jouet n'obéit pas du tout aux principes habituellement développés sur les appareils fabriqués au Japon, aux États Unis ou ailleurs. Ce synthétiseur numérique polyphonique et microtonal ayant relativement peu de boutons, il faut apprendre les combinaisons de touches et l'ordre des commandes pour en jouer aisément. Lorsqu'on commence à les assimiler, Terra devient un instrument extrêmement intuitif permettant d'improviser à la volée. Il n'y a pas de menu, pas d'écran. Les commandes sont tactiles, particulièrement agréables à manipuler, sortes de contacteurs semi-sphériques très doux, recouverts d'une fine couche de laque, réagissant à la largeur de surface du touché, donc à la pression des doigts et à la vélocité. La synthèse est un mélange complexe de modulation de fréquence, d'additive, de soustractive, de modèles physiques et je ne sais quoi. L'objet est plus profond qu'il n'en a l'air et je me demande si je saurai un jour utiliser toutes ses ressources. Il y a une partie Midi, 13 modes d'arpégiateur, 8 formes de LFO, 96 presets de timbres programmables, filtres et enveloppes, réverbération et délai, des transpositeurs sophistiqués, un stockage possible sur USB, il est stéréo et je deviens maboul si j'essaie de tout comprendre trop rapidement, car les commandes obéissent différemment en fonction des 32 algorithmes.
Je pensais l'utiliser mercredi dernier pour le nouveau Pique-nique au labo avec Bruno Ducret et Olivia Scemama, mais nous avons dû reporter la rencontre à août suite à une annulation de dernière minute du train de Bruno. Ce genre de mésaventure semble de plus en plus courante à la SNCF. Est-ce la dilatation des rails sous la chaleur grandissante ou une mauvaise organisation (l'une influant sur l'autre) je l'ignore, mais le train cet été n'est pas plus fiable que l'avion ? Quant aux travaux de la RATP, probablement en prévision des Jeux Olympiques, ils obligent à faire parfois le soir de longs trajets à pied. Heureusement j'ai mon vélo et pour l'instant je reste à Paris. J'en profite pour fourbir mes armes sur mon tronc d'arbre, en l'occurrence apprivoiser le Terra de manière à ce que mon approche soit la plus personnelle possible.