vendredi 3 octobre 2008
Rêve de palmiers
Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 3 octobre 2008 à 01:27 :: Pratique
Pas question de le croquer avant de l'avoir terminé, disait Auguste Renoir à sa cuisinière tandis que la famille affamée attendait qu'il ait fini de peindre le poisson pour passer à table. Photo ! Le palmier de la boulangerie de la Place du Vel d'Hiv aux Lilas est à se damner. Contrairement à la pâte feuilletée croquante qui s'effrite souvent, il est moelleux comme un oreiller qui aurait retrouvé ses formes au réveil. Il fond dans la bouche, mortel ! Je le retourne, comme un "cœur, pareil à une flamme renversée". C'est le calligramme gravé sur la tombe de Guillaume Apollinaire au Père Lachaise. J'aimerais que sur la mienne on distribue des palmiers qui font rêver d'ailleurs, paradis artificiels qui vous réconcilient avec la vie, promesses de lendemains qui chantent... Son parfum de sucre colle aux dents comme une douce vitamine. À 31 ans, je me souviens m'être dit qu'un jour j'aurai de quoi m'acheter un croissant lorsque j'en aurai envie. Il faut apprendre à être patient. Ah, le lyrisme boulanger !