vendredi 24 octobre 2008
Angoisses au tamis du rêve
Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 24 octobre 2008 à 00:01 :: Perso
Je me suis réveillé au milieu de la nuit parce que "mon problème était d'être à l'heure". Pour ne pas arriver en retard à l'école, je courrais tous les jours avec mon cartable qui pesait une tonne. Je n'ai pas manqué un cours. Plus tard, je faisais le tour du pâté de maisons pour ne pas être en avance à mes rendez-vous. Je refusais d'entrer au cinéma si la séance était commencée. Pourquoi Françoise s'arrange-t-elle toujours pour que nous arrivions au dernier moment à la gare, quitte à rater le train ? Poussée d'adrénaline et de sueur au compteur ! À notre première sortie, elle est d'ailleurs arrivée dix minutes après que La symphonie du hanneton soit commencée. J'ai compris que cela ne serait pas facile, ni pour l'un ni pour l'autre.
Car la phrase de mon rêve cachait un autre sens. Il apparut comme je la répétais à voix basse en allant chercher un verre d'eau dans la salle de bain. "Mon problème était d'être râleur". Celles et ceux qui me connaissent savent que mon ton cache parfois mes intentions. Ma voix haut perchée peut devenir très désagréable si je m'emporte. Entendre là : lorsque la passion me fait m'envoler vers de hautes sphères jusqu'à dévaler la pente comme des boules de bowling sur des montagnes russes, la démonstration du tribun produisant une excitation à flanquer le vertige à mes interlocuteurs jusqu'à les rendre sourds. On peut me croire agressif, alors que ce n'est nullement mon propos. Quand il le faut, je sais aussi me défendre sans ambiguïté et j'ai vu des cheveux se dresser à l'horizontal devant ma réelle colère. Il ne s'agit pas de cela, mais d'un quiproquo généré par mes angoisses et celles de mes victimes. Je le suis aussi, bien évidemment, les miennes s'exprimant par le hiatus, les leurs par le motus.
Nous voilà bien ! Comprenez que dès lors il me soit impossible de me rendormir...