mardi 20 janvier 2009
Où est la maison de mon ami ?
Par Jean-Jacques Birgé,
mardi 20 janvier 2009 à 00:36 :: Humeurs & opinions
Déjà pas très en forme, je n'aurais pas dû regarder le film d'Abbas Kiarostami. Pourquoi les films où la pression sociale est forte et paraît immuable me dépriment-ils ? Pourtant, par ses initiatives, Ahmad, le gamin de huit ans, se révolte à sa façon contre l'absence d'écoute des adultes qui l'entourent. Pour les mêmes raisons, je ne supporte pas mieux les films où un personnage s'impose sans que personne n'ose l'éjecter, comme dans "Harry, un ami qui vous veut du bien" de Dominik Moll. La révolte qui gronde en soi sans pouvoir s'exprimer m'est pénible. Je ne suis pas non plus un fan du réalisme qui prétend calquer la vérité. Bien que Où est la maison de mon ami ? soit un beau film, je me suis ennuyé jusqu'à broyer du noir.
Le terrain était propice. Les nouvelles de début d'année ne sont pas des plus réjouissantes et je sais qu'il me faudra attendre quelque temps avant l'arc-en-ciel annonciateur du printemps. Bernard nous fait des frayeurs avec sa santé, mon camarade d'enfance Paul se tue en tombant dans son escalier le jour des 18 ans de sa fille, Maman met sa société en faillite, je n'arrive pas à réparer la dynamo de mon vélo, mon rhume sec m'empêche de dormir, etc. Tout peut devenir élément de contrariété, des choses graves à des futilités.
Comme je sais que l'on ne peut pas éviter les mauvaises nouvelles et que la vie est marquée par l'alternance entre bonnes et mauvaises, j'ai trouvé la solution la moins douloureuse : je réduis le temps pénible à son strict minimum. Ne pouvant influer sur l'intensité de l'oscillation, je travaille sur sa fréquence, entretenant de larges crêtes et rendant les creux aussi étroits que possible.
Je me replonge dans le travail pour ne pas virer à la dépression. Ne me dites pas que c'est une fuite en avant, cela a le don de m'énerver. Du volontarisme, d'accord. À quoi sert-il de se lamenter ? L'actualité suffit à m'abattre. Israël, admiré sur son flanc nord pour ses frappes chirurgicales, se flatte de ses succès criminels dans sa région sud, détruisant la culture juive dont je me targuais enfant. De son côté, notre capricieux président détruit la culture française dont j'étais si fier à l'adolescence. J'ai mal à l'homme. Partout, on tue de plus belle, on saccage, on méprise, on exploite, mais la révolte se fait attendre. L'anesthésie est efficace. Il est des matins où elle ne fait plus aucun effet.
Illustration : Tombe de 3300 ans avant J-C.