vendredi 23 juin 2017
Illusions caniculaires
Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 23 juin 2017 à 00:09 :: Perso
Il faisait si chaud que je confondais les effets d'optique intentionnels avec des hallucinations. Un balayage de gauche à droite offre une lecture de l'image que le jardin renvoie. Si la maison se construit derrière chez nous en fond de parcelle nous aurons d'autant plus besoin de miroirs pour renvoyer la lumière. Dans la rue nous récupérons les portes d'armoires à glace abandonnées. Le charme, qui se porte comme tel, camoufle le début du mur cassé offrant une vue sur la mer inattendue. Le revêtement jaune du studio se réfléchit dans la porte vitrée du sauna. La semaine dernière nous avons coupé tous les bambous morts, ajourant ainsi notre petite bambouseraie dont les tiges poussent chaque année plus épaisses. Repartons dans l'autre sens. Il faudrait bien tous les satisfaire. Aucun serpent charmé ne sortira de la jarre, mais Oulala et l'un de ses petits passent comme si de rien n'était. En attendant leur départ pour de nouvelles demeures nous avons appelé les chatons du nom de leurs futurs serviteurs. Marie-Christine, aventurière et casse-cou, est beaucoup plus chétive que les deux autres. Sonia, câline et couineuse, ressemble comme deux gouttes d'eau à Pascal, le plus costaud, souvent fourré dans les jupes de sa mère ! Ils sont aussi choux les uns que les autres, Django faisant office de père ou de grand frère. Il n'y a rien de tel que le son des petites pattes des bestioles jouant à chat sur les planches pour nous ravir. Zig zag. Et je n'ai rien dit des canards. Les troncs auxquels ils grimpent sont ceux d'un vrai palmier et du bouleau pleureur. Le caillebotis nous permet de nous doucher avec le tuyau d'arrosage sans gâcher d'eau. Le reste est hors-champ. On ne peut qu'imaginer la terrasse construite à partir du remblais des parties pleine terre creusées dans le ciment. La maison dont nous jouons des courants d'air, le studio dont la double paroi conserve la fraîcheur et le garage sur lequel les minous grillent au soleil sont hors-champ. L'illusion consiste à les évoquer sans les montrer. Tout en retardant les articles de la semaine prochaine, ne publiant plus le week-end depuis déjà sept ans, m'étant aperçu que les lecteurs étaient plus rares en fin de semaine et que cela me permettait de souffler... J'attaquerai probablement avec le prochain disque de Vinicio Capossela et les deux nouvelles expositions de la Maison Rouge.