Ramuntcho Matta, le meccano de la minimale
Par Jean-Jacques Birgé, mercredi 24 janvier 2007 à 00:12 :: Musique :: #401 :: rss
Dans la chanson Mes plus grands succès, Ramuntcho Matta conduit un train à vapeur numérique sur des images rassemblées par Chris Marker et montées par Valéry Faidherbe. On croit reconnaître Vertov ou La glace à trois faces de Jean Epstein. Rien d'étonnant à cela lorsqu'on connaît le scénario de ce film admirable de 1927 : c'est le portrait d’un homme à travers trois femmes ; les fragments de plusieurs années viennent s’implanter dans un seul aujourd’hui ; l’avenir éclate parmi les souvenirs.
Tout l'album éponyme est une suite de paradoxes minimalistes en avance sur leur temps qui revisitent les souvenirs du musicien. Les morceaux originaux, enregistrés il y a souvent vingt-cinq ans, font renaître à la vie les copains d'antan. Ses fantômes peuvent se nommer Brion Gysin, Don Cherry ou John Cage. Ramuntcho a connu le succès populaire lorsqu'il vivait avec Elli Medeiros et cosignait l'album Toi mon toit avec, entre autres, A Bailar Calypso ; la chanteuse est présente ici et là dans les chœurs. Ramuntcho Matta est l'un des rares compositeurs à s'être intéressé au multimédia ; le site de son album en garde les traces, disques qui tournent sur eux-mêmes lorsqu'on glisse la souris dessus, animations vidéo d'Alice Truche, Frédérique Sansnom... Son site perso est bourré de petits joyaux, images de lui-même et de la généalogie (Ramuntcho est un des fils du peintre Matta) comme extraits sonores des musiques qu'il a écrites depuis ses plus jeunes années. L'album avec Don Cherry étonnera les amateurs de jazz. Les dessins de Ramuntcho font écho à ses chansonnettes. L'histoire de ce disque est moins tendre. Le compositeur s'est fait voler ses ordinateurs avec son travail de trois années. Incapable de tout recommencer, il a plongé dans ses archives avec curiosité et a réussi à se surprendre lui-même. C'est aussi l'histoire d'une convalescence après une grave maladie qui l'a paralysé pendant de très longs mois. Cet album marque sa double résurrection.
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