J'ai commencé ce blog il y a trois ans pour ne plus rabâcher en société. Du moins, c'était une des raisons. Une façon de me débarrasser une fois pour toutes des sujets qui me tarabustent et me poursuivent. J'étais enfin libre d'écouter patiemment mes interlocuteurs. Avec le temps, je crains que la tendance s'inverse. À bloguer sept jours sur sept, je ne sais plus ce que j'ai raconté, je perds le fil, je crains de placer une illustration pour la seconde fois. On peut toujours jouer le thème et ses variations. Peut-être m'inquiète-je pour rien ? Je me demande si je ne devrais pas changer de support ou de protocole. Ce n'est pas la première fois. La preuve !

Le disque sur lequel je travaille est une manière de blog. Respect de la chronologie sans lésiner sur les retours en arrière et les spéculations sur le futur, les relectures et les croisements contre nature, les mises en perspective et les recyclages. Ces derniers jours, j'ai exhumé des enregistrements que j'avais totalement oubliés, certains très aboutis, d'autres en attente, là quelques bribes surprenantes. Ils constituent déjà une première passe. Mes fantômes font la queue à l'entrée du studio. Raviver le passé permet d'envisager l'avenir. Je coche les tâches effectuées pour passer à autre chose. Un siècle, montre en main.

Le réfrigérateur ne fait plus de bruit depuis que le réparateur a remplacé le ventilateur. Françoise enregistre en studio quelques phrases pour prendre ses distances avec son sujet. Sonia et Farnaz forment le chœur de mes enfantillages. Antoine place mes notes distordues sur un miroir sans tain. Cinq opérations sans rapport les unes avec les autres, mais qui permettent de battre les cartes de mon projet sans craindre qu'elles parlent, révélant prématurément mes secrets. Un code brouille les pistes sans même que je m'en aperçoive. On appelle souvent cela de la musique.