70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 18 décembre 2010

Paris-Lille-Paris sous la neige


J'ai laissé un message à Françoise à La Ciotat pour la rassurer que je suis bien rentré. Nous sommes partis chercher nos 100 lapins à Lille où ils viennent de se produire deux semaines à EuraTechnologies. À l'aller le ciel est bleu, nous filons comme des météores, des draps propres bordent notre route, les terrils impriment leur image en négatif. Au retour nous nous retrouvons dans une poisseuse tempête de neige. Soudain on n'y voit plus à dix mètres. Comme mes yeux sont collés au pare-brise pour distinguer ce qui reste des traces de pneus de la voiture qui est passée avant nous je tends l'appareil à Antoine. Il n'y a plus personne sur la voie de gauche. Il suffit de rouler en cinquième sans freiner ni tourner les roues et de se laisser glisser jusqu'à Paris.
La plupart des automobilistes perdent leurs moyens face à des conditions climatiques inhabituelles. Ça patine au lieu de démarrer en seconde. Ça prend des risques inconsidérés en faisant du pare-choc contre pare-choc, encordés pour ne pas céder au vertige. Les impulsifs déboîtent sans prévenir. Lorsque je conduis je ne fais confiance à personne, particulièrement aux poids lourds qui abusent souvent de leur masse, exténués par les cadences infernales qu'ils subissent.
Les informations autoroutières prennent la main sur le lecteur CD, mais n'évoquent que des accidents en Normandie. Tant qu'il faisait beau, Steve Reich accompagnait le mouvement, mais quand le blanc obscurcit le ciel je préfère Natacha Atlas pour réchauffer le paysage. Les champs ressemblent à des lacs gelés. Mounqaliba, son dernier album a beau être "in a state of reversal" (en état de renversement ?) il ressemble trop à n'importe quelle station de radio maghrébine. Quitte à voyager vers l'Afrique du Nord, j'aurais préféré Le triomphe de l'amour d'Areski Belkacem, l'ombre lumineuse de Brigitte Fontaine, son tuteur comme on dit d'une fleur. Arrivés à la maison j'ai posé sur la platine son rayon de miel doré pour faire fondre le verglas autour de la maison...

mardi 30 novembre 2010

Ils s'en frottent les oreilles


L'atrium où nous travaillons toute la journée n'est pas chauffé. Puisque les lapins agitent leurs oreilles comme des maracas nous les imitons en tapant des pieds, mais les dalles restent de glace. Le magnétophone qui enregistre l'opéra Nabaz'mob n'entend que les rongeurs, car pour la première fois nous sommes en prise directe. Les 7 baies de 16 voies répartissent la musique en se calquant sur la position des 100 lapins dans l'espace, le timbre granuleux des v2 est fidèlement restitué par les haut-parleurs dissimulés au-dessus et sous leur podium. C'était l'occasion ou jamais de réaliser un bon enregistrement ! Nous avons pu vérifier les différences d'avec les v1, jeu par blocs au lieu des réactions individuelles habituelles, son plus rond et plus fort... Cette seconde génération de lapins est aussi nettement plus susceptible, certains s'interrompant et redémarrant quand cela leur chante. Se la péteraient-ils depuis qu'ils ont joué dans l'enceinte du Louvre, alors qu'ils ne connaissaient que Paris jusqu'à aujourd'hui ? Le jeu sur le contrôle et le chaos comme l'impossible système démocratique qu'ils entendent incarner (on devrait plutôt dire emplastiquer, mais nous risquerions une descente d'encagoulés au petit matin dans notre épicerie) sont d'autant plus explicites.


À EuraTechnologies la multitude des petits stands montés autour de Nabaz'mob pour Les rencontres Net inquiètent les animaux ventriloques qui n'aiment pas forcer sur leurs voix. Jusqu'au 16 décembre ils interpréteront notre opéra du lundi au vendredi de 8h à 20h (entrée libre) à l'invitation de la Mairie de Lille, de la Direction de la recherche, de l'enseignement supérieur et des TIC du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais dans le cadre de « Lille, ville d’arts du futur » dédié aux expérimentations « arts et nouvelles technologies » et visant à impulser des projets mêlant arts et innovation.
Si la capitale des Flandres est une ville belle et accueillante, nous n'avons pas poussé le bouchon jusqu'à monter sur la grande roue qui illumine la Grand Place, mais nous avons goûté le welsch d'une belle couleur carotte, des tourtes au maroilles, aux endives, aux poireaux, des moules, des frites, arrosés de bière comme il se doit, ayant bien besoin de nous réchauffer avant de reprendre la route...

lundi 29 novembre 2010

Nabaz'mob à Lille


Antoine Schmitt et moi installons Nabaz'mob à Lille dans l'atrium d'EuraTechnologies au milieu des palmiers et des plantes grasses. L'immense hall de 1600 m², lui-même au centre du pôle de 150 000 m² dédié aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), nous oblige à inaugurer une nouvelle configuration. La cathédrale de verre ayant beaucoup de similitudes acoustiques avec un hall de gare, le système de 24 microphones que nous utilisons régulièrement risquait d'être un vrai désastre. Pour la première fois chaque lapin sera sonorisé grâce au mini-jack caché dans le bas de son dos. Les 100 bestioles qui n'ont jusqu'ici paru en public qu'au Musée des Arts Décoratifs à Paris reprennent du service, car seuls les v2 possèdent ce petit derrière. Pendant cinq mois ils avaient interprété l'œuvre en boucle plus de 2000 fois ! Ce deuxième ensemble va donc devoir occuper 100 voies pour être mixé dans le panoramique qui restituera l'opéra, créé en 2004 au Centre Pompidou, auquel les v1 prêtent d'habitude leurs voix pendant leur périple autour du monde. Le podium est couvert d'une tente ouverte sur ses faces avant et arrière, donnant au chapiteau une allure de baraque de foire. Espérons que les informaticiens ne prendront pas l'œuvre, installée là jusqu'au 17 décembre, pour un stand de tir. Nos petits amis n'ont aucun sens de l'humour.