Rien n'est plus aveuglant que le gypse blanc sous un soleil brûlant. Tout est blanc, trop blanc, troublant. Nos yeux se plissent pour laisser passer le minimum de lumière par leurs fentes, tout en admirant l'extraordinaire paysage de dunes des White Sands, un désert de sable fin où rien ne pousse. La terre, chauffée à blanc, brille de tous ses feux. Nous ne voyons plus aucun yucca, aucun agave, aucun cactus, même s'il paraît qu'il en pousse parfois. La plupart des animaux sauvages ne s'y risquent à sortir qu'à la nuit. J'imagine pourtant Vil Coyote courser Bip Bip en éclaboussant de gypse l'air qui vibre de chaleur. Nous gambadons allègrement. Les grains glissent sous nos pas comme si nous étions pris dans le flot d’un sablier. Pas loin s'étendent les terrains militaires où sont testés les armes atomiques. Un parfum de fin du monde flotte sur cet endroit surexposé. Presque toutes mes diapos se révèleront blanches, transparentes, avec nos corps d'extraterrestres irradiés comme si nous nous évaporions.

(extrait de mon roman USA 1968 deux enfants / sur la photo ma sœur Agnès et moi, 13 et 15 ans cet été-là)