Avec son exposition Chaînons manquants, le vidéaste Jérôme Lefdup joue sur le paradoxe temporel, quand l'avenir exhume le passé dans un présent plus fragile que jamais. Par la magie de la réalité augmentée, des œuvres créées il y a 20 ou 40 ans sont ranimées par une application gratuite pour smartphone, EyeJack, qu'il avait déjà utilisée pour la pochette du vinyle Addendum, réalisée avec son frère aîné Denis, compositeur et designer sonore. Parce qu'il n'y a pas un, mais deux Lefdup, parfois signant simplement Lefdup & Lefdup ! Cette fois c'est la fête du cadet qui présente une collection de petits tableaux augmentés et d’objets-vidéo où l'illusion du relief renvoie à la magie de l'enfance. En scannant le QR-Code placé sous chacun, les images s'animent, offrant une petite danse d'art naïf soulignée par une charmante musique répétitive et rythmique. Je pense à la phrase d'un spectateur ou d'une spectatrice relevée par Jean Cocteau, en 1917 au Chatelet, lors de la première de Parade créé avec Erik Satie, Léonide Massine et Pablo Picasso : "Si j'avais su que c'était si bête, j'aurais amené les enfants". Ils adoreront Chaînons manquants, comme celles et ceux qui n'ont pas perdu l'innocence de savoir encore jouir du merveilleux.


Lors du vernissage lundi soir les amis étaient au rendez-vous. Je suis toujours heureux de croiser Martin Meissonnier qui me rappelle le petit Martin lorsqu'il était assistant à France Musique dans les années 70 alors qu'il est devenu un grand producteur et réalisateur. Plus loin j'aperçois Marc Caro dont les films rappellent nos premières lectures de bandes dessinées ou Bertrand Belin, venu en voisin, en discussion avec Denis dont les roues sont peintes telles un phénakistiscope, couleurs vives qui tranchent avec la grisaille urbaine. J'écoute Tambour Vision en tapant ces mots, Que dalle tout...


→ exposition Jérôme Lefdup, Chaînons manquants, jusqu'au 30 novembre 2023, tous les jours de 14 heures à 19 heures
→ projection d’une double compilation Lefdupienne le samedi 25 novembre à 20h30
→ décrochage le jeudi 30 novembre à partir de 18 heures
à la Guillotine / Les Pianos - 24 rue Robespierre à Montreuil, atelier au fond de l’allée dans un des anciens entrepôts des pianos Hanlet