Une couverture de François Schuiten, des musiciens aussi prestigieux que variés parmi lesquels David Krakauer, Evan Ziporyn, David Torn, David Linx, Mike Ladd, Thomas Bloch, Christian Zanési, des paroles de Laurie Anderson, le tout chapeauté par le compositeur Bruno Letort que je connaissais évidemment comme homme de radio pour avoir joué plusieurs fois à son émission Tapage nocturne pendant les vingt ans où il officia à France Musique, le disque Black Museum a de quoi me mettre la puce à l'oreille. En 1998 j'avais participé à son livre Musiques plurielles, mais je me souviens surtout du professionnalisme de Bruno Letort lorsqu'il s'agissait de présenter le travail d'un de ses collègues ou de les interviewer à l'antenne (cf. quelques unes de mes interventions aux index 4, 6, 16, 24, 27). Pourtant il ne cessa jamais de composer depuis son premier album en 1982, ni de collaborer avec Schuiten et Peeters, Richard Galliano ou Wally Badarou, Jean-Claude Petit ou Bruno Coulais, Ghédalia Tazartès ou Henry Selick, et tant d'autres comme Stromae dont il arrangea six chansons de son album Multitude. Alors pourquoi ai-je immédiatement pensé à Hector Zazou ? Peut-être pour cette aptitude à embarquer du monde avec lui au cours de ses aventures, aboutissant à une sorte de nouveau baroque...


Un univers dramatique, rythmiques généreusement lourdes, guitares saturées s'envolant dans les cintres, clarinettes, cor et basson, quatuors à cordes et renforcement par les cordes en général, la musique de Black Museum est à la fois chargée et entraînante, comme si le feedback servait de fil d'Ariane. Les improvisations y générant l'écrit, cette pratique suscite l'empilement. Les sons électroniques jouissant d'une grande liberté se mêlent aux archets obstinato. Letort est aux claviers, aux sons électroniques et aux percussions. Et les voix de commenter ici et là cette bande dessinée sans images.

→ Bruno Letort, Black Museum, CD Soond, 16,99€, sortie le 26 avril 2024