Je regrette de ne pas avoir acheté un petit enregistreur de poche comme celui d'Olivier pour capter les sons des gibbons le matin dans la brume de la jungle, la coquaphonie d'Houeisai, la descente de la rivière, la symphonie nocturne de Nong Khiaw ou des îles du sud. On ne sait pas toujours si ce sont des insectes, des batraciens ou des oiseaux de nuit, mais je reconnais les sons qu'imitent les instruments que j'ai rapportés de mes précédents voyages. Je pourrais m'en délecter pendant des heures. La nature a inspiré la lutherie de tout le sud-est asiatique : crapaud-guiro, castagnettes, rhombes, crécelles...
J'adore la musique qui se joue au loin dans les villages. J'apprécie moins le sirop américanisé que nous imposent des heures durant les conducteurs de bus ou le saxophone gerbant diffusé dans certains bars de Bangkok. Le tempo est immuable, chanson après chanson, la variation semble affecter seulement les paroles qui nous échappent.

Un orchestre typique thaï nous accueille à l'entrée du Mango Tree, sorte de gamelan composé d'un clavier de lames, d'un instrument à cordes frottées, d'un hautbois et d'un tambour. Ici, c'est un ensemble du Laos.

Nulle part je n'entendrai de khen, l'orgue à bouche dont la musique fait irrésistiblement penser à Steve Reich. Je trouve quelques VCD délirants dont un karaoké sur la guerre Laos/Vietnam avec des images d'archives et un autre chanté par des enfants pour le Nouvel An du Rat. Les percussions en métal y explosent... J'achète quelques disques de musique traditionnelle et du rap lao, l'éclate !

Un joueur de hou-kin, le violon monocorde (en fait l'archet est coincé entre deux cordes), fait la manche devant un temple. On entend assez peu de musique pendant tout le voyage. Essentiellement résonne partout le son de la télévision qui ne s'arrête qu'au moment de dormir.