Hier dimanche, Olivier Sens (à gauche sur la photo avec les cheveux décolorés) organisait un atelier-découverte autour de son logiciel de création sonore Usine dans le cadre du festival Electrolyses aux Lilas. Tandis que David Fenech, qui m'en avait averti le matin, assistait aux présentations d'une dizaine d'artistes dans la salle de spectacle du Triton, dans les loges je profitai des conseils de Benjamin Mousset (le barbu à droite) et d'Olivier qui installaient, expliquaient, commentaient le logiciel.
Usine permet de construire sa propre configuration d'instruments virtuels pour la scène et d'en jouer "live" en retrouvant des gestes instrumentaux qui font le plus souvent défaut aux logiciels musicaux. Echantillonnage sonore en temps réel, traitement par effets sonores, raccourcis physiques des commandes, etc., Usine permet d'automatiser des manipulations fastidieuses en les réduisant au geste le plus simple pour pouvoir en jouer sans perdre le fil de l'inspiration musicale, voire d'improviser librement sans être encombré par la technique. Cela implique évidemment de configurer en amont les gestes dont on a besoin, choisis parce qu'ils conviennent à la musique imaginée. À chacun de faire le tri dans les immenses possibilités offertes par Usine pour s'approprier celles qui vous correspondent. D'autant qu'Usine peut vampiriser n'importe quel plugin VST et intégrer ses fonctions au tableau de commande que l'on se sera dessiné. Le logiciel consiste en patches, des synapses entre les différents éléments et leurs possibilités fonctionnelles, et en l'analyse en temps réel d’un signal d’entrée pour pouvoir ensuite y réagir et régler les paramètres des modules / insérables de façon à modifier le son.
Comme il ne tourne que sur PC, il faut auparavant installer une partition Windows sur mon Mac. Hélas pour moi, Bootcamp se révèle incapable de bien faire ce travail vu la quantité de mémoire libre sur mon disque dur. Qu'importe ! J'ai pu constater que les nombreux Macophiles présents le faisaient marcher correctement sur leurs PowerMac. Si Usine m'emballe je pourrai toujours régler le petit problème en question ou acquérir un portable PC avec un écran tactile. Benjamin qui prenait le temps d'aider tous les novices dans mon genre à installer, configurer, régler, travaille sur un Clevo avec une carte RME tandis qu'Olivier a collé un écran tactile sur son PC. Le geste devient alors évident.
Sans perdre en studieuse concentration, il régnait dans les loges une douce euphorie entretenue par toute l'équipe d'aficionados d'Usine. Plutôt que de "commercialiser" au sens fort son logiciel, Olivier Sens a choisi de créer une sorte de confrérie des amateurs d'Usine. Il y a un petit côté artisanal dans tout cela qui rend l'affaire très sympathique. Les professionnels ne s'y sont pas trompés. Il existe d'autres manières de faire, en particulier lorsque l'on travaille avec des machines en dur, mais Usine répond bien aux besoins des musiciens qui affectionnent le virtuel. Comment ne pas y être sensible si l'on s'intéresse à la nouvelle lutherie informatique et que l'on ne veut pas être freiné par les maladresses de la technique ! Une version quasi complète est donc offerte, mais on en trouvera une plus poussée sur le site sensomusic, payante sans être dispendieuse, avec un système de mises à jour renouvelables à l'année.