L'élaboration d'une application iPad met toujours plus de temps qu'espéré. Du fignolage à la résolution du moindre bug nous améliorons sans cesse l'objet de nos rêves. Il en fut ainsi pour La machine à rêves de Leonardo da Vinci créée avec Nicolas Clauss et mon second roman, USA 1968 deux enfants. La première, totalement gratuite, va être traduite en portugais et adaptée pour iPad Air à l'occasion de l'exposition de la Cité des Sciences et de l'Industrie au Brésil, le second bénéficie d'une navigation plus ergonomique et a vu son prix baisser à 2,29 €. Nous finalisons donc Dig Deep, la petite dernière imaginée par Sonia Cruchon et délivrant ses oracles sous forme de films muets. Si les sons d'interface validant les gestes de l'utilisateur sont discrets j'ai composé une délicate musique symphonique pour la couverture interactive, adagio hypnotique qui nous fait pénétrer dans un tunnel dessiné par Mikaël Cixous et programmé par Mathias Franck. Trois pistes stéréophoniques se superposent. Les motifs d'orchestre évoluent selon les inclinaisons de la tablette, les éléments solistes et les cloches de verre sont calés sur l'apparition des photogrammes traversés lors de la plongée. Pour composer la partition sonore je dois tenir compte des différents systèmes de diffusion envisageables : le son mono du haut-parleur intégré filtrant les sons de manière souvent inattendue, l'écoute stéréophonique au casque ou le branchement à une amplification mettant en valeur les timbres choisis. Ensuite je me débrouille pour que les variations générées par l'utilisateur correspondent à la composition que j'ai imaginée.
Parallèlement nous travaillons sur Au boulot, le conte graphique de Mikaël, pour lequel j'ai passé l'après-midi à réfléchir sur la partition sonore et musicale. Trouver d'abord un système, puis le pervertir. Chaque mouvement entre les plans et chaque arrêt sur image sont sujets à réflexion. Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, l'ambiance générale se précise. Façon de parler car la poésie qui s'en dégage laisse une place capitale à l'interprétation de l'utilisateur. C'est le propre de l'art, n'est-ce pas ? J'avance rapidement pour ne pas perdre de vue l'intégralité de la partition, jouant des retours en arrière ou anticipant l'avenir à la manière des prologues opératiques. Du silence qui suivra la couverture interactive, puisque c'est un peu la signature de nos publications, jusqu'à la chute.