70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 17 décembre 2020

Caroline Cellier est morte 55 ans après...


Si j'avais toujours eu un faible pour Lauren Bacall, je me souviens parfaitement que mes premiers émois sexuels se révélèrent le 29 novembre 1965, lors de la première, au Théâtre Gramont, de la pièce de René de Obaldia, Du vent dans les branches de sassafras, mise en scène par René Dupuy. Mon père m'y avait emmené, probablement invités par son ami Francis Lemaire qui jouait le double rôle d'Œil-de-Perdrix, chef des Apaches, et Œil-de-Lynx, chef des Comanches. La pièce ne pouvait que m'emballer alors que je dévorais les romans de Johnny Sopper dans la collection Western du Fleuve Noir. Et puis voir Michel Simon jouer John-Emery Rockefeller est un souvenir inoubliable, son dernier rôle au théâtre. Si la distribution offrait Françoise Seigner, Bernard Murat, Jacques Hilling, Michel Roux et Rita Renoir, c'est Caroline Cellier, débutante de 20 ans, qui me renversa sur mon siège. Elle suggérait le coït en l'appelant quelque chose comme "xitelt xitelt". C'est gravé quelque part dans la mémoire approximative d'un enfant de 12 ans, mais chaque fois que j'ai vu la comédienne au cinéma, j'ai eu un pincement au cœur. Allez savoir ce que j'y décelai ! Nous étions allés rencontrer les comédiens dans les loges, mon cœur battant. J'éprouvais une petite déception de la savoir mariée à Jean Poiret, et cela me rassurait aussi autrement ! De temps en temps je cherchais ce qu'elle devenait, et l'annonce de sa mort, survenue il y a deux jours à l'âge de 75 ans, tourne une page décisive de ma propre vie.
De même, imaginer que la femme de 30 ans, que j'ai éperdument aimée lorsque j'en avais dix de moins qu'elle, aurait aujourd'hui 78 ans, me trouble terriblement. J'ai tout de même cherché sa trace sur la Toile, mais elle s'est perdue, soit disparue, soit pour avoir changé de nom une fois encore...
Caroline Cellier jouera ensuite pour Lelouch, Chabrol, Molinaro, Sagan, Verneuil, Vadim, Frank, Lauzier, Corsini, Marbœuf, Stora, Girod, Chabat, Boukhrief, et bien sûr dans Le zèbre, seul film réalisé par Poiret.
Ma journée commence tristement, mais je dois heureusement enregistrer ma fille pour sa participation vocale à une chanson de Tony Hymas, ce qui me fera probablement accepter ce rêve qui s'éteint. Nous devons tous et toutes nous habituer à perdre des objets, des amis, et puis la vie.

Photo de Nicolas Treatt

Pique-nique en Birgérama


Pique-nique en Birgérama est le titre que T.C. a donné à son article sur mon dernier album, dans le n°40 du Journal des Allumés du Jazz qui vient de paraître, à moins de deux mois de son édition précédente... Ce journal papier est le seul dans son genre, politique, analytique, polémique, participatif, informatif, depuis que Jazz Magazine est aux mains de censeurs vintage (quelle drôle de conception de la presse !) et que Jazz News fait la sourde oreille, peut-être par manque de personnel ! De plus le Journal des Allumés est gratuit, et on peut également le télécharger ou le lire en ligne si l'on est allergique au papier (comme les excellents Citizen Jazz, les Dernières Nouvelles du Jazz, etc., qui n'existent que sur Internet)...

Pique-nique en Birgérama

Jean-Jacques Birgé est probablement l’un des plus agiles représentants du courant frétillantiste de ce que l’on a appelé un temps la « New Music », qui garde son potentiel de nouveauté au-delà du terme. Particulièrement bien servi par l’actualité discographique avec la réédition enrichie de À travail égal salaire égal de Un drame musical instantané (Klang Galerie), la publication de son anticipation anthropologique Perspectives du XXIIe siècle (MEG) faisant suite à plus anticipé encore, l’album Centenaire de Jean-Jacques Birgé (GRRR – disponible aux Allumés du Jazz) ou le titillant et insolite Long Time No Sea du groupe El Strøm (GRRR – disponible aux Allumés du Jazz), le voici cette fois nous conviant à Pique-nique au labo, sélection en 23 plages des innombrables séances, tant musicales qu’amicales, surgissant de son studio, aussi plein d’invités que la fameuse cabine de la Nuit à l’Opéra. C’est bourré de surprises et d’éclats en tous genres et constitue une sorte de joyeux manifeste bien de notre temps cette fois, qui fait autant, body & soul, la pique que la nique.


JEAN-JACQUES BIRGÉ
PIQUE-NIQUE AU LABO GRRR - GRRR2031-32 - 2020 / 2CD - 15 €

Jean-Jacques Birgé (kb, electronics, plunderphonics, ambience, harmonica, Jew’s harps), Samuel Ber (dm, perc), Sophie Bernado (voc, bassoon), Amandine Casadamont (vinyls), Nicolas Christenson (b), Médéric Collignon (voc), Pascal Contet (acc), Elise Dabrowski (b, voc), Julien Desprez (eg), Linda Edsjö (marimba, vib, perc), Jean-Brice Godet (cassettes, cl), Alexandra Grimal (ts), Wassim Halal (perc), Antonin-Tri Hoang (as, cl, p), Karsten Hochapfel (cello), Fanny Lasfargues (electroacoustic bass), Mathias Lévy (vln), Sylvain Lemêtre (perc), Birgitte Lyregaard (voc), Jocelyn Mienniel (fl, MS20), Edward Perraud (dm, electronics), Jonathan Pontier (kb), Hasse Poulsen (g), Sylvain Rifflet (ts), Ève Risser (voc, melodica), Vincent Segal (cello), Christelle Séry (eg), Ravi Shardja (electric mandolin), Jean-François Vrod (vln)

N.B. de JJB : Klang Galerie a également publié des rééditions, pour la première fois en CD et agrémentés de longs bonus, des vinyles Rideau ! et L'homme à la caméra d'Un Drame Musical Instantané. En mars ce sera au tour de Carnage, épuisé depuis 25 ans, avec en bonus l'enregistrement original de La Bourse et la vie interprété par le trio Birgé Vitet Gorgé et l'Ensemble Instrumental du Nouvel Orchestre Philharmonique dirigé par Yves Prin. Walter Robotka (Klang Galerie) a ajouté Rendez-vous, duo inédit d'Hélène Sage et ma pomme enregistré en 1981 !
Enfin, petite erreur chronologique dans l'article de T.C., mon Centenaire (1952-2052) précède évidemment la catastrophe de 2152 évoquée dans Perspectives du XXIIe siècle, année où a priori nous serons tous morts, y compris les enfants qui naissent aujourd'hui, à moins qu'ils tiennent 132 ans, si je sais encore compter sur mes doigts !