Large Virage de Jean Morières
Par Jean-Jacques Birgé, mardi 26 février 2008 à 07:10 :: Musique :: #837 :: rss
J'avais trouvé rébarbatives les précédentes couvertures des compact-discs de Jean Morières, peu représentatives de sa finesse musicale. Dans le "blog papier" du prochain Muziq qui sortira en avril, j'ai écrit quelques mots sur son nouvel album, mais je crains que cette fois la taille de sa pochette ne corresponde pas au format de la revue et l'empêche encore d'être reproduite en illustration de l'article. Pourtant, pour Large Virage Jean a mis les bouchées doubles. D'abord il s'est inscrit en faux par rapport au marché du disque en produisant un vinyle, vous savez cette chose noire qui tourne sur son axe à trente-trois tours par minute, avec une dynamique hors pair et des petits bruits de surface. Je ne sais pas si le son est vraiment meilleur en analogique qu'en numérique, c'est un disque de flûte solo, mais il est certain que c'est vraiment plus agréable à tenir entre ses doigts. Ensuite il en a fait presser seulement trois cents exemplaires, mais là où il a passé la vitesse supérieure, c'est en demandant à l'artiste-peintre Marie Warscotte de réaliser cinquante ?uvres originales, numérotées et signées, sur les deux faces de la pochette intérieure. On avait coutume d'appeler cela une pochette qui s'ouvre. C'est rudement beau ! On dirait du fusain et du crayon qu'elle a méticuleusement recouverts de ruban adhésif, brillant sur mat du meilleur effet. Le disque tout blanc coûte 15 euros, ça les vaut puisque la musique est originale, raffinée, variée, intelligente et tendre à la fois. Les cinquante exemplaires ornés d'une création originale de Marie Warscotte coûtent 300 euros, c'est cher pour un disque, rien de scandaleux pour une ?uvre picturale de cette taille (60x30cm). La vie des musiciens n'est pas facile, mais que dire de celle des plasticiens ? La reproduction que vous pouvez admirer est le numéro 17, l'année d'une révolution, naissance de mon papa. C'est une bonne idée pour lutter contre toutes sortes de monstres marins : le piratage, la mocheté des boîtiers en plastoc riquiquis, la stupide notion de progrès, le cloisonnement des genres, les rapports sclérosés des sons et des images, que sais-je ? On peut écouter ou regarder l'un sans l'autre, ou se faire la totale, commencer par la page blanche du recto, lire les notes de pochette au dos et se laisser porter par le dessin tout en se laissant bercer par la zavrila, cette flûte unique que Jean s'est construite sur mesures.
Commentaires
1. Le vendredi 29 février 2008 à 16:45, par jjb
2. Le jeudi 18 septembre 2008 à 20:18, par rencontre
3. Le mercredi 1 décembre 2010 à 10:31, par Romain ( http://www.be2.fr )
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