Némo en latin signifie personne, comme lorsqu'il n'y a plus âme qui vive. Les films choisis pour la soirée inaugurale du Rendez-Vous Multimédia d'Arcadi semblaient sortir d'un passé techno qui n'aurait pas avancé d'un iota depuis la dernière décennie, succession de séquences insignifiantes (sans sens) et vierges d'émotion (sans cœur ni colère), essentiellement axées sur la performance technologique. Ce n'était pourtant pas le salon de l'électronique ? Pas la moindre trace féminine dans cette compilation nostalgique comme concoctée par une bande de vieux garçons qui auraient ressorti leur train électrique en interdisant leur chambre aux filles. La performance live de Ryoichi Kurokawa remonta un peu le niveau, mais le style aussi daté et post-apocalyptique que ce qui la précédait, ne pouvait donner le moindre soupçon de ce que nous réserve l'avenir. Pourquoi les nouvelles technologies doivent-elles forcément rimer avec ce galimatias graphique des plus éculés ?
La soirée avait pourtant bien commencé avec des discours inhabituels pour un lancement de Némo, soit la critique claire et nette de la politique gouvernementale en matière de culture en général et de multimédia en particulier, par Jean Chamaillé (secrétaire général d'Arcadi), Jocelyne Quélo (ECM Maison Populaire de Montreuil), jusqu'à Gilles Alvarez (directeur artistique de l'évènement) qu'on voit ici sous la seule image de chair aperçue hier soir. On la doit au jeune Professeur Nieto qui s'est amusé à écarteler un pauvre lapin pour former un X marquant ce Xème Rendez-vous en lui donnant un look SM qui en dit long sur le paragraphe précédent et le supplice engendré.
Tout cela est bien dommage, d'autant que Némo recèle bien des trésors insoupçonnables à la lumière des films projetés à l'Élysées Biarritz. Du 10 au 20 avril, à cet endroit, mais aussi au Cube d'Issy-les-Moulineaux et à La Bellevilloise (Paris XXe) sont présentés des dizaines de films expérimentaux, des documentaires sur John Cage, Scott Walker, Daniel Johnston, Sigur Rós, des installations multimédia et d'autres performances "live", des films en 3D pour les enfants, des workshops, etc.

P.S. : pour une approche plus positive, lire l'article d'Annick Rivoire dans Poptronics.