Encore perchés sur nos montagnes nous n'avons pu assister au solo pasolinien du contrebassiste Bruno Chevillon, mais malgré les bouchons de retour de vacances aoûtiennes nous sommes arrivés à Treignac en Corrèze à temps pour le concert d'Alphabet, projet du clarinettiste Sylvain Rifflet auquel participent le flûtiste Jocelyn Mienniel, le guitariste Phil Gordiani et le percusionniste Benjamin Flament. Concert plus tendre que la fois où nous les avions écoutés au Triton, l'acoustique de la salle des fêtes étant probablement responsable de ce feutrage… Rifflet, maître du slap au saxophone ténor, en donna une merveilleuse démonstration en rappel avec Tout dit de la chanteuse Camille. Nullement en reste à la flûte, Mienniel diversifie les techniques de jeu de son instrument en utilisant aussi l'over-blowing et le flatterzunge. La complicité des deux souffleurs produit des alliages de timbres épatants auxquels contribuent les cordes de Gordiani et les métaux de Flament pour peindre des arcs-en-ciel parfaitement adaptés aux délicats arpèges minimalistes et lyriques des compositions.


On y reviendra sérieusement prochainement, mais en France se dessine un véritable mouvement musical qui semble échapper à la critique professionnelle plus encline à se laisser endormir par la nostalgie et à valoriser des stars américaines décédées depuis belle lurette sous prétexte de faire vendre leurs canards moribonds. Un petit festival comme Kind of Belou qui sait choisir sa programmation parmi les acteurs les plus inventifs de la scène dite jazz va devoir s'intéresser à toute cette jeunesse montante qui allie virtuosité et imagination en se démarquant du modèle d'outre-atlantique.