J'ai d'abord pensé que Bribes 4 était au baloche ce qu'Albert Ayler était à la musique militaire. C'est le presqu'ensemble qui m'a ensuite séduit, très loin des unanimités du rock progressif ! La batterie exubérante de Yann Joussein sert de papier millimétré au duo d'origine, le saxophoniste Geoffroy Gesser et le pianiste-claviériste Romain Clerc-Renaud jouant des syncopes comme les enfants qui font semblant de s'évanouir.


Les effets électroniques de Joussein font glisser le timbre de l'orchestre vers une électroacoustique moderne tandis que la voix délicate ou trafiquée de la Suédoise Isabel Sörling popise le free jazz des improvisateurs dont les compositions semblent autant inspirées par la chanson française que par le soft power américain. Ici ou là la réverbération souligne les perspectives en créant des espaces dramatiques. Sur scène ils travaillent autant la lumière que le son. Bribes 4 ne craignent jamais d'être à contre-courant, leurs voix contradictoires constituant une musique homogène aussi héroïque que révoltée.

→ Bribes 4, CD, Coax Records, 12€