À la lumière du soir les arbres roussis se réfléchissent dans le pare-brise du 4x4 incendié. Les feuilles sont mortes, comme un automne précoce. Très précoce, ce début juillet ! Qui a fichu le feu aux deux bagnoles ? À l'une ou aux deux ? Effet de poudre ? C'est bizarre comme le fait que ce soit un 4x4 laisse supposer un règlement de comptes. L'incendie aurait pu mettre le feu à la maison de mon amie, mais à cet endroit seule la grille a cuit. Certainement pas l'inverse, ce ne peut en aucun cas être une simple cuite qui a grillé ce signe extérieur de richesse. Le fer forgé, c'est solide. L'arbre, c'est plus triste. Dans le verre sécurit, on voit l'œil du reptile, son noir désir, avec le Diable en sourcil.
En cette période estivale, lirais-je trop de romans policiers ? L'effet est certain, je me repose enfin. Après l'excellent Un lieu incertain de Fred Vargas, je me suis attelé au second volume de Millénium. Ce n'est pas très bien traduit, mais ça tient en haleine. La littérature policière a le mérite de réfléchir les mutations du monde dans lequel nous vivons avec particulièrement d'acuité. C'est le refuge de nombre de rebelles, comme les romans d'anticipation sont censés tirer les sonnettes d'alarme ou les autobiographies affirment de nouveaux pouvoirs.