Puteaux, RN13, 77 km/h ? Si je ne m'étais pas trouvé en Bretagne et si je n'avais été certain que la voiture dormait bien au garage à cette date, j'aurais payé sans faire attention la contravention pour excès de vitesse que me réclame la Préfecture de Police. Ce n'aurait pas été une première. J'aurais perdu quelques points sur mon permis et je me serais dit qu'un jour peut-être je devrais me passer d'automobile. Heureusement, mon planning me met la puce à l'oreille et j'appelle aussitôt le service compétent qui m'apprend qu'il y a de plus en plus d'usurpations d'immatriculation. Je dois donc aller déposer plainte pour "usurpation d'identité par usage de fausse plaque" auprès du commissariat le plus proche avant d'en envoyer copie en A.R. avec demande de photo.
Cette aventure me rappelle quelques déconvenues dont ont été victimes divers amis. L'un est poursuivi pendant des années pour les dettes d'un homonyme, un autre porte le nom d'un dirigeant du Front Islamique et après intrusion domestique armée décide de changer de patronyme, un troisième subit interrogatoire sur interrogatoire après qu'une voiture avec son numéro d'immatriculation ait participé à un hold-up ! C'est dire qu'il m'est impossible de me dérober à la visite au commissariat.
L'expérience la plus terrible dont je me souvienne est celle d'un ami de mes parents dont on avait volé l'automobile et qui en avait fait état auprès de la police. Le lendemain matin, alors qu'il doit prendre le train pour Bruxelles il retrouve sa voiture devant chez lui. Comme il est pressé, il file directement vers la frontière. Se souvenant que la déclaration de vol n'a pas été supprimée, il a la sagesse de faire un détour par le commissariat de Lille avant de se présenter à la douane. Bien lui en a pris. Les képis lui demandant s'il ne manque rien, il répond qu'il n'y avait rien de valeur. Ils lui suggèrent malgré tout d'ouvrir son coffre et là ils se retrouvent face à un macchabée roulé en boule ! En imaginant le contrôle douanier sur lequel il aurait pu tomber, notre ami photographe faillit se trouver mal. Il n'en fut pas moins inquiété pendant les mois d'enquête qui s'en suivirent.
Quant à moi, sept kilomètres heure au-dessus de la limite autorisée révèlent la supercherie et me feront vivre une visite instructive à un bureau de police, lieu surréaliste s'il en est. Mais ça c'est une autre histoire, définitivement pas la mienne.