Une fois de plus, me voilà en train de traduire tant bien que mal l'allemand de Rigobert Dittmann qui publie un long article sur Apéro Labo 4,
Tchak et Titres (Apero Labo 5) dans le numéro 126 de la revue Bad Alchemy.
JJB a réagi énergiquement au premier tour des élections législatives françaises. Quand la bête se réveille, la résistance s'impose, même si ceux qui s'opposent aux mauvaises nouvelles sont généralement trop peu nombreux. L'histoire oscille de crêtes en fosses, évidemment. Et outre l’inquiétude face aux politiques qui menacent de prendre le pouvoir, son souci majeur est l'état de la planète. Le danger fasciste, les intérêts des banques et du capital, continuent de menacer. Qu'adviendra-t-il de la Constitution, de la démocratie ? Tout est possible, le pire comme le meilleur, si l'IA puissance x s’en mêle. C'est pourquoi, face à la stupidité criminelle et suicidaire engendrée par le profit et la manipulation de masse, il faut rester éveillé et ne jamais baisser les bras.
Le 8 septembre 2024, JEAN-JACQUES BIRGÉ, de retour d'un voyage de cinq semaines en Amérique du Sud, a reçu de nouveaux invités au studio GRRR, pour Apéro Labo 4 (GRRR 3120, numérique), en se servant encore du jeu Oblique Strategies. Cette fois-ci avec FABIANA STRIFFLER, violoniste de rêve originaire de Schwäbisch Hall, faisant la navette entre Berlin et Paris en tant que compagne de jeu de Karsten Hochafel ou Daniel Erdmann, aussi au violon, sifflet, harmonica et avec sa voix. Et avec LÉA CIECHELSKI de Big Fish, Prospectus et Mije au saxophone alto, à la flûte et vocalement. Lui-même, aux claviers, trompette à anche, shahi baaja, Terra, Enner, relève les défis imposés par le hasard : 'Use an unacceptable colour' (résolu avec de drôles de timbres), 'Decorate, decorate' (avec glaçage de violon, ornement de flûte, et rythmique), 'Do nothing' (4e partie abrégée, passée à bavarder), 'Towards the insignificant' (l'insignifiant, émietté bruyamment, teinté en arrière-plan, avec cloches et sifflets), 'Discard an axiom' (oh là là, quel principe est rejeté dans cette orchestration psychorock ? ), 'Cut a vital connection' (drones sombres et chants curieux, découpés), 'Which elements can be grouped?' (répétitions et frottements, traits et abréviations, avec violon country), 'Is it finished ? (après de beaux solos d'alto et de violon, un accord de clavier, harmonica et souffle d'alto), 'Accretion' (vrombissement orchestral qui enfle, avec pizzicato, grattements, flûte, vocalisation à la VAK) et 'One each' (éraillé, quaker, violoniste, reniflant, JJB surréaliste avec synthé noise et hameçons).
Mais attention ! GRRR, apporte, via Klanggalerie, Tchak ! (gg477) des choses inouïes d'UN DRAME MUSICAL INSTANTANÉ. En 1998, 'Le silence éternel des espaces infinis m'effraie' évoque l'angoisse de Blaise Pascal dans le duo de Bernard Vitet au bugle et Jean-Jacques Birgé aux machines. En 2000, 'Stomp', 'Roots', 'Gaza' [en septembre 2000, le début d’une nouvelle guerre mondiale ? L'intifada qu’on appelle terroriste ?), '1936' [en juillet 1936, la guerre civile espagnole a commencé, l'artillerie tonne] et 'Vir-us' [le bug du millénaire] avec son beat obstiné We will Rock You et la trompette qui fait sonner la morosité, respectivement dans le Machiavel Quartet électro-groovy avec encore Philippe Deschepper trillant à la guitare et DJ Nem à la drum'n'bass, aux synthétiseur basse et breaks & scratches, tandis que JJB opère aux sampler, synthétiseur, hou-kin, varinette, trompette à anche et voix. 'Vi-rus', mixé en 2005 avec la voix de Mourchid Baco, est devenu 'Ça ira', le révolutionnaire 'Wir schaffen das', désormais mondialisé. 'Machiavel Meeting' fait encore mieux, en 1998 live au Glaz'Art, comme Anything goes en nonette machiavélique avec là en plus Yves Robert - trombone, Hervé Legeay - guitare, Didier Petit - violoncelle, Olivier Koechlin - contrebasse & Étienne Auger - groovebox.
Le 13 octobre 2024, Titres (digital) est l’Apéro Labo 5, avec HÉLÈNE DURET, originaire d'Orange, qui joue dans son trio Fur et son quintet Synestet avec Benjamin Sauzereau (Book Of Air), à la clarinette basse, clarinette et guitare. Avec ALEXANDRE SAADA de Madeleine & Salomon, qui est actuellement auteur-compositeur-interprète avec 'Yellow Horses' ou soul jazz avec Malia, chanteuse du Malawi, au piano, percussions et boîtes à musique. Et JEAN JACQUES BIRGÉ joue des claviers, Tenori-on, Terra, Enner, shahi baaja, cythares et trompette à anche. Cette fois en résonance avec des titres de livres proposés par le public : 'For Whom The Bell Tolls' (Hemingway) avec sonnerie tonitruante. 'The Grass Harp' (Capote), avec une cythare vacillante et chaloupée, et pulsion nostalgique. 'Agua Viva' (Clarice Lispector) avec embouchure crachotante, cloche exotique, boîte à musique, crécelle, piano, violoncelle fantôme, clarinette lyrique, chant de fantôme. 'Sein und Zeit' (Heidegger) avec des secondes qui tic-taquent, guitare, tintement ombragé, un petit train qui flâne, des gazouillis, de la poésie à la clarinette, un quasi silence. 'París no se acaba nunca' (Enrique Vila-Matas) avec boîte à musique mélancolique, piano sombre, clarinette basse qui couve, beat électrique, nuages électroniques et voix d'ordinateur. Vom Gehen im Eis' (Herzog), avec son électronique à deux tons, tintements répétés 'flûtés', cliquetis glacés, petites finesses de cythare, clés et piano intériorisé. Ainsi que 'Le rouge et le noir' (Stendhal), avec piano cahoteux et clarinette basse bourdonnante sur fond de groove électrique. Un jeu d'associations spontanées, d'espaces libres savamment exploités, de suggestions fantastiques. Un jeu à domicile pour Birgé en tant que rat de bibliothèque, qui, dans sa jeunesse, est passé de « Tintin » à « Demain les chiens » de Clifford D. Simak, puis à « L'or » de Blaise Cendrars comme premier livre 'sérieux' et finalement de « Bras cassé » et « Connaissance par les gouffres » d'Henri Michaux vers Cocteau, Ramuz, encore Cendrars, Schnitzler, Céline ? J‘ai toujours eu un faible pour les bandes dessinées, en gros depuis 50 ans, sous lesquelles plient les étagères, sur la photo je reconnais « Watchmen », « From Hell », « Cages », « Blast », « L'Incal », « Asterios Polyp », « Alpha » & « Beta » de Jens Harder... Après la grande exposition « Bande Dessinée » au Centre Pompidou début septembre, Birgé a ajouté « L'intranquille Monsieur Pessoa » de Nicolas Barral, « Feux » de Mattotti, « Idéal » de Baptiste Chaubard & Thomas Hayman, « Here » de Richard McGuire et « Stacy » de Gipi. Contemporain exemplaire en matière d'input cultivé et d'output créatif, musicalement sur GRRR, en paroles sur
http://www.drame.org/blog, JJB est un phare, un réconfort et une inspiration.