Nous n'avions pas imaginé que le nouveau système de transport parisien allait nous faire tant marcher... Mais commençons par le commencement. Après avoir testé l'engin avec la carte bleue, nous avons décidé qu'il serait plus simple de prendre un abonnement à l'année. Il suffit donc de glisser sa carte Velib' ou son Pass Navigo sur la borne et le tour est joué ! Pour 29 euros, nous pouvons ainsi emprunter une bicyclette et la rendre moins de trente minutes plus tard sans que cela nous coûte un centime de plus. Si nous risquons de dépasser la demie heure, nous cliquons le vélo sur une borne et nous le reprenons illico, passé quelques secondes. Même si nous voyageons le plus souvent avec nos propres engins, il est pratique de faire des sauts de puces à Vélib' aussitôt que nous nous promenons à pieds. Il n'y a pas trop d'hésitation à avoir, surtout qu'un ticket de métro à l'unité revient à plus d'un euro, une somme franchement prohibitive. Le seul problème est la disponibilité des deux roues aussitôt que l'on habite sur les hauteurs.
Ce jour-là, Françoise avait décidé de descendre en empruntant un Vélib' à la Porte de Ménilmontant. Il en restait, mais l'un avait le pneu arrière à plat et l'autre avait une roue qui ressemblait à un anneau de Möbius. Malgré ses chaussures à petits talons, elle prit son courage à deux mains comme on se saisit d'un guidon de montagne et décida de filer jusqu'à la station suivante qui n'était pas mieux garnie. Les cyclistes les prennent en haut la matin, mais les laissent le plus souvent en bas. Les services d'entretien ne regarnissent pas suffisamment ces stations désertées et particulièrement celles qui sont bien excentrées. Par contre, dans le Centre il devient difficile de trouver une place libre pour parquer son engin. À la sixième station où elle fait chou blanc, Françoise décide de prendre l'autobus, mais elle a déjà marché de la Porte des Lilas jusqu'au Père Lachaise ! C'est une bonne idée, d'autant qu'il se met à tomber illico des hallebardes. Arrivée au terminus du 61, elle glisse enfin sa carte sur une borne où les véhicules sont alignés comme des petits soldats, mais l'indicateur persiste à rester rouge. Elle appelle donc sur son portable le service responsable qui lui apprend qu'elle a bien rendu son Vélib' de la veille, mais qu'elle ne l'a pas cliqué convenablement !? La nuance peut sembler absurde. Il est rendu ou il ne l'est pas. Précisons que le préposé lui demande le numéro de la borne du vélo en plus de l'adresse de la station, ainsi que le numéro de son abonnement qui n'a pas été reporté sur sa carte Navigo. Elle devra attendre 24 heures avant le droit de réutiliser le système ! Le reste du parcours se fera donc encore à pieds. On lui promet que, comme c'est la première fois, elle ne sera pas sanctionnée financièrement.
Moralité : abonnez-vous, c'est beaucoup plus simple, gardez votre numéro d'abonné avec vous, déménagez dans le fond de la vallée ou levez-vous très tôt le matin, ayez de bonnes chaussures de marche, vérifiez l'état d'un vélo avant de l'emprunter, attendez bien que le voyant repasse au vert lorsque vous le rendez, j'en oublie certainement que mes lecteurs sauront compléter. Pendant ce temps, le mien s'excite à tourner tout seul sur place. J'avais bien annoncé en titrant que ce n'était qu'une histoire de sornette de vélo !