Françoise Romand termine le montage de son dernier long métrage commencé en 1999. Thème Je sortira enfin en DVD début 2011. Le multi-écrans du début me rappelle l'époque où les cinémas projetaient systématiquement un court métrage avant le grand film. Cette impression vient de la légèreté délicate de ces cartes postales animées où toute la famille Romand s'active à l'image des ruches du jardin. On reconnaît plus loin ce grouillement dans la pluie qui tombe ou les grains de poussière qui volent autour d'un index traversé par le soleil. Mais la comédie annonce les petits drames qui se préparent, et l'alternance des deux fabrique ce qu'il est convenu d'appeler une comédie dramatique. Le montage est la mise en scène de cette dialectique subtile entre des scènes provocantes, souvent par leur caractère sexuel, et la générosité qui se dégage de la nouvelle version tellement plus tendre que celles qui furent projetées dans divers festivals il y a quelques années, de Rotterdam à Jeonju en passant par New York, Créteil et Toronto. Les trente minutes supplémentaires, les effets spéciaux et les chansons donnent la sensation d'un film plus court alors qu'il dure maintenant 1h47.
Comme Françoise souhaitait ajouter quelques notes sifflées de L'Internationale sur son père évoquant les évasions de capitaux plus graves à ses yeux que celles des chiens et des canards, je suis obligé de la dissuader après avoir vérifié auprès de Jean Rochard, producteur des disques nato, que nous courions au devant d'ennuis. En effet, il me confirme que "les droits sont chez Harmonia Mundi jusqu'en 2017 à la suite d'un abracadabrant accord puis rachat de Melodya, la maison de disques unique de l'URSS au moment de la chute de cette dernière. Il est des pays où l'Inter est dans le domaine public mais pas en France (ce qui est un comble). De plus, si on le fragmente il faut l'accord de l'éditeur." Je me souvenais qu'il s'était lui-même heurté à ce problème. C'est complètement dément si l'on sait qu'Eugène Pottier l'écrivit en 1871 et que Pierre Degeyter, mort en 1932, en composa la musique en 1888. C'est encore plus absurde si les quatre premières mesures (thème et harmonies) ont bien été empruntées au final de l'opérette Les Bavards d'Offenbach, créée avec succès au théâtre des Bouffes Parisiens en 1863. La confiscation par les éditions du Chant du Monde serait d'autant plus scandaleuse. Sur quelles bases un tel accord a-t-il pu s'établir avec la Sacem qui fit un procès au cinéaste Pierre Merejkowsky parce qu’un personnage de son film Insurrection résurrection siffle pendant sept secondes l'hymne révolutionnaire adoptée par l'Union Soviétique, lui réclamant 1000 euros. Nous avons franchement mieux à faire qu'à nous battre contre des loups vains amants.