Comme je regarde toutes sortes de films, depuis les plus expérimentaux jusqu'aux blockbusters les plus éculés, je suis tombé sur le récent film d'Alex Garland, Civil War. Mon choix était lié au souvenir du génial film de Joe Dante, The Second Civil War, tourné pour la chaîne HBO en 1997. Dans les deux cas il s'agit d'une hypothétique guerre civile aux États Unis, mais celui de Garland est un film d'action sans aucune perspective politique autre qu'évoquer la peur d'éventuelles conséquences du duel Trump-Biden alors que celui de Dante est une satire aussi fine que drôle sur le rôle des médias.


Civil War ne donne aucune clef sur les raisons de la sécession quand le scénario de The Second Civil War était autrement plus élaboré, forte et drôlatique critique de l'Amérique comme toujours chez Dante : alors qu'une guerre nucléaire avait éclaté entre l'Inde et le Pakistan, Islamabad ayant été rayée de la carte, des milliers d'orphelins pakistanais, placés sous la protection d'une organisation non gouvernementale controversée, devaient être recueillis par les États-Unis ; or le gouverneur de l'Idaho, appuyé sur les milices d'extrême-droite, refusant d'accueillir son quota d'orphelins et honorant sa principale promesse de campagne, l'opposition à l'immigration, faisait sécession ! Le point commun aux deux films, et ce n'est peut-être pas un hasard, est la focalisation sur les journalistes qui couvrent l'évènement.


Pour en revenir au film d'Alex Garland, j'ai par contre trouvé que son portrait des reporters de guerre était hélas assez proche de la réalité, telle que j'en avais été témoin à Sarajevo pendant le siège, à savoir une sorte de soldats armés d'appareils-photos, têtes brûlées prêtes à tous les dangers pour rapporter le bon cliché. Je me souviens que les Bosniaques craignaient que l'un d'eux fasse du zèle, par exemple en sortant la tête d'une tranchée, risquant de les faire repérer. J'en avais même croisé un au petit déjeuner, portant deux gilets pare-balles l'un sur l'autre ! Ces baroudeurs, casse-cou machos, me faisaient toujours froid dans le dos. Le personnage principal jouée par une comédienne, Kirsten Dunst, n'y change évidemment pas grand chose. Si l'agence de presse audiovisuelle Point du Jour nous avait envoyés à Sarajevo, c'était justement parce que nous étions plus proches des poètes ou des philosophes que des habitués de la violence sur qui tout glisse comme sur une toile cirée. Cela explique aussi que j'en ai pris plein la gueule et qu'il me fallut un an pour m'en remettre.