lundi 3 juillet 2006
Kimmo Pohjonen, accordéoniste finlandais
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 3 juillet 2006 à 10:56 :: Musique
Je suis impressionné la première fois que j'entends et vois Kimmo Pohjonen dans le spectacle de Marita Liulia, Manipulator, au Musée Kiasma d'Helsinki en 2002. Avec son accordéon amplifié, Kimmo retient une énergie énorme qu'il laisse s'échapper doucement mais sûrement jusqu'au paroxysme. Le spectacle dure trois fois huit heures, trois jours de suite. Punk en jupe aux côtés de la danseuse de Buto, Aki Suzuki, leurs deux corps se fondent dans les peintures interactives de Marita qui projète en miroir sur la scène et sur le sol les manipulations qu'elle fait subir à leurs images. Le tout est retransmis en direct sur le Web.
J'ai parlé ici de la seconde fois, le mois dernier à la Cartoucherie de Vincennes, lorsque Kimmo improvisa avec les danseurs-chorégraphes Tero Saarinen et Carolyn Carlson. Entre ces deux représentations, lors de l'Europa Jazz Festival 2005 du Mans, j'avais acheté le CD Uumen (ZENCD 2100), duo avec le batteur Éric Échampard. L'art de Kimmo, force de la nature nordique, est de passer imperceptiblement d'une ambiance à une autre. Échampard joue comme d'habitude de ses airs de funambule, renvoyant au Finlandais un écho rythmé et léger à ses épais clusters.
Hier, je prends enfin le temps de regarder le DVD Kalmuk que Marita m'a offert. Le soliste l'a composé en imaginant l'orchestre de chambre Tapiola Sinfonietta comme l'extension du soufflet de son accordéon. Les images du DVD, mélange d'eau, de feu et d'extraits de vieux films, sont souvent très belles, mais elles tirent la musique vers un new age qui ne lui profite pas à mes yeux. Question de goût. La symphonie de Kimmo finit par sonner comme la musique d'un film holywoodien à la Conan le Barbare. Retour aux sources, le Nord, les études classiques… L’ensemble est trop propre par rapport aux improvisations habituelles du Finlandais qui traite en temps réel sa voix et son accordéon avec toutes sortes d’effets de réinjection… Le DVD Kalmuk (LILDVD-16, stéréo ou 5.1) propose aussi un long et passionnant interview, des extraits biographiques comme probablement son premier passage à la télévision finlandaise lorsqu'il avait 19 ans... Projet généreux qui montre bien l'ouverture d'esprit du compositeur, il devrait enthousiasmer les fans de rock symphonique et du travail de Kimmo en général. Plus contemporain, Uumen plaira aux amateurs d’improvisation structurée.